A l’heure où nous prenons la plume, les organisations internationales, les grandes ONG internationales des droits de l’Homme, les autorités locales, la presse nationale, l’opinion nationale centrafricaine sont tous unanimes pour reconnaitre que le terrorisme n’a que trop duré en Centrafrique. Le sang a trop coulé, trop de vies ont été perdues et détruites, trop d’écoles, de centres de soin, de villages, de champs, de biens, de bétails ont été souillés, dérobés, pillés, dépouillés, sabotés par l’action diabolique des mercenaires-terroristes.
Les Centrafricains dans un élan d’unité souhaitent tous avec la dernière force du désespoir la fin du règne des seigneurs de guerre, des mercenaires à la Ali Darass, à la Sidiki ou encore à la Joseph Kony. L’ultra-légalisme suspect des forces de l’ONU en RCA (la MINUSCA) leur font dire qu’il ne leur serait pas possible d’intervenir avec toutes les armes de guerre (hélicoptères de combat, drones, communications satellitaires, chars d’assaut, batteries d’artillerie, etc.) pour neutraliser définitivement ces semeurs de mort.
Pourtant comme beaucoup d’entre nous avons écouté sur les ondes la Radio Ndéké Luka dans l’émission en direct Pätärä du samedi 18 mars 2017, le Code Pénal centrafricain a prévu des dispositions très claires contre ce type de crimes, contre ce type de criminels. Le Président du Rassemblement Pour la République (RPR), Alexandre Ferdinand N’guendet qui participait à la dite émission en tant qu’invité nous a égrainé la liste des articles du Code Pénal qui traitent explicitement de ces criminels ; à savoir de l’article 151 à 157. Les articles 158 et 162 de préciser que ces crimes là sont imprescriptibles, donc non passibles d’une quelconque grâce présidentielle ou autre amnistie, en ajoutant que la sanction pour ces crimes est la peine de mort. C’est dire la gravité de la chose.
Ces éléments précités suffiraient dans tout pays de droit à obliger le ministère public à s’auto-saisir afin de faire arrêter et traduire devant la justice ces mercenaires-terroristes à la Ali Darass, sans même attendre la constitution d’une partie civile ou la plainte des victimes. Mais visiblement le parquet centrafricain semble fuir ses responsabilités. Au niveau gouvernemental, toujours aucune trace de l’émission d’un mandat d’arrêt. Mais qu’attend le gouvernement pour signer ce document ? Devons-nous tous se cotiser pour acheter un bic de cinquante frabcs CFA afin que cette signature puisse être effective ? Les caisses de l’Etat centrafricain sont-elles si vide que ça ? Ou bien est-ce que, comme le pense un grand nombre de Centrafricains, le gouvernement joue à un jeu étrange avec des non-dits dans la relation entre Ali Darass et certaines autorités politiques ? En tous les cas, à l’instar du ministère public, le gouvernement fuit ses responsabilités et laisse carte blanche à Ali Darass pour massacrer en masse des Centrafricain dans la Ouaka et s’enrichir par l’exploitation des 410 sites miniers qu’il s’est illégalement accaparé, sans compter les fruits du braconnage et des rackets en tout genre.
Le groupe parlementaire du RPR mené par son président l’Honorable Dalou Wamboli, député de Zémio, a adressé une interpellation écrite au gouvernent, comme le prévoit l’article 71 de règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, sur cette question d’importance vitale qu’est le terrorisme sans borne d’Ali Darass dans la Ouaka sans aucune réaction de l’Exécutif. Grâce à cette riche émission Pätärä de Ndeke Luka du samedi 18 mars 2017, nous apprenons par la bouche de Ferdinand Alexandre N’guendet, Président-Fondateur du RPR, que le Bureau de l’Assemblée Nationale semble faire obstruction à cette interpellation en retardant sa transmission au gouvernement. Les textes prévoient pourtant qu’à la réception de cette lettre le Bureau de l’Assemblée Nationale a obligation de le transmettre immédiatement, sans délai. De telle sorte que la réponse puisse être donnée dans les huit jours qui suivent son dépôt. Or la lettre a été déposée et enregistrée depuis le 6 mars 2017 sans que jamais elle ne soit transmise au gouvernement. Cela fait maintenant près de 15 jours déjà. Cette attitude, ces mesures visiblement dilatoires, donnent à penser qu’il y a quelque chose de louche, d’anormale. Ca ne dissipe pas ce spectre de la collusion entre Ali Darass et certaines personnalités de premier plan dans l’échiquier politique centrafricain. Chose que Joseph Zoundeko avait commencé avant que les hélicoptères de combat de la MINUSCA ne le refroidissent définitivement. Donc après le ministère public, après le gouvernement, voilà que l’Assemblée Nationale également semble jouer la partition de l’obstruction à l’arrestation d’Ali Darass.
De là à dire que le mercenaire-terroriste milliardaire Ali Darass a soudoyé un grand nombre d’hommes politiques centrafricains au plus haut niveau de l’appareil d’Etat, il n’y a qu’un pas que bon nombre de Centrafricains n’hésite plus à franchir. C’est ce qui se dit dans les transports, dans les marchés de PK12, KM5, Gobongo, Combattant et autres.
D’autant plus que la MINUSCA qui n’a pas hésité à arrêter les ex-rebelles comme Andjilo ou à refroidir le rebelle centrafricain Joseph Zoundéko sans brandir le besoin de l’émission d’un mandat d’arrêt contre eux. Elle a juste activé le chapitre 7 de la Charte des Nations Unies qui leur permet de neutraliser par la force (même léthale) les ennemis de la paix et autres criminels de guerre. Etrangement dans le cas Ali Darass, la MINUSCA recule et fait appelle à des arguties juridiques pour éviter de remplir son devoir dans ce cas précis. Au point de cajoler et supplier Ali Darass de bien vouloir se déplacer à environ 60 km de Bambari, même si tous les soirs il revient au vu et au su de tous. Même si son Etat-Major est resté intact sur place.
Tous ces faits convergents concourent à fortifier l’idée d’une duplicité, d’une complicité manifeste entre le terroriste Ali Darass et certaines autorités de l’appareil d’Etat centrafricain et de la hiérarchie de la MINUSCA. Est-ce que la vérité est à chercher dans les propos du Ministre-Conseiller à la Présidence, Fidel Ngouandjika, qui dans l’émission Pätärä de Radio Ndeke Luka du samedi 18 mars 2017, disait que « la MINUSCA ne fait que ce que lui demande le gouvernement ». Doit-on comprendre que si la MINUSCA ne souhaite pas neutraliser le terroriste et criminel de guerre Ali Darass, passible de la Cour Pénale Spéciale (CPS), c’est justement parce que le gouvernement ne le souhaite pas ? Si tel est le cas, pourquoi ?
L’on comprendrait alors pourquoi la pétition lancée depuis maintenant trois semaines par le président du RPR, Alexandre N’guendet, suscite l’inquiétude chez certains hommes influents à Bangui. Cette pression populaire qui compte déjà 250.000 signatures, relayée par la presse est le signe de la faute politique des dirigeants centrafricains qui ont tout fait pour étouffer toute action à l’encontre du terroriste Ali Darass.
Les Centrafricains ont droit à la vérité, et surtout ils ne comprennent pas pourquoi on devrait sacrifier un pays entier, des vies humaines par millier pour satisfaire un analphabète sur-armé niché une montagne de cadavres centrafricains et de milliards expropriés aux Centrafricains.
Apollinaire Gnékpalé