Faustin Archange TOUADERA aura passé 365 jours déjà à la tête de l’Etat Centrafricain. Est-ce une période assez suffisante pour une évaluation qui tienne la route comme l’aurait souhaité le Centrafricain Lambda ? Oui, bien sûre diront certains ; mais non, diront d’autres. Cela témoigne déjà de la division qui s’est installée malheureusement autour de la question TOUADERA. En témoigne le résultat de nos investigations et commentaires recueillis justement à l’occasion du 1er anniversaire de l’accession du Professeur Faustin-Archange TOUADERA à la magistrature suprême de l’Etat Centrafricain.
« Nous avons suivi le bilan fait par le Président Touadera à la télévision centrafricaine Il a parlé pendant 1 heure, mais les éléments réels du bilan ont occupé 10 minutes. Nous avons également suivi son interview dans plusieurs radios et agence. Nous avouons avoir été quand même été surpris par son absence de modestie, car on le présente généralement comme un messie et homme modeste or la réalité est loin de là. »
« Pour résumer le bilan des 12 premiers mois de pouvoir, si l’on en croit ce que dit la rue et ce que tout le monde constate, le pays a plutôt reculé et donne le sentiment d’un bateau sans capitaine. Le gouvernement court après les évènements et les subit. Il donne l’impression d’avoir un temps d’incubation très long pour avoir des réponses appropriées dans tous les domaines prioritaires du pays».
Dans le domaine politique
Sans doute que ce commentaire est de caractère réel, c’est-à dire, décrit la réalité du pays tel que vit le Centrafricain qui, à travers son choix porté sur la personnalité de Faustin-Archange TOUADERA, a tout misé pour, ne fusse qu’une seule fois vivre sa lune de miel après la terrible crise qui a secoué le pays. Or c’est purement une utopie car, depuis un an et jour après jour, Faustin Archange Touadéra essaye de se convaincre qu’il est réellement Président. Dans tous ses discours, il répète pour s’en convaincre : « vous m’avez élu massivement sur mon projet de société… ». Nous savons tous qu’il a été élu. Une victoire de la démocratie en République Centrafricaine, un pays d’où s’exportent les expériences. Même son challenger a même demandé à tous les centrafricains de se mettre derrière lui pour reconstruire le pays. Il devrait donc avoir des discours plus dynamiques et tournés vers l’avenir, tout en faisant preuve de modestie dans la gestion de l’Etat, compte tenu de la situation.
Au lieu de cela, qu’est-ce qu’on constate aujourd’hui ? On assiste beaucoup plus à un développement du culte de la personnalité, une aversion à la critique, à des discours démagogiques et populistes, une psychose du complot que l’on voit partout, un climat détestable de soupçon et de corruption, une course à l’enrichissement personnel, un développement du népotisme et du clientélisme.
Le pouvoir donne l’impression d’allumer des feux partout. En plus des groupes armés qui se sont tous réveillés et conquièrent le pays centimètre après centimètre. L’Exécutif développe des relations exécrables avec les élus du Peuple qu’il veut absolument soumettre. Et l’on note que la majorité présidentielle demeure encore fictive et incantatoire. Pour couronner le tout, on annonce un remaniement ministériel depuis bientôt 6 mois, ce qui bloque une action gouvernementale qui était déjà très faible.
Dans le domaine de la Sécurité :
Depuis le départ de la SELEKA du pouvoir à la fin de l’année 2013, l’insécurité n’avait jamais atteint un tel niveau. Plus de 60% du territoire est occupé par des bandes armées, qui font leur Loi, pillent et volent à leur guise, prélèvent les impôts et décident qui doit rester en vie et qui doit être tué.
Il y a même un nouveau groupe politico-militaire, les 3R qui a vu le jour après l’investiture de Touadera. Ceux-là n’étaient ni des SELEKA, ni des Antibalakas.
L’assassinat des centrafricains a été banalisé, chaque jour connaît son lot de dizaines de victimes. Ni le Président de la République, ni le Premier Ministre, n’ont jamais eu le moindre mot de compassion ou de condamnation de ces évènements. Nous n’avons vu le pouvoir de Bangui s’émouvoir que deux fois en un an : lors de la journée ville morte du 24 octobre 2016 et quand les FACA avaient menacé le mois dernier de faire une marge de protestation sur leur situation. Tout simplement parce qu’ils ont et l’impression que leur pouvoir était menacé. La mort des centrafricains, les populations qui vivent en brousse comme des animaux, les milliers de cases brulées, les dizaines de milliers d’enfants qui ne vont plus à l’école, les centaines de milliers de paysans qui ne peuvent plus cultiver leurs champs, la terrible famine qui menace le pays alors que l’aide humanitaire baisse drastiquement, les villes et villages qui sont occupés jour après jour par de bandes armées, tout cela n’émeut pas le pouvoir de Bangui.
Pourtant tous ces chefs de guerre connaissent le Président Touadera. Les groupes armés ont été créés quand il était premier Ministre. Ils se sont regroupés en SELEKA et ont conquis tout le territoire quand il était aux commandes de l’Etat. Le pays était relativement calme, avant et après les élections. Mais quand le Président a commencé à recevoir les Chefs de Guerre en leur distribuait de billets de banque pour protéger son pouvoir, il a contribué à mettre le feu au Pays.
De l’autorité de l’Etat ? Parlons-en
Maintenant, il n’y a plus d’Etat et l’Administration qui peine à se redéployer dans les villes de l’arrière-pays. Le Pouvoir brandit comme résultat l’acceptation des bandes armées à participer au comité de coordination du DDR. Mais qu’en est-il sur le terrain. Quel est le chef de guerre qui a suspendu les hostilités parce qu’il accepte de participer au DDR ? L’expérience passée du DDR en Centrafrique et la réalité du terrain aujourd’hui ne laissent guère de présage pour un bon avenir des Centrafricains qui aspirent à la stabilité, la paix et le vivre ensemble pour un développement serein. Et pour preuve, les ténébreuses négociations de Luanda en préparation qui montrent là encore que le Gouvernement a subit les évènements et a laissé négocier avec les Chefs de guerre sans avoir, ne fût-ce qu’un observateur à ces réunions. Maintenant et devant le mécontentement généralisé de la population et de la Communauté Internationale, le Président tente de défendre les résolutions du Forum de Bangui, notamment sur l’impunité, ce qu’aucun centrafricain n’est en mesure d’accepter.
Dans le domaine de l’économie :
La table Ronde de Bruxelles, entièrement préparé par une équipe de d’experts de la Communauté Internationale (le Gouvernement a eu du mal à internaliser le document), a donné de résultats appréciables. Chacun y a mis du sien, puisque même le Chef de l’Opposition démocratique a soutenu le Gouvernement à Bruxelles par sa présence. Ce qui est désolant c’est que 4 mois après Bruxelles, on en soit encore à mettre en place l’organe qui travaillera à la mobilisation des fonds promis et à leur gestion.
S’agissant du fonctionnement de l’Etat, la Communauté Internationale paye les salaires de la fonction publique depuis 4 ans. L’Etat centrafricain peine à retrouver le niveau des recettes de 2012 et pourra difficilement prendre le relai de ces salaires et à assurer le fonctionnement de l’Etat si la manne extérieur s’arrêtait.
Le climat des affaires est au pire de sa forme et notre pays demeure en queue de peloton du « doing business » publié par la Banque Mondiale.
Les activités agricoles sont pratiquement à l’arrêt, du fait de l’insécurité.
La corruption est à grande échelle, surtout au sommet de l’Etat orchestré par le régime de Touadera et ses hiboux.
Dans le domaine social :
Si quelques camps de déplacés se ferment à Bangui, l’on dénombre de nombreux nouveaux camps qui naissent tous les jours dans l’arrière-pays. Des villages et des villes entiers sont vidés de leurs populations, notamment dans le Centre Est et le Nord-Ouest du pays.
Près de la moitié des élèves centrafricains ne vont pas à l’école, parce que les salles de classes servent de dortoir aux bandes armées ou ont été détruits.
La situation sanitaire des populations est catastrophique. La séroprévalence du SIDA a atteint le niveau record de 13% et les centres de santé sont dépourvus de tout.
La RCA est aujourd’hui 188ème pays sur 188 dans le classement de l’Indice de Développement humain.
Dans le domaine de la Gouvernance politique :
Notre pays n’a jamais connu autant de tâtonnement. L’Exécutif est dans la jouissance du pouvoir et supporte mal les actions des contrepouvoirs démocratiques que sont l’Assemblée Nationale et la Presse.
Il convient ici de rappeler que Faustin Archange Touadera avait été Chef de Gouvernement pendant 5 ans dans un régime de pensée unique, où il était interdit au Parlement d’interpeler le Gouvernement. Il prend donc chaque initiative de contrôle de l’action Gouvernementale comme si les députés ont commis un crime de lèse-majesté. C’est ainsi que les Ministres refusent tout simplement de se présenter devant la Représentation Nationale. L’unique fois que le Chef du Gouvernement a été interpellé, il a passé une heure à injurier les députés, à les traiter d’irresponsables, de traitres, etc…Mais qui est à l’origine de tout cela si n’est le Président de la république ? Les consignes de votent sont ordonnés depuis le Palais et gare au député de la « Majorité » dont la voix manque à l’appel. Le climat d’extrême méfiance entre le Chef de l’Eta et le Président de l’Assemblée Nationale n’arrange pas la situation. Depuis le mois de janvier, le Chef de l’Etat a décidé de couper tous les vivres à l’Assemblée Nationale. Résultat des courses : plus de rames de papier, plus d’encre d’imprimantes, plus de carburant, refus de paiement des frais de restitution des députés, etc…Encore une preuve d’une culture démocratique très médiocre du Chef de l’Exécutif qui risque de, au finish, susciter une mention de destitution du gouvernement. Ce bras de fer fait, malheureusement trainer l’octroi effectif des aides promises à Bruxelles à la Centrafrique et les meilleurs perdants sont ces 5 millions d’âmes qui croupissent sous le poids de la pauvreté, la misère et surtout les exactions des groupes armés devenus maîtres du territoire.
La Majorité parlementaire demeure fictive, puisque le Président n’a jamais réuni ses alliés du second tour depuis son investiture, il y a un an, pour discuter de la gestion du pays. Il le fait « mariner » en les convoquant individuellement pour leur promettre des maroquins qui trainent à se concrétiser.
Quant aux relations avec l’opposition Centrafricaine que Touadéra résume en l’URCA, elles sont inexistantes. Il n’a jamais eu de culture démocratique. Les rumeurs évoquent même des instructions données pour l’assassinat du chef de l’Opposition l’Honorable Anicet-Georges DOLOGUELE, député de Bocaranga 1.
Il faut dire que le Président a choisi de n’être conseillé que par des « bras cassés ». Pour certains d’entre eux, c’est le premier emploi de leur vie ; pour d’autres, ils sont passés du RSA en France à un salaire de Haut Fonctionnaire centrafricain ; pour d’autres, ils sont membres influents de la famille biologique du Président, …
Tout cela produit un cocktail inefficace, nauséabond, nocif et dangereux pour notre pays. Ainsi nous pouvons conclure notre vision de la chose sur le devenir de la Belle Centrafrique…. Pays de BOGANDA, de Dacko1, de BOKASSA, de DACKO 2, de KOLINGBA, de PATASSE, de BOZIZE, de DJOTODJA, de SAMBA-PANZA et enfin de Faustin-Archange TOUADERA.