Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, en visite lundi à Abidjan, s'est voulu rassurant sur la sécurité pour attirer les donateurs et bailleurs de fonds dans son pays.
"Les dispositions sont prises pour aider, renforcer la force Minusca" des Nations unies qui doit assurer seule la protection des civils après le départ de la force française Sangaris, entériné officiellement le 31 octobre, a affirmé à la presse M.Touadéra.
Il a rappelé que la France restait militairement présente avec "200 à 350 hommes", une "unité technique de drones déployée d'ici janvier" et des formations militaires pour une armée nationale quasi-inexistante.
Son pays peine à se relever du chaos engendré par une longue série de massacres communautaires commencés après le renversement en 2013 du président François Bozizé par les Séléka, essentiellement musulmans, qui avait entraîné une contre-offensive des rebelles anti-balaka principalement chrétiens.
Le président centrafricain a été accueilli par son homologue ivoirien Alassane Ouattara mais devait aussi rencontrer dans l'après-midi les dirigeants de la Banque Africaine de développement (BAD) pour leur présenter "un programme intégré (d'appels de fonds) qui concerne tous les aspects (du plan de sortie de crise) et qui sera présenté aux partenaires", a-t-il dit, sans vouloir donner d'indications chiffrées.
"Nous sommes venus discuter avec la BAD pour soutenir la stratégie que nous présentons aux bailleurs (...). Il faut mobiliser pour le DDR (Désarmement, démobilisation réinsertion), la restructuration de nos Forces de défense, la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Ca nécessite des ressources", a-t-il ajouté.
"Nous allons bientôt à la conférence des donateurs- bailleurs à Bruxelles. La crise centrafricaine qu’on a voulu transformer en crise confessionnelle est d’abord un problème de sous-développement, et donc l’apport de certains bailleurs partenaires (...) pourrait aider au relèvement du peuple centrafricain", a poursuivi M. Touadéra.
Il a ensuite mis l'accent sur le nécessaire développement agricole dans son pays, l'un des plus pauvres du monde, essentiellement rural.
"80% des centrafricains vivent dans l’arrière-pays et l’activité principale c’est l’agriculture. Beaucoup d'infrastructures ont été détruites. Il nous faut reconstruire les routes et aussi aider les paysans à avoir des intrants, des outils et les aider à pouvoir acheminer le produit après les récoltes", a-t-il plaidé, ajoutant que des écoles et des puits ont été détruits pendant les combats.
Touadéra, qui a assuré vouloir apprendre du processus de DDR réussi en Côte d'Ivoire, a confié que le président Ouattara avait donné son accord pour que des militaires centrafricains intègrent les "académies" ivoiriennes.
Le retrait militaire de la France inquiète beaucoup de Centrafricains: de nombreux chefs de guerre sont encore actifs et le pays a connu un regain de violences meurtrières au cours des derniers jours.
Le Président centrafricain s’inspire du modèle de sortie de crise de la Côte d’Ivoire avec Ouattara
APA-Abidjan (Côte d’Ivoire) 07/11/16 - Le chef de l’Etat centrafricain, Faustin Archange Touadéra séjourne à Abidjan, pour s’inspirer du modèle de sortie de la crise ivoirienne et solliciter le lobbying de son homologue ivoirien pour le financement d’un programme intégré post-crise, a annoncé, lundi à Abidjan, M. Touadéra.
« Nous sommes venus parler au Président Alassane Ouattara qui a une voix qui porte et également discuter avec la Banque Africaine de Développement (BAD) pour soutenir la stratégie pour le relèvement de la Centrafrique qui a plusieurs programmes », a expliqué le Président Faustin Archange Touadéra, au terme d’un entretien à Abidjan avec le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara.
Selon le Président centrafricain, les priorités de son pays demeurent « le processus de Désarmement Démobilisation de Réinsertion (DDR), de réconciliation, de cohésion sociale et la restructuration de l’armée » pour lesquels «il faudrait mobiliser les ressources ».
« La crise que nous avons connue est aussi un problème de développement. Nous avons aussi une stratégie de relèvement. Tout ce dispositif figure dans une stratégie que nous allons présenter aux bailleurs », a-t-il ajouté.
Faustin Archange Touadéra a regretté le retrait de la force militaire française baptisée Sangaris, « que nous avons déploré à un moment », mais se dit rassuré par le maintien de 200 à 300 personnes de même que des drones d’observation.
La République de Centrafrique a été éprouvée par une crise enclenchée en mars 2013. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA ), cette crise a conduit au déplacement de plus de 438 000 personnes à l'intérieur du pays et forcé plus de 423 000 personnes à fuir le pays pour rejoindre le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo et la République du Congo.
En 2016, la moitié de la population, soit 2,3 millions de personnes, dépend toujours de l'aide humanitaire. Environ 800 000 personnes sont déplacées ou réfugiées et 2 millions touchées par l'insécurité alimentaire. Plus de 50% des services de santé sont aujourd'hui assurés par les ONG et 800 000 enfants n'ont pas accès à l'éducation. Une réunion des donateurs est prévue dans les prochains jours à Bruxelles en Belgique.