Joseph Inganji a relevé que le pays attend presque 400 millions de dollars pour sauver des vies en 2017
Dans une interview accordée au RJDH le 30 décembre 2016, le Chef de Bureau de Coordination des Affaires humanitaires en Centrafrique (OCHA), Joseph Inganji a relevé que le pays attend presque 400 millions de dollars pour sauver des vies en 2017. Un budget revu à la baisse comparativement à celui de 2016 qui s’élève à 532 millions de dollars.
RJDH : Bonjour Monsieur Joseph Inganji
Joseph Inganji : Bonjour
Vous êtes le Chef de Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaire en Centrafrique. Le financement des actions humanitaires est resté à 36 % des 531 .5 millions de dollars, comme fonds requis en 2016. Ce faible financement n’est-il pas un frein aux 2.7 millions de personnes qui ont besoins d’aide ?
Avant toute chose, nous remercions beaucoup nos bailleurs de fonds qui ne cessent de nous appuyer car sans eux, nous ne serons pas capable de continuer .Avec le nombre des crises mondiales, on sent que la crise humanitaire en RCA semble être oubliée et c’est pour cela nous interpellons tout le monde pour que cette crise ne soit pas oubliée, car la moitié de la population Centrafricaine a besoin d’assistance humanitaire.
En Centrafrique, sur cinq personnes, une personne est déplacée en RCA soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. 75 % de la population de la RCA dépende des activités agricoles. Mais à cause des conflits, des activités des groupes armés à l’intérieur du pays, personne n’a été capable de cultiver son champ. Ce qui signifie que les populations vont dépendre des assistances humanitaires. Mais lorsque l’assistance humanitaire est diminuée à cause du financement, vraiment on comprenait que c’est la population qui va en souffrir.
Monsieur le chef de Bureau le plan de réponse humanitaire 2017 vise déjà quels objectifs ?
Le plan de réponse humanitaire pour 2017 est pour sauver des vies. En RCA, le gouvernement a mis en place le Plan de Relèvement et de Stabilisation du pays appelé RCPCA. Ce plan de relèvement va couvrir les activités de relèvement. Mais pour nous les humanitaires, nous allons nous focaliser sur les activités de sauver des vies. C’est pour cela que pour cette année 2017, notre budget a été réduit. En 2016, si vous vous souvenez, nous avons demandé 532 millions de dollars. Mais en 2017, nous demandons presque 400 millions de dollars. Cela ne veut pas dire que quand nous demandons moins d’argent, la situation humanitaire s’est améliorée mais c’est parce que les activités que nous faisions pour le relèvement, nous les avons donné au gouvernement. Je peux dire au contraire la situation a détérioré.
Quels sont vos ententes pour la réussite de ce plan de réponse ?
Pour ce plan de réponse, nous demandons à nos bailleurs de mobiliser des fonds et de continuer leurs générosités pour l’action humanitaire car, les besoins humanitaires sont très importants dans le pays. En premier, il y a plusieurs personnes qui ont besoins d’assistance dans le pays et deuxièmement si on ne poursuit pas l’action humanitaire, même le plan du gouvernement à travers le RCPCA ne pourra pas se poursuivre parce que les humanitaires sont là pour créer la fondation pour les activités de relèvement et la stabilisation. Et puis troisièmement, la communauté internationale a dépensé beaucoup d’argent en RCA depuis la crise humanitaire et si la crise n’est plus financée tout ce que la communauté internationale avait investi en RCA dans le cadre de l’action Humanitaire sera tombé dans l’eau.
Comment appréciez-vous l’engagement de l’Etat dans l’action Humanitaire ?
Nous avons des très bonnes relations avec le gouvernement. On travaille plus proche avec Madame la Ministre des Affaires Sociales, de la réconciliation Nationale et Actions Humanitaires et nous avons une analyse commune. On décide sur notre stratégie, notre priorité et comment il faut le faire et quand ?et où ? Cela marche bien.
Et la presse vous assiste-t-elle dans vos missions ?
La presse fait un bon travail mais je ne pense pas qu’ici la presse fait tout ce qu’il faut faire. Pourquoi ? Parce que, avant je vous avais dit avec beaucoup de respect que c’est notre analyse commune que la crise en RCA est en train d’être oubliée parce que les cameras ne sont pas dirigées sur le pays .Mais, quand vous regardez en Syrie, Yémen et en Irak beaucoup de medias en parle.
C’est pour cela nos medias en RCA doivent parler des problèmes qui sont liés à la population pour permettre à la communauté internationale d’être informée qu’il y a aussi des problèmes dans le pays. Lorsqu’elle donne une assistance ailleurs, elle ne doit pas oublier la RCA. Je compte sur les medias pour nous aider à faire des sensibilisations et des plaidoyers pour la population Centrafricaine qui a besoin d’assistance humanitaire.