Du 24 au 25 mars dernier, l’Ong FHAP (Femme Homme Action Plus) spécialisée dans la protection des victimes et personnes vulnérables en Centrafrique, a organisé un atelier en direction des victimes de la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) dirigée par le seigneur de guerre Joseph Kony. L’atelier a eu lieu à la FATEB à Bangui regroupant plus d’une cinquantaine de ressortissants des préfectures du Haut-Mbomou, du Mbomou et de la Haute-Kotto.
En période de conflit, tout naturellement les sexes faibles, les enfants et les vieux gens sont plus vulnérables, alors que pour la femme en particulier, elle est souvent la cible privilégiée des belligérants qui souvent abusent d’elle sexuellement. C’est du moins la quintessence du message de bienvenu de Mme Germain Mboli-Bipa, présidente nationale de FHAP.
Le cadre de l’atelier a été bien avant été présenté par M. Innocent Mbaïngo, Administrateur de FHAP. Selon lui, l’atelier porte sur le partage d’expériences en matière de résolution des conflits intercommunautaires. « Nous avons pris les cas pratiques des survivants de la LRA et autres types de conflits non identifiés dans la préfecture du Haut-Mbomou », a-t-il précisé avant de préciser que FHAP cherche à ramener la vie dans le Haut-Mbomou où la population est pourchassée par différents groupes armés. L’Ong veut, à travers ces genres d’ateliers, restaurer l’ambiance dans ces localités.
L’initiative est très saluée par la cinquantaine de participants, à l’image de M. Gabin Yangba, Secrétaire à la Sous-préfecture de Bambouti. « L’intérêt de cet atelier est grand, parce qu’il nous a permis de partager avec nos frères et sœurs d’autres localités, notamment ceux venu de Bria (Haute-Kotto) l’expérience inédite de cohabitation pacifique avec les éléments de la LRA, malgré qu’ils nous font du mal. Aussi, les partages ont porté sur les mécanismes que nous avons mis en place pour augmenter la résilience de nos populations face à ce phénomène ».
Même surprise agréable pour Mme Gertrude Gadepa, Zémio, Présidente de l’Union d’assistance aux orphelins et enfants vulnérables (UAOEV) de Zémio qui affirme : « Je suis très émue par l’initiative de FHAP d’organiser cet atelier d’échanges. Seulement, j’aurai aimé que cet atelier ait lieu sur-place dans le Haut-Mbomou pour plus d’audience. Qu’à cela ne tienne, de mon retour, j’organiserai un atelier de restitution au profit des femmes de Zémio ».
La Directrice Exécutive de l’Ong FHAP, Mme Tatiana Viviane Moruba a rappelé que l’atelier en question est dosé en sorte que les thématiques abordées puissent amener les participants à s’exprimer à cœur ouvert.
En effet, la première communication porte sur la problématique de la violence basée sur le genre, présentée par Mme Tatiana Viviane Morouba, Directrice Exécutive de FHAP, suivie d’un sketch sur le poids de la culture sur les femmes du Haut-Mbomou, notamment en ce qui concerne le remboursement de la dot par la femme divorcée. Le deuxième module présenté par Me Mathias Morouba Barthelemy porte sur la problématique de la protection juridique de la femme. Enfin, le troisième module traite des mécanismes de résolutions de conflits intercommunautaires pour la cohabitation pacifique présenté par Me Guy Dangavo.
Parlant des partages d’expériences, M. Gabin Yangba explique que « le problème de la LRA dans la préfecture du Haut-Mbomou est un phénomène qui commence à nous fatiguer, car cela fait déjà neuf ans que la paisible population de cette localité souffre des affres de la LRA. En neuf ans, les Tongo-tongo ont pillé nos richesses, massacré nos populations, violé nos femmes et nos filles, emporté nos enfants, mais on ne sait toujours pas quoi faire ».
Quant à Mme Gertrude Gadepa, elle a témoigné que « les femmes du Haut-Mbomou, souffrent beaucoup à cause des éléments de la LRA. Ils nous violent et nos filles parfois devant nos maris; ils ont vidé nos garçons pour en faire leurs éléments. En plus, le coût de la vie est devenu cher dans le Haut-Mbomou parce que l’insécurité occasionnée par la LRA ne nous permet pas d’aller librement au champ, à la chasse, à la pêche. Le poulet par exemple est passé de 300 F.Cfa à 3 000 F.Cfa aujourd’hui… En plus, il n’y a pas de route pour notre approvisionnement à partir de Obo ou Djema; il n’y a pas d’autorités locales auprès de la population. A Zémio par exemple, il n’y a qu’un seul Gendarme pour 53 000 habitants ».
A la dernière nouvelle, la mission comando américaine déployée dans cette localité pour traquer Kony a déjà plié bagages sans capturer ce seigneur de guerre. Alors que les interventions des éléments de la force ougandaises elles-aussi déployée sur-place n’ont pu rien faire.