New Delhi - Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), a invité la Nouvelle banque de développement (NBD) à offrir son soutien au programme Éclairer et électrifier l’Afrique, l’une des Cinq grandes priorités de la BAD (dites Top 5) pour la transformation du continent africain.
« Je me réjouis de ce que la Nouvelle banque de développement ait entrepris d’investir dans le secteur énergétique et je voudrais vous inviter à nous rejoindre dans cette tâche colossale qui est d’éclairer l’Afrique et de l’alimenter en énergie », a déclaré M. Adesina à l’occasion des deuxièmes assemblées annuelles de la NBD, qui se sont tenues à New Delhi, le 1er avril 2017.
Saluant la rapidité du démarrage et l’approbation de projets énergétiques de la NBD, dont certains en Afrique, pour un total de 1,5 milliard de dollars EU, le président de la BAD l’a invitée à faire davantage pour le continent africain, qui a besoin de toute l’aide possible pour accélérer sa croissance et son développement économiques.
L’Afrique, a-t-il affirmé, s’avère propice aux entreprises et, malgré la conjoncture actuelle mondiale, les pays africains continuent de faire preuve de résilience dans leur croissance. Et de préciser que les économies africaines ont enregistré une croissance de 2,2 % en 2016, un taux qui devrait grimper à 3,4 % en 2017, selon les projections. Douze pays africains ont même connu une croissance de plus de 5 % en 2016, vingt autres atteignant 3 à 5 %.
« L’Afrique offre des opportunités illimitées. Nul doute que l’avenir appartient à l’Afrique », a ajouté le président Adesina, soulignant que, d’ici à 2015, la population du continent égalera celle de l’Inde et de la Chine réunies, et sa classe moyenne en plein essor décuplera la demande des consommateurs.
Pour la BAD et l’Afrique, les partenariats s’avèrent d’autant plus nécessaires dans le secteur des infrastructures énergétiques, qui devrait être une priorité urgente au vu des plus 645 millions d’Africains dépourvus d’accès à l’électricité, soit plus de la moitié de la population du continent.
« Nous sommes déterminés à faire en sorte que cela change sans plus tarder. C’est pourquoi la Banque africaine de développement a lancé le New Deal pour l’énergie en Afrique », a-t-il expliqué.
Le New Deal vise à atteindre l’objectif de l’accès universel à l’électricité dans les dix ans. La Banque projette d’investir 12 milliards de dollars EU dans le secteur énergétique au cours des cinq prochaines années et de réunir 40 à 50 milliards de dollars EU de fonds supplémentaires auprès du secteur privé.
« Notre programme consiste à connecter 130 millions de personnes au réseau électrique et 75 millions de personnes à des sources d’électricité hors réseau, et à offrir à 150 millions de personnes un accès à une énergie de cuisson propre », a expliqué M. Adesina.
La Banque, qui a pris les devants sur des enjeux liés aux énergies renouvelables, appelant à une « Révolution du hors réseau » en Afrique, héberge l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique (AREI) – une initiative conçue avec l’Union africaine, qui a attiré 10 milliards de dollars EU d’engagements d’investissement de la part de pays du G7.
La Banque entend également puiser aux sources de financement nationales, notamment via les caisses de retraite du continent, afin de combler le déficit de financement des projets d’infrastructures en Afrique – chiffré à 50 milliards de dollars EU par an.
D’ici à 2025, le total des actifs des caisses de retraite africaines devrait atteindre 1 300 milliards de dollars EU, selon les calculs, tandis que les recettes fiscales du continent dépassent déjà les 500 milliards de dollars EU par an, outre les 164 milliards de dollars EU que représenteraient les fonds souverains.
Par ailleurs, le président Adesina a annoncé que la BAD lancera cette année le Forum africain des investissements, afin de tirer parti des fonds souverains africains et mondiaux pour attirer les investisseurs institutionnels et de faire en sorte que les infrastructures se muent en une catégorie d’actifs à même de s’attirer les faveurs du secteur privé.
Et d’évoquer Africa50, un fonds destiné à stimuler les investissements dans les infrastructures. Capitalisé à plus de 865 millions de dollars EU par des pays africains, il a pour but de développer et financer rapidement des projets bancables. M. Adesina a également mentionné le partenariat qu’ont conclu la BAD et la banque indienne EXIM – entre autres –, pour établir la Kukuza Project Development Company (KPDC), une société basée à Maurice qui a pour mandat de développer et financer des partenariats public-privé (PPP) dédiés à des projets d’infrastructures.
Le président de la BAD a appelé de ses vœux un élargissement des dispositifs de garantie grâce à la mise en place de garanties communes importantes, souscrites par plusieurs banques multilatérales de développement, dans le but d’activer les investissements infrastructurels en Afrique. « Nous avons utilisé ces instruments avec succès pour atténuer les risques du plus important projet d’énergie solaire concentrée au monde, lancé au Maroc. Nous en avons fait autant pour le parc éolien du lac Turkana au Kenya, la plus grande installation de ce type en Afrique, parmi plusieurs autres projets », a-t-il souligné.
Les assemblées de New Delhi se sont tenues en présence des dirigeants de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque eurasienne de développement, de la Banque internationale d’investissement et de la Banque européenne d’investissement (BEI). Une présence dont Akinwumi Adesina a souligné qu’elle témoigne du désir des BMD de travailler ensemble, et il les a invitées à venir aux Assemblées annuelles de la BAD, qui auront lieu à Ahmedabad, dans l’État indien du Goudjerate, du 22 au 26 mai 2017, « afin de poursuivre l’échange ».
Dans son allocution d’ouverture, le président de la Nouvelle banque de développement, Kundapur Vaman Kamath, a annoncé quant à lui que l’ouverture imminente d’un Centre régional pour l’Afrique.
La NBD a été créée en 2014, avec un capital social de 100 milliards de dollars EU souscrit par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, réunis sous le nom de groupe des pays BRICS, qui représentent 42 % environ de la population mondiale.