Bambari — A réagir toujours à posteriori, n’est-ce pas se condamner a toujours subir ? La MINUSCA n’est pas une force d’action, mais de réaction. A ce rythme la, dans 20 ans on y sera encore… à condition qu’il y ait encore des gens à défendre. C’est tout son logiciel militaire qui doit être repense. Mais en a-t’elle la volonté ?
Parfait Onanga-Anyanga leur chef, récemment hué par des étudiants de l’université de Bangui, lui reprochant la passivité de la MINUSCA, de déclarer dans une de ses amusantes colères : “Nulle part dans le monde les forces de la Paix n’ont désarmé par la force !” – Vu comme ça ! Message reçu à 100% par les groupes armés en RCA. Une sorte de blanc seing pour agir selon leur bon vouloir, sur aujourd’hui 60% du territoire centrafricain sous leur total contrôle.
La condescendance et le mépris de Mr Onanga-Anyanga n’ajoute aucun liant dans la crise de crédibilité dont souffre gravement la MINUSCA en Centrafrique, de plus en plus vécue par les populations comme une force d’occupation.
LA MINUSCA MODE D’EMPLOI
La résolution du Conseil de sécurité, autorisant les casques bleus à désarmer toutes les forces rebelles n’est pas appliquée par la MINUSCA. L’embargo sur les armes n’en est que le corollaire. Ce qui rend le Centrafrique otage d’une force étrangère, se révélant être incapable de suppléer à ses forces naturelles de sécurité.
La force militaire onusienne n’est pas unie, plus un patchwork hétéroclite avec des intérêts divergents qu’une véritable armée. Marocains, pakistanais, par exemple, pactisent régulièrement avec les bandes Séléka et des “3R” de Sidiki, en fermant les yeux sur leurs exactions.
Avec un armement désuet, et comme force absolue de frappe, de vieux hélicoptères de combats sénégalais totalement dépassés; face à des attaques ciblées, coordonnées et déterminées des groupes rebelles, de surcroît, connaissant mieux le terrain qu’elle, elle n’y survivrait pas.
Les groupes rebelles se jouent d’elle. Comme sans service de renseignement sur le terrain pour l’aider à prévenir et à anticiper les crises, c’est une armée aveugle, condamnée à ne jouer qu’aux pompiers après coup.
S’estimant trop dispersée dans le pays, elle a commencé à supprimer de nombreux postes de sécurité dans différentes villes de province.
Sans plan de bataille, elle improvise quotidiennement ses actions, sous la pression. Les champs de bataille lui sont systématiquement imposés par les adversaires. Ce qui fait rire un stratège militaire comme le consultant de LNC, le Colonel De Lacan.
Politiquement, elle a couvert toutes les dérives électorales dans le pays, ayant mis en place de nouvelles autorités nationales, présidentielles comme parlementaires, issues d’élections massivement truquées. A y ajouter son incapacité à juguler les viols de mineurs dans le pays par ses troupes.
Son fonctionnement autonome, ce qui quelque part est logique, étant entendu que le Centrafrique vit sous sa tutelle; en absence de coordination de ses opérations avec le pouvoir en place, ne serait ce que pour l’informer, décrédibilise totalement le gouvernement centrafricain, uniquement cantonné à brasser de l’air, Faustin Touadera en premier.
Avec une Cour Pénale Spéciale mise en place, qui la MINUSCA arrêtera-t’elle comme criminels de guerre qu’elle n’a pas déjà arrêté ? Des chefs de guerre sont libres de vaquer, et à Bangui et en province sans que la chose ne la dérange. Qui donc jugera alors cette Cour Pénale Spéciale ?
CONSEQUENCES 1
60% du territoire, essentiellement en son centre sont hors de contrôle, livrés aux caprices prédateurs de bandes armées, comme l’illustre notre infographie. L’axe Bambari-Ippy-Bria est devenu un NO GO ZONE. Les Anti-Balaka narguaient Touadera à Bossangoa dernièrement, là où ils ont leur base arrière. En moins d’une année, de Kabo à Rafaï et Obo, le centre et Est du pays sont à feu et à sang.
Ce Dimanche matin encore, à Bria, après les heurts entre MINUSCA et ANTI-BALAKA des 48h précédentes, les combats ont repris, notamment au quartier GOBOLO, avec un bilan non encore connu, si ce n’est que des dizaines et des dizaines de maisons ont été de nouveau incendiées.
CONSEQUENCES 2
Une crise humanitaire sans précédent, à son point le plus aigu. OCHA Centrafrique signale plus 2500 déplacés enregistrés au village d’Andjou, à 50 km de Bambari. A Bria, les déplacés internes sont dans une situation humanitaire déplorable. Les ONGs ne se contentant plus que de les enregistrer, et pas plus. Les conséquences des attaques sur des villages comme Atongo-Bakari, Opa, Morouba et autres, dans un rayon de 40km autour de Bria.
Près de 100.000 déplacés internes dans ces zones en moins de 4 mois.
DDR ET DDRR ? DE SIMPLES DISTRACTIONS
Ce marronnier de l’ONU n’a jamais fonctionné nulle part, et certainement pas en République Centrafricaine, où l’ONU le sort de nouveau de son chapeau. Il y a eu des précédents de ce type dans le pays. Tous des échecs.
Pourquoi cela fonctionnerait-il maintenant, de surcroit, dans une situation de crise jamais atteinte dans ce pays, et avec des groupes armés jamais aussi puissants ? Le dindon de la farce ne peut être que le semblant de pouvoir de Bangui, relégué au comptage des points.