YAOUNDE -- La croissance économique au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) a plongé au quatrième trimestre 2016 et s'établit à environ 1%, révèle une estimation de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC).
Les prévisions précédentes étaient de 1,7% en octobre, un taux resté presque constant depuis le début de l'année et révélateur d'une tendance au repli inédite due selon la banque centrale à la persistance à la baisse des prix des matières premières dont le pétrole, la principale source de revenus des pays de la région.
C'est encore l'argument invoqué dans la nouvelle analyse de la BEAC faisant état d'"une décélération de la croissance économique, plus prononcée qu'initialement prévu, en liaison avec les effets dépressifs de la morosité du secteur pétrolier sur la demande intérieure et sur le secteur non pétrolier".
"Sur la base des prévisions mises à jour, l'année 2016 serait caractérisée par : un repli de la croissance économique autour de 1,0% ; une reprise des pressions inflationnistes, avec un taux d'inflation se situant au niveau de la norme communautaire de 3,0%", souligne un communiqué de presse publié au terme d'une réunion de la banque centrale régionale mardi à Yaoundé, son siège.
C'est l'une des principales conclusions de la quatrième et dernière session ordinaire annuelle du comité de politique monétaire de la banque.
Selon les travaux présidés par l'Equato-guinéen Lucas Abaga Nchama, le gouverneur sortant de la BEAC qui cèdera sa place en janvier au Tchadien Mahamat Abbas Tolli, ces contrecoups se traduisent aussi par "la persistance du déficit budgétaire ; un léger repli du déficit extérieur courant et une situation monétaire qui se solderait par un taux de couverture extérieure de la monnaie d'environ 50%".
La CEMAC est composée du Cameroun, du Congo-Brazzaville, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine (RCA) et du Tchad, tous producteurs et exportateurs nets de pétrole, à l'exception de la RCA, qui tente d'ailleurs de sortir d'une grave crise sécuritaire et humanitaire.
Mais en dehors du choc pétrolier, la région est aussi confrontée au terrorisme lié aux attaques de la secte islamiste nigériane Boko Haram au Cameroun et au Tchad.
En 2015, elle avait enregistré une croissance de 2,8%, en baisse de deux points par rapport aux 4,8% réalisés l'année précédente, selon les estimations de la BEAC, qui annonce avoir décidé de maintenir inchangé à 2,45% son taux directeur, afin de soutenir le financement des économies nationales en mal de ressources.
Restent aussi inchangés, le taux d'intérêt des appels d'offres puis les coefficients de réserves obligatoires et leur taux de rémunération, fait savoir en outre la BEAC.