Bangui- Les autorités centrafricaines ont décidé, début janvier 2017, de mettre un terme à l'exploitation illicite des ressources minières qui prive l'Etat d'importantes ressources au profit des groupes armés.
Depuis le 19 janvier 2017, une note circulaire du Ministre des Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique, Léopold Mboli Fatran, "demande impérativement aux sociétés minières, aux coopératives minières, aux bureaux d'achat, aux centres secondaires d'achat et aux agents collecteurs d'or et diamants de se conformer aux nouvelles exigences administratives".
Les formalités administratives en question concernent notamment "la justification de la collecte d'au moins 500 carats de diamants ou de 100 grammes d'or dont la vente a pu couvrir le montant de la patente de l'année précédente" et "la présentation des agents collecteurs au service des Mines munis de leur carnet d'identité et de leurs bordereaux d'achat et de vente de l'année précédente".
La Note, censée ne "souffrir d'aucune entorse", rend obligatoire la présence des agents collecteurs lors du renouvellement de leur agrément.
Cette opération de reprise en main fait suite au constat du Ministère des Mines selon lequel plusieurs centrafricains se sont livrés à la falsification des agréments ou des permis d'exploitation pour les céder à des opérateurs étrangers, ce qui a favorisé les exploitations illicites des ressources minières de la République Centrafricaine, à savoir notamment le diamant et l'or.
Cette initiative vise a améliorer le cahier de production des ressources naturelles qui date de plus de 20 ans aujourd'hui, a indiqué le Directeur Général des Mines, Sylvain Marius N'Gbata, qui a même cité nommément les partenaires chinois qu'il qualifie de plus actifs dans les pratiques incriminées.
Il faut signaler que depuis avril 2013, le processus de Kimberley a décrété sur le diamant centrafricain un embargo, qui a été partiellement levé en 2016, permettant à seulement 5 centres d'exploitation de l'ouest du pays, à savoir Berbérati, Carnot, Boda, Nola et Gadzi de vendre leurs produits miniers sur le marché international.
Mais depuis quelques mois, plusieurs voix s'élèvent pour demander aux autorités centrafricaines et aux Nations-Unies de veiller à ce que la sécurité soit assurée sur toute l'étendue du territoire national afin de barrer la route aux exploitations illicites des produits du sous-sol.
A titre d'illustration, l'organisation Partenariat Afrique Canada (PAC), spécialisée dans la promotion de la Bonne gouvernance des ressources naturelles notamment dans les zones de conflit, a indiqué dans un rapport en date du 2 décembre 2016 que "le Cameroun demeure le principal centre de commerce pour les diamants illicites des régions de l’ouest de la RCA".
"Dans les régions contrôlées par des groupes armés à l'est, comme par exemple à Bria, pratiquement aucune pierre n'atteint officiellement les entreprises exportatrices basées à Bangui", révèle le rapport.
Tout porte à croire que le gouvernement, qui continue de réclamer une levée de l'embargo imposé par le processus de Kimberley, est pressé de reprendre le contrôle de la situation dans le secteur des mines.
Armando Yanguendji