La justice doit rester une priorité du gouvernement pour sortir la Centrafrique de la crise, ont estimé jeudi des défenseurs des droits humains, qui ont lancé un appel au président centrafricain à l'occasion du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir.
"La justice et la lutte contre l’impunité pour les crimes relevant du droit international doivent continuer d’être au cœur de l’action gouvernementale menée par le président Faustin Archange Touadéra", ont déclaré une trentaine d'organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International.
La création d'un tribunal mixte de la Cour Pénale Spéciale (CPS) - chargée de juger les auteurs des exactions perpétrées dans le pays depuis des années - et la nomination de son Procureur spécial en février sont des "avancées significatives", selon les associations.
Mais les efforts à fournir restent immenses pour "rendre justice aux milliers de victimes", estiment ces mêmes organisations pour qui "il est urgent de reconstruire le système judiciaire centrafricain" qui manque de moyens matériels, humains et financiers.
Pour le moment, "pratiquement aucun des responsables de violations généralisées n’a été tenu pour responsable de ses actes", rappelle de son côté Human Rights Watch (HRW) dans une tribune publiée jeudi dans le quotidien français Le Monde.
Les associations de défense des droits de l'Homme rappellent enfin que la Cour pénale internationale (CPI) "a été saisie en 2014 par l’État centrafricain et est complémentaire de la CPS et du système judiciaire national."
La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, peine à se relever du conflit provoqué en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par la rébellion Séléka.
La contre-offensive des miliciens antibalaka, majoritairement chrétiens, a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
L'intervention de la France et des Nations unies a ensuite permis la fin des massacres de masse, l'élection d'un nouveau président et le retour d'un calme relatif dans la capitale Bangui. Mais des groupes armés maintiennent une insécurité permanente dans plusieurs régions du pays.
Début février, l'experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme en Centrafrique, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, avait déploré que "les groupes armés règnent en maître sur plus de 60% du territoire, bénéficiant d’une totale impunité. Ils se substituent à l’appareil judiciaire et terrifient la population".