Les juges ont terminé la première enquête sur les soupçons de viols commis par des soldats français en Centrafrique.
L’information judiciaire, close le 20 décembre, n’a débouché sur aucune mise en examen. Deux autres enquêtes, portant également sur des allégations d’abus sexuels impliquant des militaires français déployés dans ce pays, ont été ouvertes par le parquet de Paris: l’une a été classée sans suite le 25 novembre et l’autre est toujours en cours, selon la même source.
La justice française avait ouvert une enquête au mois d’avril 2016. Précédemment, un rapport des Nations Unies avait été transmis au ministère de la Défense mettant en lumière des soupçons d’exploitation et d’abus sexuels à l’encontre de la population centrafricaine.
En octobre dernier, la France a mis fin à l’opération Sangaris en Centrafrique. Elle avait débuté en décembre 2013 et avait pour objet de mettre fin au violence entre communautés dans le pays.
Viols en Centrafrique: la justice ne trouve pas de preuve contre les soldats français
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 03/01/2017 à 20:48 , mis à jour à 22:50
Une enquête menée par le Parquet de Paris sur des accusations de viols concernant des soldats français de la force Sangaris en Centrafrique n’a pas permis d’établir les faits. Une autre enquête est toujours en cours.
C’est une affaire qui risque d’être désastreuse pour l’image de l’armée française, et pour laquelle François Hollande a promis d’être "implacable." Les soupçons de viols commis entre décembre 2013 et juin 2014 par des soldats français de la force Sangaris sur des enfants centrafricains semblent pourtant difficiles à étayer.
Les juges d’instruction français ont terminé leurs investigations dans l’une des enquêtes ouvertes, a appris ce mardi l’AFP de source judiciaire. L’information judiciaire, close le 20 décembre, n’a débouché sur aucune mise en examen.
A Bangui, une dizaine d’enfants ont témoigné
Dans ce dossier, six militaires ont été entendus, dont un en garde à vue. Ils ont dit avoir donné des rations alimentaires à des enfants du camp de déplacés de M’Poko, près de l’aéroport de Bangui, mais nié tout abus sexuel. Les enquêteurs ont recueilli le témoignage d’une dizaine d’enfants, mais les investigations n’ont pas permis de corroborer matériellement les accusations, selon une source proche de l’enquête.
Une note confidentielle de l’ONU révélée en 2015 par le Guardian faisait état de six témoignages, ceux de quatre enfants se disant victimes et de deux témoins de faits. Mais d’autres enfants se sont signalés depuis et ceux qui se disaient témoins se sont ensuite déclarés comme victimes, selon une source proche de l’enquête.
Encore trois mois avant les réquisitions du parquet
La fin des investigations dans le premier dossier ouvre un délai de trois mois durant lequel les parties peuvent demander des actes d’enquête, avant les réquisitions du parquet et une décision définitive des juges. Faute de mises en examen, le dossier pourrait s’acheminer vers un non-lieu.
Une autre enquête a été classée sans suite le 25 novembre, signale la même source judiciaire. Elle concernait le cas d’une jeune fille qui s’était dit victime d’un viol à l’été 2014 avant d’évoquer un rapport consenti non protégé.
Une troisième enquête toujours en cours
Par contre une troisième enquête sur des soupçons d’agressions sexuelles sur trois mineures, entre 2013 et 2015, à Dékoa dans le centre du pays, est toujours en cours. Mediapart publie ce mardi une enquête sous le titre "Les exactions impunies de l’opération Sangaris" en rapportant plusieurs témoignages de victimes qui affirment avoir subi des abus sexuels de la part de militaires français, dans plusieurs régions de Centrafrique, notamment à Bangui.
Dans un contexte de lourds soupçons d’abus sexuels pesant sur des militaires étrangers basés dans ce pays très pauvre ravagé par les conflits, d’autres accusations ont été portées contre des Casques bleus de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Une enquête de l’ONU a permis d’identifier 41 Casques bleus gabonais ou burundais soupçonnés d’avoir commis des agressions sexuelles en 2014 et 2015.
L’ARMÉE FRANÇAISE EN CENTRAFRIQUE