Bangui– C’est la stupéfaction totale à Bangui, la capitale centrafricaine après le verdict en fin de semaine dernière de la justice française. Elle a blanchi les soldats français de l’opération Sangaris impliqués dans le scandale de viols présumés sur des mineurs de moins de quinze (15) ans à partir de 2014. La justice française estime ne pas disposer de preuves.
«Ce sujet ne peut pas être nié, c’est une réalité», s’est indigné le député Apollinaire Mbessa. Pour lui, des preuves existent bel et bien. Son point de vue est partagé par la Société civile, notamment l’Observatoire centrafricain des droits de l’Homme. «Nous estimons que nous avons des victimes à Bangui qui attendent que la justice soit rendue», a déclaré Barthélémy Mathias Morouba, avocat et président de l’Observatoire. Comme eux, beaucoup de Centrafricains se sont offusqués contre cette décision de la justice française. Mais du côté du Gouvernement, on s’est réservé de tout commentaire.
En décembre 2013, des soldats de la force française Sangaris ont été déployés en Centrafrique afin de restaurer la sécurité. Le pays était en proie aux violences communautaires et religieuses après que François Bozizé eut été chassé du pouvoir. Entre décembre 2013 et juin 2014, des soupçons pesaient sur les forces françaises pour avoir abusé sexuellement d’enfants centrafricains (dans le camp de déplacés de M’Poko, près de l’aéroport de Bangui), en échange de nourritures ou de petites sommes d’argent.
L’affaire était pendant longtemps gardée secrète. Mais fin avril 2015, le journal anglais «The Guardian» a révélé l’existence d’une note confidentielle des Nations unies sur les accusations d’enfants. Bien avant cette révélation, le ministère français de la Défense était au courant du scandale de viols sur mineurs. En effet, en juillet 2014, il avait saisi le parquet de Paris (le Parquet avait son tour ouvert une enquête qui avait débouché sur la saisine de juges d’instruction) et ouvert une enquête interne.
Le ministère n’avait pas voulu dévoiler l’affaire. Il avait visiblement voulu la traiter en catimini. Mais la révélation de «The Guardian» l’y avait contraint. Six (06) militaires avaient été entendus. Un était placé en garde à vue. Mais curieusement, aucun n’a été mis en examen. Devant les juges, ils ont nié les faits qui leur sont reprochés et affirmé n’avoir donné que des rations alimentaires aux enfants. Les enquêteurs dans leurs investigations ont recueilli le témoignage d’une dizaine d’enfants. Mais l’enquête n’a pas permis de corroborer et de recouper matériellement les accusations de viols sur les mineurs. Vrai ou faux?
Anani Galley