L’Etat, l’armée, l’économie, mais aussi les médias, tout est à reconstruire en Centrafrique et c’est une femme de caractère qui relève un défi fou: diffuser les messages de réconciliation de la Télévision centrafricaine (TVCA) au-delà de la capitale Bangui.
Ce dimanche soir, Lidye Nzengou cumule les casquettes de directrice générale de la TVCA et d’animatrice d’une table ronde sur la première année de mandat du président Faustin-Archange Touadéra, dans un studio décoré de trois affiches à la gloire du chef de l’Etat.
Retour des déplacés, eau, latrines, électricité... La bientôt quinquagénaire aborde les soucis quotidiens d’un pays classé 188e et dernier à l’Indice de développement humain (IDH) des Nations unies en 2015.
Avec calme et autorité, la professionnelle de la communication donne la parole à des directeurs de cabinets ministériels, qui énoncent leurs bonnes intentions sur un ton très institutionnel, comme sur les chaînes d’Etat des autres pays d’Afrique centrale, inféodées au pouvoir.
- Pas d’émetteurs -
Petite différence: "Pour le moment, la télévision centrafricaine n’émet que dans Bangui et ses environs", explique à l’AFP sa directrice générale. La Centrafrique manque d’émetteurs pour porter le signal de la télévision et la radio nationales à l’intérieur d’un pays de près de 5 millions d’habitants de la taille de la France et la Belgique réunies.
"Le principal enjeu, c’est que chaque Centrafricain, dans les coins les plus reculés, puisse regarder la télévision centrafricaine. Avec la radio, c’est le premier outil pour véhiculer des messages de paix et de réconciliation", poursuit Lydie Nzingou, reprenant le discours du président Touadéra.
Le gouvernement a passé une convention avec une société italienne, Téléconsult, pour installer les pylônes de la bonne parole dans les 16 préfectures du pays. Un test doit être pratiqué lundi sur un pylône de 110 mètres à Boali à 100 km de Bangui. Téléconsult espère que le déploiement sera achevé d’ici 15 mois.
Le défi est de taille alors qu’une grande partie du territoire est encore sous la menace de bandes armées issues de l’ex-rébellion musulmane Séléka et de groupes d’auto-défense majoritairement chrétiens anti-balaka et que le pays compte près de 900.000 déplacés et réfugiés.
"Je passe la plus grande partie de mon temps à me mettre en colère et à crier", soupire la directrice générale, Centrafricaine de la diaspora qui a quitté une vie confortable en France pour revenir dans son pays qu’elle avait quitté après le lycée.
... suite de l'article sur Autre presse