BANGUI (RJDH) : Dans une interview accordée au RJDH, l’ancien sélectionneur des Fauves de Bas Oubangui de basketball, le coach Bruno Darlan a déclaré qu’il recycler l’équipe de basket en y mettant l’accent sur la formation des jeunes. Selon lui, les résultats obtenus par la RCA sont à la hauteur de ses moyens.
RJDH : Bonjour Coach Bruno Darlan.
Bruno Darlan(BD) : Bonjour.
RJDH : Vous êtes ancien sélectionneur des Fauves de Bas-Oubangui, quelle est votre lecture technique du niveau de l’équipe centrafricaine éliminée par les Léopards de la RDC ?
BD : Je crois que la mayonnaise n’a pas pris parce qu’il y avait les anciens qui étaient venus de France et les nouveaux qui sont encore jeunes, ils sont encore tendres, on n’a pas aligné l’expérience des anciens et la fougue de la jeunesse. Le temps nécessaire n’était pas suffisant. La diaspora était arrivée à la veille, pour faire la cohésion, ce n’était pas chose aisée et je crois que cela s’est ressenti sur le match.
RJDH : Est-ce que quelque part il n’y a pas un problème dans les compartiments, je pense au poste de pivot.
BD : Tout à fait, c’est un problème récurrent. Le problème de pivot, on l’a depuis plus de dix ans maintenant. Il a fallu une formation dans ce poste, un projet de détection. Vous avez l’écart qu’il y avait entre les intérieurs de la RDC et les nôtres. On a plus des joueurs de 4 que de 5, c’est-à-dire assez athlétique, et pas aussi rands que les joueurs de la RDC, c’est ce qui posait problème. La RDC a compris, ils ont exploité ce secteur à merveille et cela a marché.
RJDH : Qu’est-ce qu’il faut faire pour l’avenir ?
BD : Il faut repartir au fondement, c’est-à-dire à la base, travailler avec les jeunes, être patient et faire une projection pour dix ans. Je crois que les autres sont passés par là, et on finira par récolter ces fruits. Engager les U15, U17 pour l’avenir. C’est la seule condition pour l’avenir.
RJDH : Cela veut dire qu’il faut arrêter la sortie des séniors ?
BD : Non, il ne faut pas être coupé du niveau international par ce que le basket évolue très vite. Il faut les faire sortir en niveau de la zone et en club. En nation, faites les participer et ensuite progressivement avec leurs expériences qu’ils vont acquérir lors des confrontations, en revenant au championnat, ils vont distiller à travers les autres catégories qui vont rester et ceci va nous aider. Il ne faut pas couper de contact avec le haut niveau mais mettre l’accent sur la formation des jeunes.
RJDH : Vous parlez de la formation des jeunes, vous voulez donc parler de l’investissement dans le développement du basketball au niveau local ?
BD : Cela va de soi, on ne peut pas faire un développement sans investissement surtout en matière de sports. Il va falloir former les cadres, avoir les matériels, les installations, tout cela est lié, et progressivement on aura les résultats, il faut un investissement. Si vous donnez 10Frs, vous aurez les résultats de votre 10F, si vous donnez 1000Frs,vous aurez les résultats de votre 1000Frs, en bref vous aurez les résultats de vos moyens, voilà ce qui se passe.
RJDH : Ceci étant, les responsables du basketball et les autorités du pays en charge de sports doivent engager les clubs dans les campagnes africaines ?
BD : Vous savez qu’ailleurs, les clubs sont les noyaux de l’équipe nationale. C’est ce qui se passe. Si vous voyez la configuration de l’équipe de la RDC, ce sont des gars qui presque 30 ans, il y en a qui ont plus de 30 ans. Le cadet de Mutombo, il a joué ici en 2009, le numéro 10, l’intérieur, il a joué ici en 2012. Chez nous, Johan a commencé sa campagne africaine en 2012, Michael Mokongo a commencé en 2009, il est blessé, il est revenu en 2011, Kossangué 2009, le jeune Pehoua, il vient de commencer en 2015, et les jeunes locaux ils viennent de commencer leur premier match international, donc cela a été un baptême de feu. La peur de faire mal était encore là, et surtout qu’il y avait la pression, ils voulaient bien faire mais malheureusement ils ont manqué d’expérience, il ne faut pas leur en tenir rigueur, il faut en tirer les enseignements pour l’avenir.
RJDH : Est qu’il n’y avait pas une faille du staff technique pendant le premier match ?
BD : Je crois qu’il y a l’expérience aussi qui joue. Vous savez qu’il n’y a pas une école d’expérience, c’est à travers ces matches qu’ils peuvent tirer les enseignements, se remettre en question pour progresser.
RJDH : Vingt et un points d’écart, une défaite à Bangui de l’équipe centrafricaine, vous qui êtes un ancien du milieu, cela ne s’est jamais produit dans l’histoire du basket du pays ?
BD : C’est la première fois, je vais vous dire pourquoi. Cette équipe n’a livré aucun match de préparation. S’ils avaient des matchs de préparation contre des équipes de haute gamme, je crois qu’ils tireraient des enseignements et recadrer les tirs lors de ce tournoi. Si vous avez bien vu, on était passé à côté parce qu’on n’avait aucune information sur cette équipe de la RDC, et les joueurs se connaissaient à peine, ils avaient perdu leurs repères et c’est au deuxième match, vous avez vu, la physionomie qui a changé, c’est important de livrer les matches de préparation pour corriger les erreurs et affronter la compétition.
RJDH : coach Darlan, je vous remercie.
BD : c’est moi qui vous remercie.