En République Centrafricaine, l’unité thérapeutique gérée par Action contre la Faim est bondée d’enfants atteints de la forme la plus sévère et mortelle de la malnutrition : ici les enfants sont trop malades pour jouer, trop faible pour pleurer. Environ 700 décès par an sont liés à la malnutrition en République centrafricaine. Les unités de nutrition sont des lieux d’espérance. L’an dernier, 80% des enfants référés dans les centres pris en charge par l’ONG ont récupéré et sont rentrés chez eux.
Le traitement communautaire est efficace lorsque les communautés sont équipées avec les produits adéquats comme les aliments thérapeutiques, et permet d’atteindre les enfants vivant dans les zones les plus marginalisées au cœur de conflits. Mais lorsque la maladie est extrêmement grave et compliquée par une infection, un traitement hospitalier avec la supervision de médecins et d’infirmières est la seule option.
Clémence a deux ans et ne pèse que 5,5 kg. Elle a été admise dans l’unité de nutrition intensive de l’hôpital pédiatrique de Bangui, la capitale. Il y a quelques semaines, Clémence était une enfant forte et joyeuse jouant dans les rues près de chez elle. Tout a changé quand elle a attrapé le paludisme et a perdu l’appétit en luttant contre la fièvre. Affaiblie par la maladie, elle a vite été prise de diarrhées puis a rapidement perdu du poids, au point que ses parents très inquiets l’ont amenée à l’hôpital, où ils ont appris que leur enfant souffrait de malnutrition sévère menaçant le pronostic vital.
Pour Anita, nourrir sa fille n’a pas été facile, car nourrir un enfant malade est un processus très lent et délicat, et Clémence avait des difficultés à avaler. Anita avait bon espoir que sa fille recouvre la santé et retrouve son appétit pour pouvoir rentrer chez elles. Des signes encourageants montraient que l’enfant allait mieux. Pourtant, la petite Clémence est morte quelques jours après.
Sa mère avait tout fait pour sauver la vie de sa fille mais dans un pays en conflit, avec des taux élevés de maladie, il était impossible pour les parents de construire le cadre qui permettrait de combler les besoins fondamentaux pour vivre : la nourriture et l’eau, et l’accès aux soins de santé à temps. Comme beaucoup de mères du monde entier, Anita n’a pas pu empêcher que son bébé connaisse des épisodes réguliers de paludisme qui a affaibli son organisme, puis conduit à la dénutrition.
La République centrafricaine a connu des niveaux élevés de violence qui ont dévasté son système de santé, de sorte que seuls quelques centres de référence sont accessibles. Seuls quelques travailleurs de la santé savent détecter les premiers signes de malnutrition et obtenir un traitement. Action contre la faim travaille avec les communautés, les donateurs et les médecins à détecter les enfants longtemps avant qu’ils ne soient sévèrement malnutris, et étend le travail et le traitement dans les communautés afin que les enfants souffrant de malnutrition aient les meilleures chances de guérison.
Malgré tous nos efforts et beaucoup de progrès récents, trop d’enfants ne survivent pas à la malnutrition. L’histoire d’Anita et Clémence rappelle cette injustice, et réaffirme la nécessité de continuer la bataille dans le monde entier, jour après jour.
Par Ignace SOSSOU (Avec ACF)