Au moins 20 combattants ont été tués dans des affrontements qui ont éclaté samedi dans une localité minière du centre de la Centrafrique entre deux factions rivales de l'ex-rébellion séléka, ont indiqué à l'AFP jeudi des témoins fuyant les combats.
Selon ces témoins, "ces combats violents ont éclaté samedi et se poursuivaient encore (jeudi) dans la localité aurifère de Ndassima à une quarantaine de kilomètres de Bambari", ville du centre du pays.
"Les affrontements qui opposent les éléments de l'Unité du peuple centrafricain (UPC) de Ali Ndarass et du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC) de Noureddine Adam, ont déjà fait au moins 20 morts parmi les groupes armés", a déclaré Pierre Endjingbago, habitant de Ndassima qui s'est réfugié à Bambari, joint depuis la capitale Bangui.
Selon Albert-René Katcha, un autre habitant ayant fui la localité, "Ndassima s'est vidée de ses habitants face à la violence des affrontements. Je suis ici sans mes enfants ni mon épouse. La plupart des habitants ont fui en brousse".
Mercredi, la force de l'ONU en Centrafrique (Minusca) avait fait état de violences à Ndassima, sans fournir de bilan.
"Les affrontements à Ndassima ont fait plusieurs victimes", avait simplement indiqué le lieutenant-colonel Clément Cimana lors d'une conférence de presse de la Minusca, qui a dépêché des renforts dans la zone.
La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, peine à se relever du conflit provoqué en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par la rébellion Séléka, à dominante musulmane. La contre-offensive des anti-balaka, majoritairement chrétiens, a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
L'intervention de la France et des Nations unies a ensuite permis la fin des massacres de masse, l'élection d'un nouveau président et le retour d'un calme relatif dans Bangui. Mais des groupes armés maintiennent une insécurité permanente dans plusieurs régions du pays.
L'UPC et le FRPC sont deux des factions issues de l'éclatement de la coalition séléka. Selon les circonstances et leurs intérêts locaux (contrôle de mines, racket routier, vol de bétail,...), ces factions peuvent s'allier, se combattre, voire nouer des alliances provisoires avec des groupes anti-balaka.
La semaine dernière, la Minusca avait adressé une mise en garde aux groupes armés implantés dans la région de Bambari contre toute reprise des violences dont la population serait la première victime.
En septembre-octobre 2016, des affrontements entre groupes armés y avaient fait plus d'une centaine de morts et des milliers de déplacés. Ces affrontements concernaient des Peuls armés - groupes d'auto-défense créés par ces éleveurs nomades contre les voleurs de bétail - et des factions rivales de l'ex-Séléka.
"Les conflits qui, auparavant, semblaient opposer les communautés chrétiennes et musulmanes ont évolué vers des oppositions armées entre des groupes se disant nationalistes et d'autres considérés comme étrangers, avec parfois une connotation ethnique qui pourrait devenir dangereuse", a relevé mercredi l'experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Centrafrique, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, dans un communiqué.
Selon elle, "les groupes armés règnent en maître sur plus de 60% du territoire, bénéficiant d'une totale impunité. Ils se substituent à l'appareil judiciaire, et terrifient la population".