S’il y’a un endroit qui devrait être ultra-sécurisé pour le président de la République, cela doit être d’abord son véhicule de commandement. Dans la plupart des pays dans le monde, les véhicules du déplacement du président de la République sont inspectés pratiquement deux fois par jour, ou plus en raison de sa sensibilité. Mais en Centrafrique, c’est tout le contraire. Ces véhicules sont utilisés par les chauffeurs et les gardes du corps comme leurs véhicules propres et non ceux appartenant au Chef de l’Etat. Peut-on parler d’une négligence du service de sécurité du président Touadéra ou d’une volonté affichée de nuire à sa personne ?
Au temps de l’ancienne présidente de la transition Catherine Samba-Panza ou même durant le règne de tous ses prédécesseurs, depuis le président Bokassa jusqu’au président François Bozizé en passant par les présidents Patassé et Kolingba, les véhicules du déplacement officiel du président de la République étaient toujours garés dans un endroit protégé à la loupe par les agents rapprochés de la sécurité affectés à la présidence. Présent ou absent du pays, le niveau de la sécurité reste le même pour ces véhicules sensibles.
Malheureusement avec l’évènement du président Touadéra dit la Tortue au pouvoir en mars 2016, le service de sécurité change radicalement de méthode de travail en privilégiant, le laissez-allez au détriment de la sécurité proprement dite du président. Selon les faits observés depuis plusieurs mois, une fois que le score du président Touadéra l’accompagne au bureau ou à l’aéroport de Bangui Mpoko pour un voyage à l’extérieur du pays, quelques minutes plus tard, on retrouve dans les quartiers de Bangui ou devant les restaurants-bars ces véhicules de commandement stationnés par ses agents de sécurité pourtant censés les garer sous surveillance au palais.
En matière de sécurité du président de la République, est-il normal que le véhicule d’un Président de la République se retrouve dans tels endroits ?
Ce qui est choquant pour le Centrafricain lambda, ces chauffeurs donnent l’impression que c’est eux les patrons desdits véhicules en roulant avec un volume musical d’un bar dancing et sortent avec des aides de camp bien armés pour faire bisous aux copines des quartiers. Est-il normal pour un pays comme le nôtre qui vient de sortir lentement d’une crise militaro-socio-politique de grandes intensités de voir une telle négligence dans la chaîne du commandement sécuritaire du président de la République ?
Pour un Officier de la gendarmerie contacté par CNC, les agents rapprochés du président ont tendance toujours à adopter de tel comportement, mais c’est au président de la République lui-même de leur taper sur la table et y mettre le point sur le ‘i’ devant de tel cas. Or dans le tempérament du président Touadéra, on y retrouve une certaine légèreté et faiblesse qui profitent à ces agents.
Pour le cabinet présidentiel contacté par CNC, c’est l’ignorance des faits qui laisse ces agents continuer dans leurs actes attentatoires à la personne et à la dignité du président Touadéra. Des sanctions seront prises si ces allégations se confirment, affirme notre source.
Pendant ce temps, le service de la sécurité présidentielle tente de minimiser les conséquences possibles d’une telle négligence sécuritaire.
Selon un spécialiste de sécurité à Bangui, de telles pratiques sont souvent utilisées en République Démocratique du Congo par les membres du gouvernement qui laissent régulièrement leurs véhicules de commandement transporter des clients comme un taxi-brousse, après avoir les déposés au bureau par leurs chauffeurs. Mais cette pratique se limite souvent aux ministres et non au Président de la République Kabila Joseph.
Va-t-on inévitablement vers un style zaïro-congolais pour la sécurité du président Touadéra ? Finalement, c’est aux chefs de sécurité du Président de nous répondre.