Pour comprendre la descente aux enfers de la République Centrafricaine, il faut évoquer, succinctement, l’histoire de l’Oubangui-Chari.
Car, si, de nos jours la Centrafrique est un pays lourdement handicapé en matière de développement, c’est à cause de l’administration coloniale, confiée, le plus souvent, à des colons arrogants et paternalistes. On n’envoyait pas en Oubangui-Chari l’élite, le gratin. On y envoyait le lumpenprolétariat, celui qui, sur place se considérait comme supérieur aux Noirs. Avec des droits de cuissage, de vie et de mort sur les Oubanguiens. Ceux-ci furent alors infantilisés et déresponsabilisés. « Ce sont de grands enfants, n’est-ce pas ? » répétaient certains colons du haut de leur paternalisme.
La France, puissance coloniale, divisa le pays en parcelles, qu’elle attribua à des sociétés concessionnaires qui eurent le droit d’y faire ce qu’elles voulaient. Elles devinrent, par la suite, adeptes de « la chicotte » et du travail forcé. Rappelons, par exemple, que pendant la construction du chemin de fer Congo-Océan, on compta 2 morts oubanguiens par traverse...
La culture du coton, du café, du sisal fut décrétée obligatoire, au détriment de l’agriculture vivrière, donc biologique.
Il faut rappeler que beaucoup d’Oubanguiens donnèrent leur vie pour défendre la France en danger. Georges Koudoukou, Jean-Bedel Bokassa, pour ne citer que ceux-là, étaient des officiers oubanguiens, qui gagnèrent leurs galons sous le drapeau français et au front.
Administré comme un comptoir colonial, l’Oubangui-Chari était donc devenu un pays de cocagne pour les aventuriers européens de tout poil. Les Français qui tenaient l’administration s’étaient désintéressés de l’économie formelle et informelle comme du développement industriel. C’était les Portugais et les Grecs qui avaient la main haute sur le tissu économique de la colonie. Ajoutons que les établissements scolaires et d’études supérieures étaient rarissimes, ce qui empêchait les jeunes générations d’accéder aux connaissances nécessaires pour trouver leur place dans la société.
Ce sont tous ces éléments qui ont entraîné le surgissement d’une République Centrafricaine chaotique.
DE L’OUBANGUI-CHARI A LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Après l’indépendance, la France a gardé une main haute sur la nouvelle République Centrafricaine. Le pays est passé du statut colonial à la mise sous tutelle.
L’économie, l’administration et le développement sont contrôlés par l’ancienne puissance coloniale. La France installe au pouvoir des roitelets à la fois soumis et prédateurs. Elle aide Jean-Bedel Bokassa à chasser du pouvoir son cousin David Dacko. Mais, après les turpitudes sanguinaires du premier, devenu Bokassa 1er, Empereur de Centrafrique, elle réinstalle Dacko dans ses prérogatives. Par la suite, la France a toléré et peut-être favorisé les coups d’état anti-démocratiques qui se sont succédé, fomentés par des membres de l’élite civile ou militaire. Il s’agissait le plus souvent d’individus dépourvus de tout sens patriotique, développant une appétence féroce à l’argent et manifestant un égo surdimensionné, au détriment du peuple qui sombrait inexorablement dans une misère sans fond.
Les mauvaises graines étaient donc semées. Il suffisait d’attendre leur germination pour obtenir le Centrafrique d’aujourd’hui : un arbre aux fruits empoisonnés...
L’ESPOIR: LA JEUNESSE ET LA GENERATION A VENIR
Malgré le chemin boursouflé d’enfers, malgré le chaos et les menaces des mercenaires qui convoitent leur territoire, la jeunesse centrafricaine est là, prête au combat pour relever le pays et laver l’honneur de la Nation. Le pouvoir actuel doit absolument l’associer à la nouvelle gouvernance. Car l’Union sacrée ne doit exclure personne et surtout pas les jeunes. Ce sont eux qui feront la nouvelle Centrafrique. De toutes les façons, un pouvoir qui n’associe pas sa jeunesse à la gestion du pays et qui ne lui donne pas de perspectives est un pouvoir en sursis.
La jeunesse centrafricaine d’aujourd’hui ne connaît ni le passé sombre de la colonisation, ni l’indépendance fictive avec ses dirigeants prédateurs, incompétents et corrompus. Prenant conscience de la nouvelle Afrique, elle luttera farouchement contre tous ceux qui veulent perpétuer l’asservissement du peuple et le pillage de son continent.
A l’instar des jeunes de toute l’Afrique, elle semble prête à initier son « printemps arabe » pour instaurer la démocratie et une bonne gouvernance, seules capables de garantir la véritable indépendance de son pays.
A. DE KITIKI