Bangui(Centrafrique) - La situation humanitaire ne cesse de se détériorer en République centrafricaine et les foyers de tensions se multiplient en plusieurs endroits, a annoncé ce mardi, le coordonnateur humanitaire par intérim, Michel Yao.
La violence renouvelée entre groupes armés rivaux entraine dans son sillage de nouveaux déplacements de population et de nouveaux besoins humanitaires a dit le coordonnateur humanitaire par intérim, à la faveur de la conférence de presse mensuelle sur l’évolution de la situation humanitaire en RCA.
A titre d’exemple, la ville de Bambari au centre de la RCA et ses environs, a accueilli plus de 26 000 déplacés en l'espace de 3 mois, entre janvier et mars 2017.
Les exactions contre les civils sont légion à Bria au centre est et les villages qui l’entourent sont incendiés ou saccagés.
A Kaga Bandoro dans la Nana Gribizi au centre nord, 15 000 déplacés vivent toujours autour de la base de la Force internationale suite aux violences de novembre 2016.
Dans l’Ouest du pays, alors que 15 000 personnes se sont réfugiées à Bocaranga, un grand nombre reste perdu dans la brousse.
Face à ce tableau, le Coordonnateur humanitaire ad intérim pour la République centrafricaine, le Dr Michel Yao, a appelé « les auteurs de ces violences à ne pas perdre de vue les conséquences néfastes de leurs affrontements sur les civils » avant de réaffirmer avec fermeté les principes qui régissent l’action humanitaire en particulier la neutralité et l’impartialité.
Michel Yao, a appelé à nouveau les parties au conflit « à continuer à respecter et à faire respecter le Droit international humanitaire (DIH) ».
Les nouveaux besoins générés par le regain de violence s’ajoutent à un niveau de besoin et de vulnérabilité déjà élevé et accentuent la pression sur la planification de la réponse humanitaire mais aussi sur la résilience déjà limitée des communautés hôtes a expliqué Dr Yao.
Cette détérioration intervient au moment où l’action humanitaire en Centrafrique souffre le plus d’un sous-financement devenu chronique.
Avec un budget de 399,5 millions de dollars américains, le Plan de réponse humanitaire de 2017 n’est financé qu’à hauteur de 5% à ce jour soit 19 millions.
« Un déferlement de la violence aurait un impact dévastateur sur la population centrafricaine alors que 2,2 millions de personnes ont toujours besoin d’une aide humanitaire » a averti le Docteur Yao.
Eu égard à ce contexte, le Coordonnateur humanitaire a invité les donateurs à maintenir leur engagement auprès de la Centrafrique.
« Ce n’est qu’à ce prix que le passage de témoin de l’humanitaire vers le relèvement et ensuite le développement aura lieu » a-t-il souligné.
Le sous-financement de l’action humanitaire ferait « courir le risque de perdre les acquis obtenus au cours des trois dernières années et d’une aggravation d’une situation humanitaire déjà extrêmement inquiétante » a-t-il insisté.
En conclusion et en prélude à la célébration de la Journée internationale de la femme, Dr Yao a rappelé que « plus qu’une célébration, il s’agit d’un moment pour rappeler que même si beaucoup a été fait, le chemin vers l’égalité des genres est encore long, parfois semé d’embuches ».
En 2016, 11 110 cas de violences basées sur le genre ont été recensés en 2016, dont 2313 cas de violence sexuelle.
« A la veille de la célébration de la Journée internationale de la femme, je souhaite que nous nous engagions tous à faire baisser ces chiffres alarmants et à éradiquer les violences faites aux femmes » a-t-il conclu.
BB/of/APA