BANGUI—- Lewis Mudge Chercheur à Human Right Watch (HRW) a déploré l’absence à la barre des leaders de la Séléka et des Anti-Balaka lors des deux sessions criminelles tenues à Bangui. Position exprimée à Bangui lors d’une interview accordée au RJDH ce 17 janvier après publication d’un rapport sur les violences en Centrafrique en 2016.
RJDH: Lewis Mudge bonjour!
Lewis Mudge: bonjour RJDH!
RJDH : Vous êtes chercheur à Human Right Watch pour l’Afrique, et votre organisation vient de publier son rapport mondial et de la situation de la RCA entre 2015 et 2016. Quelle est la substance de ce rapport ?
Lewis Mudge : Le rapport que Human Right Watch a publié, ce sont donc tous les évènements de fin de 2015 jusqu’en fin 2016 sur la situation des Droits de l’Homme en République Centrafricaine. C’est une synthèse de toutes les préoccupations en termes de Droits de l’Homme.
RJDH : Comment évaluez-vous le niveau des violations des Droits de l’Homme en RCA après le retour à l’ordre constitutionnel ?
Lewis Mudge : Effectivement, c’est le grand souci actuellement. Human Right Watch a constaté après le retour à l’ordre constitutionnel, il y a en même temps les violations de Droits de l’Homme qui continuent dans le pays. Nous avons noté plusieurs violations dans le centre du pays, à Bambari, à Kaga-Bandoro, à Batangafo, et surtout dans les zones contrôlées par la Séléka. Nous avons documenté un nouveau groupe armé dans le nord-ouest dirigé par le général Sidiki, qui est en train de continuer des violations des Droits de l’Homme. Nous sommes toujours préoccupés par rapport au Sud-est du pays, notamment Zemio, Rafaï, Obo disant qu’il y’a une augmentation des activités faites par la LRA. Malgré qu’il y ait un changement de pouvoir légitime, c’est ce qu’il faut encourager mais des graves violations des droits de l’Homme continuent.
RJDH : La mise en place de la Cour Pénale Spéciale tarde encore et les auteurs des violations des droits humains ne sont pas inquiétés. Cela ne justifie-t-il pas le niveau élevé des crimes ces derniers temps ?
Lewis Mudge : Effectivement, Human Right Watch reste toujours convaincu que les violences dirigent l’impunité en Centrafrique. Depuis la fin de la crise, il y a deux sessions criminelles et pendant ces sessions, il n’y a pas des dirigeants de la Séléka ni des Anti-Balaka devant la barre. Donc on reste convaincu que la Cour Pénale Spéciale (CPS), est le meilleur moyen de rendre justice aux victimes en RCA. Comme vous avez dit, la CPS c’est toujours en retard, mais il faut avouer que la RCA sort d’une crise et c’est quelque chose qu’on ne va pas faire dans une semaine, ni un mois. C’est nécessaire de chercher les bailleurs de fonds pour financer cette cour. En dépit de nombreuses violations ces derniers temps, je reste optimiste de voir fonctionnelle, la cour pénale spéciale à la fin de 2017.
RJDH : Quelles sont alors vos recommandations à l’endroit des autorités centrafricaines y compris les groupes armés à la lumière de ce rapport ?
Lewis Mudge : Pour les autorités centrafricaines, Human Right Watch continue de faire les recommandations. Mais les principales recommandations est de faire en sorte que la CPS soit mise en place. Je suis ici en RCA depuis 2013, et j’ai parlé avec les Séléka, les Anti-Balaka, le groupe 3R et le jour viendra j’espère qu’en 2017, ils seront jugés. Donc pour les groupes armés, Human Right Watch, on ne voit pas leur légitimité, nous poursuivons les documentations sur les abus commis dans le pays.
RJDH : La traduction des forces internationales qui auraient commis des viols en RCA tarde. Quelle est la position de HRW par rapport à ces dossiers ?
Lewis Mudge : Ecoutez, c’est Human Right Watch qui a crié, et publié des rapports en ce qui concerne les actes de viol commis par des soldats de la Minusca à Bambari après nos investigations. Nous avons déjà souligné ;il y’avait très peu des étapes judiciaires contre eux, selon nos informations. On va continuer d’enquêter sur les viols et les tueries commis par des casques bleus et les forces de l’Union Africaine donc nous allons pousser les Nations-Unies au niveau de New-York de poursuivre les auteurs des actes commis en Centrafrique.
RJDH : monsieur Lewis Mudge je vous remercie.
Lewis Mudge : merci
Propos recueillis par Judicaël Yongo.