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RCA: la tension persiste à Bambari, seconde ville du pays
Publié le vendredi 24 fevrier 2017  |  Xinhua
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Le Front populaire pour la renaissance en Centrafrique (FPRC), une coalition formée d'ex-rebelles de la Séléka au pouvoir à Bangui entre mars 2013 et janvier 2014, a annoncé jeudi sa détermination à écraser son rival Ali Darassa et son groupe, l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC), retirés de la ville de Bambari (Centre) mardi sous pression des Nations Unies.
"Notre objectif reste maintenu. Il s'agit de le [Ali Darassa] faire disparaître. C'est notre ennemi numéro un aujourd'hui. On ne peut pas rester dans la même préfecture avec un ennemi", a déclaré le colonel Djouma Narkoyo, un des dirigeants du FPRC joint par Xinhua jeudi soir à Samoandja, à environ 900 km au Nord-Est de Bangui à la frontière soudanaise.
Chef rebelle d'origine nigérienne présumée, Ali Darassa évoluait avec son groupe, l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC), à Bambari où ils étaient apparus en 2014, au même moment que le Front populaire pour la renaissance en Centrafrique (FPRC), une faction des ex-rebelles de la Séléka, après l'éviction du pouvoir de Michel Djotodia, leur leader et éphémère chef de l'Etat par intérim.
Tombeurs de François Bozizé au terme de trois mois d'offensive le 24 mars 2013, ce diplomate de carrière et son alliance-rebelle hétéroclite appuyée par des renforts de mercenaires tchadiens et soudanais avaient été écartés moins d'un an plus tard par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et la France, après une aggravation des violences dans la capitale.
Deuxième grande ville de la République centrafricaine (RCA), Bambari, environ 400 kilomètres au Nord de Bangui, était vite devenue le théâtre d'une rivalité féroce caractérisée par de violents affrontements réguliers entre l'ex-rébellion à dominante musulmane et le groupe de combattants peuls, séparés par la suite par une zone tampon par les Nations Unies.
Au centre de la rivalité, le contrôle de l'exploitation illégale des ressources naturelles de la région, en l'occurrence l'or, les diamants, les saphirs et le bois, puis la collecte des taxes et impôts en lieu et place de l'administration, absente.
Les efforts de médiation et les multiples ultimatums de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), opérationnelle depuis fin 2014 dans cette ville et Kaga-Bandoro (Nord-Ouest) en dehors de Bangui, pour apaiser les tensions entre les deux mouvements rivaux, n'y ont rien fait.
Finalement à la demande de la mission de maintien de la paix onusienne, Ali Darassa a été amené à se retirer de son fief mardi, après avoir signé une déclaration, avec une partie de ses éléments à bord de "trois pick-up 4x4. Si on considère un pick-up avec à peu près 20 personnes, il est parti avec environ 60 éléments. Certains parmi ceux qui sont restés ont été désarmés, tandis que d'autres ont fondu dans des quartiers", rapporte le colonel Narkoyo.
Au lieu de le laisser partir, les Nations Unies auraient dû arrêter Ali Darassa. "Sa sortie nous inquiète. Selon les informations, il devait se replier à 10 kilomètres de la ville de Bambari, sur l'axe menant à Bangassou", précise-t-il.
Le départ du chef rebelle peul a été confirmé par un communiqué de presse publié à la suite d'une conférence de presse donnée par Vladimir Monteiro, le porte-parole de la MINUSCA mercredi à Bangui.
"Nous sommes en discussions depuis le début avec les belligérants pour une solution pacifique. Concernant l'UPC, la MINUSCA avait demandé le départ de son leader de la ville. Ali Darassa a signé une déclaration et vient de quitter Bambari. C'est une mesure pour protéger la population civile, pour éviter une guerre dans la seconde ville de la République centrafricaine", a déclaré le responsable onusien.
L'objectif, a-t-il précisé sans donner de détails sur les circonstances de ce départ, est de faire de Bambari une zone sans groupes armés et d'y rétablir la présence de l'Etat.
Un an après son élection le 14 février 2016, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et son gouvernement peinent en effet à restaurer l'autorité de l'Etat et l'Etat de droit sur le territoire national, y compris à Bangui où l'insécurité continue de régner à PK5, une enclave musulmane du 3e arrondissement connue pour avoir été l'épicentre des violences dans cette ville au fort de la crise provoquée par la prise du pouvoir des ex-rebelles de la Séléka.
Selon le colonel Narkoyo, un de leurs porte-parole, ceux-ci contrôlent encore aujourd'hui 6 des 16 préfectures du pays, parmi lesquelles celles de la Ouaka et de la Haute Kotto, où les Nations Unies les accusent d'être "en grande partie" responsables de la poursuite du conflit avec l'UPC et d'"attaques lâches contre les forces internationales, lundi et mardi à Ndassima et Ippy".
"Lundi, ils s'en sont directement pris aux forces internationales qui ont immédiatement riposté, avec un bilan d'un mort et d'un blessé dans leurs rangs. Mardi à Ippy, des éléments de la coalition du FPRC ont attaqué les Casques bleus et causé quatre blessés dans nos rangs", dénoncé le communiqué de presse de la MINUSCA.
Sous l'autorité militaire d'Abdoulaye Hissène, chef rebelle d'origine tchadienne, le FPRC est une coalition créée à Kaga-Bandoro en juillet 2014 par d'ex-dirigeants de la Séléka et rejointe depuis octobre 2016 par le Rassemblement patriotique pour la renaissance en Centrafrique (RPRC), autre faction de l'ex-alliance rebelle formée après être entrée en dissidence quelques mois plus tard.
Le RPRC avait pour sa part fait de Bambari sa base. Son chef d'état-major, le général Joseph Zoundéko, a été tué avec deux de ses éléments après avoir été blessé par balles lors d'une frappe aérienne de la MINUSCA le 11 février, à Ippy, localité distante de 113 kilomètres de Bambari, a témoigné à Xinhua le colonel Djouma Narkoyo.
Le FPRC accuse de son côté la force onusienne de "complaisance envers l'UPC d'Ali Darassa", à qui il promet la poursuite de la lutte armée, en dépit de son retrait de la deuxième ville centrafricaine.
"Nous nous interrogeons sur le rôle joué par les Nations Unies, alors qu'Ali Darass tue des gens devant eux", poursuit l'ancien gendarme de deuxième classe centrafricain, sans évoquer les propres crimes de son groupe rebelle qu'il dit vouloir adhérer pleinement au processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de réinsertion (DDRR) d'ex-combattants mis en œuvre lentement par le pouvoir avec l'appui de l'ONU. F
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