Il y a une semaine à peine, de retour du forum de Brazzaville, André Nzapayéké a cru devoir prendre littéralement d’assaut les médias pour démentir vigoureusement les rumeurs déjà répandues par certains organes de presse sur son départ du gouvernement de transition. D’après lui, ce sujet n’a jamais été à l’ordre du jour à Brazzaville et que plus que jamais, il était bien à son poste et que ses relations avec la présidente Catherine Samba-Panza étaient au beau fixe. Pour s’exprimer avec autant d’assurance, de deux choses l’une : soit il avait suffisamment de garanties qu’il était indéboulonnable, soit on avait affaire à un naïf, un véritable bleu politique.
En remettant sa démission comme il vient de le faire, c’est la seconde hypothèse qui est la bonne. Depuis sa nomination fin janvier dernier, celui qu’on nous avait présenté comme un technocrate n’était en réalité qu’un vulgaire brasseur de vent qui, en un peu plus de six mois, a dirigé un gouvernement plongé dans un coma profond qui a étalé au grand jour son impuissance face aux bandes armées et son incapacité à enrayer les graves préoccupations sécuritaires des Centrafricains. Même Catherine Samba-Panza qui lui a fait appel, n’a pas tardé à s’apercevoir qu’elle a fait un mauvais choix et que compte tenu de la complexité de la situation du pays, seul un premier ministre « politique» aurait fait l’affaire.
Comme premier ministre, André Nzapayéké n’a convaincu personne, ni dans son pays, ni à l’international. Ses divers passages dans l’hémicycle devant les membres du CNT l’ennuyaient plus que tout au point où une fois, on a même dû le réveiller brutalement pour lui remettre ses lunettes tombées de son visage alors qu’il avait piqué du nez en pleine séance d’interpellation du premier ministre. Après un dîner que Nzapayéké a offert à l’hôtel Ledger Plaza à une délégation de ministres européens en visite à Bangui, le ministre d’un important pays européen qui a pris part au repas a laissé tomber cette sentence : « c’est à ce monsieur que nous devons confier à gérer notre argent » ?
A Bangui, c’était un secret de polichinelle que les jours de Nzapayéké étaient comptés depuis longtemps. Lui seul tenait à jouer les prolongations. La veille de sa démission, il téléphonait encore ici et là dans l’espoir de s’accrocher au poste mais en vain. Les carottes étaient en réalité déjà cuites pour lui. Tout le milieu diplomatique de Bangui et même à Paris grouillaient d’informations le donnant à coup sûr partant. Dans son cabinet à la primature, il régnait un climat délétère et peu motivant pour certains de ses collaborateurs qui n’hésitaient même plus ces derniers temps à s’en ouvrir à l’extérieur. « Plusieurs dossiers qui entrent dans son cabinet ne ressortent pas » lance un fonctionnaire de la primature. Entouré presqu’uniquement de ses parents incompétents et un réseau d’amis à qui il a aussitôt fait appel après son entrée en fonction, il ne pouvait en être autrement.
Ainsi s’achève l’épisode André Nzapayéké commencé tambour battant le 25 janvier 2014. Ses compatriotes n’auront rien retenu de significatif de sa gouvernance sinon que l’éphémère passage dans lisse personnage qui maintenant qu’il est libéré de ses charges gouvernementales, va peut-être retrouver le poste qu’il a quitté à la BDEAC à Brazzaville comme il aimait le dire à qui voulait l’entendre, pour quelques mois d’aventure à Bangui.
La rédaction