Monsieur le Président de la Configuration RCA de la Commission de la Consolidation de la PaiMesdames et Messieurs les Membres de la Configuration RCA de la Commission de Consolidation de la Paix, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais adresser très sincèrement, en mon nom propre et en celui du peuple centrafricain, notre profonde gratitude et nos vifs remerciements pour la sollicitude dont vous n’avez cessé de faire preuve à l’égard de la République Centrafricaine.
Mon pays, et moi-même apprécions à son plus haut niveau cette rencontre très prometteuse pour le relèvement et la consolidation de la paix dans cette partie d’Afrique centrale.
La République Centrafricaine se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire.
Le pays émerge tout juste d’un conflit d’une grande violence qui a causé la perte de milliers de vies humaines et provoqué le déplacement d’un tiers de la population.
Après trois(3) années de transition, les autorités ont réussi, avec l’appui de la Communauté Internationale, à mettre en place les conditions nécessaires pour l’organisation d’élections présidentielles et législatives crédibles.
Les Centrafricains se sont mobilisés massivement pour exprimer leur volonté de mettre fin aux tumultes des années précédentes.
Leur maturité démocratique exemplaire a permis l’organisation de ces scrutins dans un contexte pacifique, malgré des tensions encore palpables.
Mon élection en février 2016, et celle des élus de la Nation, ont marqué le retour à l’ordre constitutionnel en République Centrafricaine après presque trois années de transition politique.
Le retour à l’ordre constitutionnel et à la stabilité est soutenu par la Communauté Internationale et facilité par le déploiement d’une opération multidimensionnelle de maintien de la paix des Nations Unies composée de 12 000 hommes (MINUSCA).
Ces facteurs ont créé l’immense espoir que le pays puisse enfin rompre le cycle de fragilité et de crises qu’il connaît depuis son indépendance.
Le Gouvernement s’est engagé fortement sur les sujets de la sécurité des centrafricains, de la réconciliation nationale, du redéploiement de l’Etat et de la relance des secteurs productifs.
Sa vision est celle d’un pays enfin apaisé, qui poursuit le dialogue national de réconciliation, pose des jalons concrets sur le chemin d’une paix solide et initie un processus de relèvement et de développement durable.
Cette vision est celle de tous les Centrafricains, dont les préoccupations et priorités, recueillies lors de consultations dans tout le pays et d’enquêtes de terrain, ont été prises en compte dans le document définissant les stratégies de relèvement.
L’ensemble des partenaires de la République Centrafricaine après avoir aidé le pays à sortir de cette douloureuse crise ont apporté leur contribution à la construction d’une paix durable et au relèvement économique du pays.
Je tiens à les remercier pour leur participation totale à la préparation de ce Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix.
En effet, en mai 2016, le Gouvernement de la RCA a sollicité l’appui de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations Unies et du Groupe de la Banque mondiale pour réaliser l’Évaluation des besoins pour le relèvement et la consolidation de la paix (RCPCA) ainsi que les couts associés, identifier les modalités opérationnelles, institutionnelles et financières qui faciliteront la réalisation des priorités identifiées, créer une plateforme permettant de suivre l’avancement de la mise en œuvre de ce plan de façon cohérente et coordonnée.
Ce Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix (RCPCA) a été approuvé par le Gouvernement en octobre 2016, présenté, discuté et financé à 2,6 millions de dollars pendant la conférence internationale des bailleurs de fonds, qui s’est tenue à Bruxelles le 17 novembre 2016.
Monsieur le Président
Plusieurs projets prioritaires classés par pilier sont prévus.
En ce qui concerne le premier pilier, à savoir, soutenir la paix, la sécurité et la réconciliation, le Gouvernement s’est engagé à appuyer la réduction de la violence par le désarmement et la réintégration des ex- combattants et des enfants associés aux groupes armés, à procéder à la refondation de notre armée pour qu’elle devienne véritablement républicaine, pluriethnique, apolitique et professionnelle d’une part, et d’autre part à promouvoir la stabilité par la réforme du secteur de sécurité, à reformer l’institution judiciaire et promouvoir la fin de l’impunité.
Quant à la question de la réconciliation et la cohésion nationale, nous avons besoin aujourd’hui, plus qu’hier, de nous retrouver pour reconstruire notre pays de prendre le chemin de la reconstruction et du développement, en faisant définitivement le deuil de nos rancœurs, de panser nos plaies, d’expier les fautes individuelles et collectives et d’écrire une nouvelle page de notre histoire.
Pour ma part, je m’engage solennellement à favoriser le retour des réfugiés et déplacés, la réconciliation dans le dialogue, la vérité et la justice.
En ce qui concerne le pilier Renouveler le contrat social entre l’Etat et la population, le Gouvernement s’est engagé à redéployer l’administration sur tout le territoire et mettre en place une gouvernance locale inclusive, à fournir les services de base à la population sur tout le territoire, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’eau, en transférant progressivement les capacités et les moyens aux structures nationales, à assurer la sécurité alimentaire et la résilience, renforcer la stabilité macroéconomique et la bonne gouvernance notamment, la gestion et le contrôle des finances publiques, des recettes fiscales, et la lutte contre la corruption.
Quant au pilier relatif au relèvement économique et la relance des secteurs productifs, le Gouvernement doit mener une réelle relance de notre agriculture en stimulant toutes nos productions.
Nous assurons ainsi non seulement notre sécurité alimentaire mais aussi l’accroissement de nos exploitations et la réduction de nos importations.Nous allons fournir des semences et des engrais à nos paysans et leur assurer l’encadrement technique nécessaire pour atteindre les résultats que nous escomptons.
Monsieur le Président,
Pour répondre aux besoins prioritaires identifiés dans le RCPCA, le Gouvernement de la République Centrafricaine devra faire preuve d’un engagement et d’un leadership forts et avoir le soutien de la communauté internationale.
Pour institutionnaliser ce nouveau partenariat, et conformément à la Résolution 2301 du Conseil de Sécurité du 26 juillet 2016, le Gouvernement a entrepris d’établir un Cadre d’Engagement Mutuel (CEM-RCA) avec ses partenaires internationaux, régionaux et bilatéraux.
Le CEM-RCA a pour but d’assurer la cohérence et l’appui soutenu de la communauté internationale aux priorités nationales conformément aux principes d’efficacité de l’aide tels qu’énoncés dans le New Deal, et d’en assurer la transparence et la recevabilité.
L’exécution du RCPCA nécessitera l’adoption de modalités institutionnelles flexibles et aptes à s’adapter à l’évolution des besoins et des opportunités.
La situation en République Centrafricaine appelle donc une architecture de l’aide simplifiée et flexible.
C’est pourquoi, dans le cadre d’une mise en œuvre opérationnelle, il a été mis en place un Conseil d’Orientation qui sert de plateforme pour un dialogue de haut niveau et les discussions d’ordre politique au sujet de la mise en œuvre du RCPCA, conseil présidé par moi-même pour aider à insuffler ses grandes orientations politique.
Un Comité Directeur Conjoint chargé de coordination stratégique à l’échelon des portes feuilles constitue le cadre de concertation entre le gouvernement et l’ensemble des partenaires pour la mise en œuvre du RCPCA.
Un Secrétariat Permanent chargé de la coordination technique, pragmatique constitue à tous les échelons du cadre de la coordination un outil important pour la gestion des fonds fiduciaires multi-bailleurs administré par les Nations Unies et potentiellement par la Banque Mondiale
Vous comprendrez que l’appui, pour accompagner efficacement la mise en œuvre du RCPCA, est désormais ancré dans un partenariat renouvelé entre les partenaires gouvernementaux et internationaux, fondé sur une transparence et une recevabilité mutuelle.
Je voudrais rappeler, d’ailleurs, ici que nos besoins de financement estimés à environ trois(3) milliards de dollars américains (1 800 milliards FCFA) pour les cinq(5) prochaines années dont 1,6 milliards, pour les trois(3) premières années, ont été satisfaits à 2,6 milliards de dollars pour les trois(3) années à venir, soit un peu moins du double de ce que nous avons sollicités.
Nous constatons là une très forte mobilisation de ressources financières auprès de la Communauté Internationale dans son ensemble.
Il reste cependant la problématique de la mobilisation effective de ves importantes ressources.
Monsieur le Président,
Je suis devant vous pour demander un soutien effectif du Fonds de consolidation de la Paix pour permettre à mon pays de tourner la page d’une crise qui, confrontée à l’instrumentalisation politique, a débouché sur des affrontements ethnico religieux sans précédent.
Aujourd’hui, bien que la situation sécuritaire commence à se stabiliser, l’urgence demeure le Désarmement, la Démobilisation, la Réintégration, le Rapatriement (DDRR), la Réforme du Secteur de Sécurité (RSS), la Réconciliation Nationale et le Relèvement économique.
Le DDRR est indispensable pour nous permettre de retirer les nombreuses armes de tous calibres qui sont encore en circulation dans le pays et qui entretiennent l’insécurité.
Comme vous le savez, nous avons mis en place un Comité Consultatif et de Suivi du DDRR rattaché à la Présidence de la République qui est en concertation avec les différents groupes armés.
A la date d’aujourd’hui les quatorze(14) groupes armés comptés en République Centrafricaine ont tous intégrés ce dispositif et donc, ils sont tous favorables à la mise en œuvre du processus DDRR.
Il ne nous reste plus qu’à fournir les moyens financiers nécessaires à la conduite du programme.
Par ailleurs, la RSS doit nous permettre de remettre sur pied une armée nationale professionnelle, pluriethnique et apolitique devant assurer la sécurité du pays et celle des populations civiles.
Un programme de formation est lancé depuis le 15 de juillet 2016 à travers l’EUTEM, mais nous constatons que la cadence de formation est très lente et ne permet une formation rapide et en grand nombre de militaires de nos forces armées devant participer à l’effort de sécurisation du pays.
A cela, il convient de mentionner le problème de la dotation de ces éléments formés en armement et logistiques nécessaires.
Nous demandons au Fonds de Consolidation de la Paix de jeter un regard bienveillant sur ces questions et celle de la Réconciliation Nationale.
Monsieur le Président,
J’aimerais finir en évoquant la question du soutien financier à apporter au relèvement économique de la République Centrafricaine.
Nous l’avons déjà dit lors de la Conférence des donateurs à Bruxelles en novembre 2016, la République Centrafricaine a besoin d’un soutien massif pour son relèvement économique qui sera la base de la consolidation de la paix et de la sécurité.
La communauté internationale qui a été très réceptive à notre plaidoyer nous a promis d’importants soutiens financiers.
Nous en appelons au Fonds de consolidation de la Paix pour qu’elle mette à profit son rôle unique en tant que plateforme politique rassemblant l’ensemble des acteurs impliqués dans la résolution de la crise en République centrafricaine, les pays de la sous-région, les Institutions Financières Internationales ainsi que les organisations régionales et sous régionales pour sensibiliser l’ensemble des donateurs à donner effet aux annonces faites à Bruxelles.
La mobilisation effective de ces ressources nous permettra de rétablir la paix et la sécurité et de remettre la République Centrafricaine sur la voie du développement.
Je vous remercie pour votre attention.