L'ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé mardi aux Nations unies de renforcer la protection des civils en Centrafrique, au lendemain du retrait officiel de la France qui laisse les Casques bleus en première ligne face à la violence des groupes armés.
La Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, 12.500 hommes) et HRW ont respectivement publié lundi et mardi un rapport revenant sur les violences dans la région de Kaga Bandoro (centre) mi-octobre.
L'attaque lancée par des miliciens de la Séléka, principalement musulmans, a fait 37 morts et entraîné le déplacement de milliers de personnes, rappellent les deux rapports.
"Les Nations unies devraient de toute urgence déployer plus d’effectifs dans la région centrale instable, renforcer leurs patrouilles et, en vertu du mandat de la mission, garantir un usage approprié de la force pour protéger les civils face à une menace imminente", écrit HRW.
"Des témoins ont raconté que les Casques bleus n’ont pas empêché une soixantaine de membres armés de la Séléka de traverser un pont surveillé par l’ONU et d’attaquer les civils, même si certains ont ultérieurement ouvert le feu et tué 12 membres de la Séléka", détaille l'ONG.
Dans son propre rapport, la Minusca avait indiqué que ses forces "ont pris des mesures pour protéger les civils pendant la crise et ont aidé à fournir une aide humanitaire, y compris de la nourriture, de l’eau et des soins de santé aux personnes déplacées internes".
"La Minusca recommande au gouvernement centrafricain de donner la priorité à la lutte contre l’impunité des abus graves des droits de l’homme commis récemment et dans le passé à Kaga Bandoro", ajoute son rapport.
HRW demande aussi que "le gouvernement national, les Nations unies et les bailleurs de fonds" de la Centrafrique soutiennent davantage "la cour pénale spéciale" qui doit enquêter sur les violations des droits de l'homme depuis le début du conflit en 2013.
La France a officialisé lundi la fin de son opération militaire Sangaris lancée en décembre 2013 pour stopper les massacres de masse entre rebelles de la Séléka et miliciens anti-balaka, majoritairement chrétiens, après le renversement du président François Bozizé en mars de la même année..
Le retrait de la France inquiète beaucoup de Centrafricains alors que de nombreux chefs de guerre sont encore actifs et que le pays a connu un regain de violences meurtrières au cours des derniers jours.