Le Cameroun annonce son intention de s'associer avec le Tchad et la République centrafricaine (RCA), deux pays voisins avec lesquels il partage des frontières autour desquelles s'activent des bandes armées, pour la création d'un mécanisme commun en vue d'endiguer cette menace et les trafics illicites en tous genres qu'elle engendre.
Recevant son homologue centrafricain Joseph Yakété mardi à Yaoundé pour des discussions visant la formalisation de la coopération militaire bilatérale souhaitée par les autorités de Bangui, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, a présenté "le contrôle du triangle Cameroun-RCA-Tchad" comme une priorité de premier ordre.
Crime organisé, circulation illicite d'armes, trafics d'êtres humains et de drogues, criminalité et grand banditisme, contrebande, terrorisme : les défis à relever de part et d'autre des frontières communes des trois pays sont immenses et la proposition du Cameroun d'instituer un organe tripartite de sécurisation de ces espaces réputés poreux rejoint celle de la RCA pour un partenariat bilatéral.
En se rendant au Cameroun pour une visite de quatre jours achevée mercredi, le ministre centrafricain de la Défense nationale, Joseph Yakété, transportait dans ses bagages un projet de "mise en place d'une force mixte Cameroun-RCA, dotée d'un mécanisme conjoint de renseignement chargé de développer un échange fluide d'informations entre les armées des deux pays", a-t-il révélé.
Avec le Tchad, le Cameroun mène déjà des opérations militaires conjointes à leur frontière commune de l'Ouest à l'Extrême-Nord dans le cadre de la Force mixte multinationale (FMM) de lutte contre Boko Haram mise sur pied en 2015 par la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT), qui associe en outre le Nigeria et le Niger, et a permis d'affaiblir les capacités opérationnelles du groupe djihadiste nigérian.
Et dans le cadre de la même lutte, le pouvoir de Yaoundé a aussi conclu avec le Nigeria un accord sur le droit de poursuite qui donne l'autorisation à leurs armées nationales de traquer dans leurs territoires respectifs les combattants islamistes en cas de besoin.
Pour faire baisser les tensions provoquées par des incursions de groupes rebelles centrafricains dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua, un dispositif similaire est recherché avec la RCA, incluant l'organisation de patrouilles mixtes et la mise en place de check-points frontaliers pour la surveillance territoriale et la collecte des renseignements avec la collaboration des populations riveraines.
"Les frontières se chevauchent. Les bandes rebelles font des navettes entre les trois pays en commettant des exactions [attaques suivies de prises d'otages et de tueries, NDLR] de part et d'autre. Pour stopper cette entreprise criminelle, source de déstabilisation de ces pays, il est urgent que ceux-ci renouvellent leurs synergies d'action sur le plan militaire", a expliqué une source militaire camerounaise jeudi à Xinhua.
La validation du projet par les décideurs politiques étant requise, la tenue d'un sommet des chefs d'Etat du Cameroun, du Tchad et de la RCA est évoquée.