Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Centrafrique    Publicité
aBangui.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Centrafrique : Ernest Mizédjo critique l’inaction du gouvernement dans le procès Ogwen
Publié le mardi 13 decembre 2016  |  Centrafique Actu
Comment




Bangui, le Député d’Obo, Ernest Mizédjo a critiqué l’inaction du gouvernement dans le procès de Dominique Ogwenpar la Cour Pénale Internationale. Il demande au pouvoir de Bangui de faire pression sur les forces ougandaises et américaines à éradiquer le phénomène LRA qui écume le Mbomou et le Haut-Mbomou. Position tenue lors d’une interview accordée au RJDH ce 12 décembre à Bangui.

RJDH : Honorable Ernest Mizédjo Bonjour !

EM : Bonjour monsieur le journaliste.

RJDH : Dominique Ogwen, l’un des principaux lieutenants de la LRA comparait en ce moment à la Haye. A,lors vous qui êtes Député d’une région où la LRA a commis des crimes et continue de sévir, comment réagissez-vous à sa comparution ?

EM : Je vous remercie monsieur le journaliste. Cette comparution devrait nous réjouir puisqu’il a perpétré beaucoup de massacres dans notre pays et principalement dans le Haut Mbomou et le Mbomou. Mais seulement, la déception que nous avons est que parmi les charges.Sur les 70 chefs d’accusations retenus contre lui, aucun ne concerne la République Centrafricaine. Ces chefs d’accusations concernent les faits et les massacres qui ont eu lieu de 2002-2005 au nord de l’Ouganda.Tout simplement parce que notre gouvernement est laxiste depuis que la LRA est sur le territoire centrafricain.Pour rappel, je dirai que la LRA est entrée sur notre territoire le 26 février 2008 par Bambouti à la frontière avec le Sud Soudan et est entré à Obo dans ma circonscription le 6 mars 2008.Depuis ce jour, la LRA sévit en RCA dans le Haut Mbomou, dans le Mbomou et la Haute Kotto au vu et au su de tout le monde. Ce mouvement armé a sévi sous Bozizé en ce temps-là, le Président actuel de la République Centrafricaine, le Pr Faustin Archange Touadera était Premier ministre et chef du gouvernement deBozizé. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas de disposition et réaction claires du gouvernement par rapport à cette situation.

RJDH : Vous dites « « qu’il n’y a pas de réaction claire », ne pensez-vous pas que sur les 70 chefs d’accusation qui n’impliquent pas le cascentrafricain, ce n’est pas parce que le gouvernement centrafricain s’est rétracté pour qu’on en arrive là ?

EM : J’allais justement arriver là! Parce que, si parmi les 70 chefs d’accusation, il n’y a rien qui concerne les massacres perpétrés sur le territoire centrafricain depuis 2008, c’est tout simplement parce que le gouvernement centrafricain j’allais le dire n’a pas déposé une plainte clairement à la Cour Pénale Internationale (CPI) contre Joseph Kony et la LRA. Ce qui se passe aujourd’hui c’est par rapport à la plainte que le gouvernement ougandais avait déposé en 2005 contre Joseph Kony et la LRA et en ce moment-là, un mandat d’arrêt international avait été émis contre Dominique Ogwen, Kony et les autres seigneurs de guerre. Et c’est par rapport à cela que le procès d’aujourd’hui se tient, mais la RCA n’a pas déposé une plainte contre Kony.

RJDH : Il n’est pas tard de rattraper cela.Pensez-vous que le gouvernement à une carte à jouer pour charger encore Dominique Ogwen ?

EM : Oui, si je le dis aujourd’hui c’est justement parce que je voudrais exhorter le gouvernement à réagir maintenant et à déposer plainte. Aux dernières nouvelles, lorsque j’ai essayé d’investiguer sur la situation. Et il ressort qu’aujourd’hui, il y a des investigations qui se font dans les zones qui ont été touchées par la LRA. Ce sont des documents que nous sommes en train de collecter.

Mais je pense qu’en attendant, on peut déjà instruire une plainte, cela fait déjà plus de 8 ans que Kony sévit sur le territoire centrafricain. Je crois qu’on a suffisamment de preuves qui peuvent accabler ce groupe rebelle. Mais ce qui m’étonne c’est le silence du gouvernement face à cette situation. Je vous assure que le gouvernement n’en parle pas.C’est comme si la RCA n’existait pas sur le territoire centrafricain. Nous en parlons, nous sommes touchés, nos parents sont kidnappés, massacrés, nous en parlons. Nous avons l’impression que le gouvernement ne veule pas qu’on n’en parle et n’en parle pas non plus. Tout porte à croire qu’il y a un business derrière la LRA sur le dos des centrafricains.Donc, j’exhorte le gouvernement qu’il se ressaisisse et profite de la situation actuelle et dépose plainte contre Joseph Kony et ses seigneurs de guerre.

RJDH : Justement au sujet de la LRA, deux forces internationales se trouvent dans la localité pour traquer Joseph Kony. Il s’agit des forces américaines et ougandaises. Alors quel est l’inventaire de ces forces dans la région quelle appréciation faites-vous de leurs bilans ?

EM : les ougandais sont arrivés chez nous après avoir traqué Joseph Kony et ses hommes depuis l’Ouganda. Ils ont traversé le Congo Démocratique, le Sud Soudan et ils atteints la RCA. Evidemment, s’il y avait un suivi, je pense que le phénomène de la LRA serait déjà vaincu. Il n’était pas question que les ougandais viennent s’éterniser ici chez nous. Et aujourd’hui, vous le savez, il y a des exactions qui sont perpétrées par les éléments de l’Armée ougandaise sur la population. Encore, vous savez qu’un projet comme celui-là, plus il dure, plus il y a des conséquences sur la population. Aujourd’hui, il est question qu’on mette fin au phénomène de la LRA pour que la population puisse vaquer librement à leurs occupations.

En 2014, il y a eu une décision de l’Union Africaine qui chapote aujourd’hui les activités des militaires ougandais chez nous, parce que finalement c’est la RCA, le Congo Démocratique, le Sud Soudan et l’Ouganda soutenus par l’Union Africaine qui luttent contre cette rébellion ougandaise. Maintenant, depuis le 14 octobre 2011, le président Barack Obama avait décidé d’associer les américains à cette lutte-là. Et les américains devraient venir pour nous donner un apport technique à nos militaires.

RJDH : Mais beaucoup de centrafricains accusent ces troupes étrangères d’exploiter les ressources naturelles dans la localité.

EM : C’est ce que je disais tout à l’heure. Plus un projet comme celui-là dure, plus, il y a des conséquences sur la population locale.Car, ces gens arrivent, au début, ils sont là pour une mission. Après trois mois, ils commencent à s’habituer et à se renseigner sur ce qui se fait dans la localité, ils commencent à savoir quelles sont les richesses du coin et avoir des tentacules etc., et cela aboutit à ce que nous connaissons aujourd’hui. Et effectivement, ce sont les ougandais et les américains qui maitrisent nos brousses, nous on ne maitrise plus et nous ne savons plus ce qui se passe exactement. On ne sait pas ce qu’on exploite dans nos brousses, il y des avions qui décollent et qui atterrissent, il y a au moins dix vol par jour à partir d’Obo et on ne sait pas ce qui se passe. On ne nous a jamais montré le corps d’un Tongo-Tongo que les américains, les ougandais ou une quelconque force ont eu à maitriser où à tuer.

Alors, nous ne comprenons pas ce qui se passe exactement. Ce que nous voudrions, c’est qu’on mette fin à ce phénomène-là parce que cela joue négativement sur nous. Que ce soient les américains, ougandais, il faut que le gouvernement mette la pression sur eux et qu’ils mettent fin à cela, on ne peut pas rester-là dedans et que les centrafricains qui sont dans cette partie puissent vaquer librement à leurs occupations.

Aujourd’hui, on demande aux populations qui sont agricoles de ne pas aller au-delà de cinq kilomètres. Dites-moi, comment ces gens-là vont vivre ?

Où est ce qu’ils vont trouver la terre arable pour cultiver en plein centre-ville ? Ce n’est pas possible !

Généralement ils vont au-delà de dix ou quinze kilomètres dans la brousse pour cultiver mais aujourd’hui ce n’est plus possible. On est asphyxié, pris en otage sur notre propre territoire et dans nos propres villes. Que le gouvernement agisse vite pour y mettre fin et parallèlement, il faut qu’une plainte soit déposée en bonne et due forme par l’Etat Centrafricain pour qu’après ce procès qui est relatif à la plainte déposée par l’Ouganda, qu’on emboite le pas pour qu’on juge Kony et ses acolytes par rapport aux massacres perpétrés sur le territoire centrafricain.

RJDH : Quelles sont vos attentes de l’issue de ce procès ?

EM : Que le verdict soit un exemple et que cela fasse école pour que tous ceux qui sont dans la même situation que Dominique Ogwen puisse quand même comprendre qu’il y a une justice qui existe sur cette terre, même s’ils ont échappé à la justice de chez eux en Ouganda, ils peuvent être rattraper par la CPI. Nous attendons un verdict exemplaire !

RJDH : Honorable Ernest Mizédjo je vous remercie !

EM : c’est moi qui vous remercie.

Propos recueillis par Jean Fernand Koena

RDJH
Commentaires


Comment