BANGUI — A l’instar de l’élection américaine, le regard de beaucoup d’africains, surtout les francophones est orienté sur le premier tour de l’élection française qui se déroulera ce 23 avril 2017. La République Centrafricaine dont la France est un partenaire de premier plan est aussi préoccupée par ce suffrage. Quels sont donc, les enjeux de cette élection pour ce pays plongé dans une crise politico–militaire qui a d’énormes incidences sur la vie socioéconomique de sa population et pour laquelle la France a joué un rôle très important ?
Dans une République Centrafricaine confrontée à une crise politico–militaire qui dure depuis quatre ans, les promesses des candidats à l’élection sont sculptées. Car pour relever les nombreux défis de l’insécurité, du relèvement socioéconomique, le Centrafrique a besoin de soutiens de ses partenaires, en particulier la France.
Depuis 2013, Les Forces Armées Centrafricaines (FACA) sont sous embargo du Conseil de Sécurité des Nations Unies, dont est membre la France. Après les élections présidentielle et législatives, et le retour à l’ordre constitutionnel, l’espoir était grand pour la levée de ce blocus, mais grande est la déception. Le 31 octobre 2016, l’Opération française Sangaris a pris fin, mais des combats fratricides font rage au centre et à l’est du pays entre les ex Séléka et l’embargo sur les armes est toujours maintenu. Ce regain de violence démontre à suffisance aux yeux de nombreux centrafricains que l’embargo n’a pas impacté la capacité d’approvisionnement des groupes armés, alors que seule la force légale est privée de ses moyens au détriment des rebelles.
Face à cette décision qu’ils qualifient d’« injuste », les centrafricains attendent du futur locataire de l’Elysée qu’il change de stratégie dans la gestion de cette crise, en demandant au Conseil de Sécurité de l’ONU dont elle est membre de lever ce blocus et d’accélérer le rythme de formation des FACA assurée par l’EUTM.
Pour les questions de Droits de l’Homme, des soldats français de l’Opération Sangaris ont été accusés de violer des mineurs centrafricains. Le Président Hollande a promis punir les auteurs si les faits sont avérés. Le parquet de Paris saisi par le ministère de la Défense a jugé, mardi 21 mars, que les « témoignages ne permettent pas d’établir des faits ». Bangui souhaite que les auteurs supposés soient jugés à l’instar ce soldat de l’opération Barkhane au Sahel accusé d’attouchement sur des enfants au Burkina Faso.
Lourd passif colonial. Le Centrafrique finira avec la Françafrique ?
« La Centrafrique a longtemps été le cœur de la « Françafrique » » a écrit tempsreel.nouvelobs.com. Depuis son indépendance, la France est intervenue militairement sept (07) fois en Centrafrique. Ses interventions surtout en République Centrafricaine ont un objectif stratégique. Le peuple déplore que depuis plus de 50 ans c’est toujours la même recette de la Françafrique, seules les méthodes changent a regretté le-blog-sam-la-touch.over-blog.com : « En réalité, de Bokassa à Djotodia, en passant par Bozizé, la France a assuré sa domination sur la Centrafrique en y installant et soutenant une kyrielle de dictateurs corrompus … quitte à les jeter quand la coupe était trop pleine ».
Tournerons–nous la page de la Françafrique qui a tant fait mal à la RCA et à l’Afrique? Chaque candidat a promis de rompre avec cette politique s’il serait élu : « c’est du déjà entendu », dis-je. Le realpolitik a toujours primé sur les promesses de campagne.
Sur le nouveau partenariat France-Afrique, Brice Ekomo, un entrepreneur numérique centrafricain note que le mot ‘‘ francophonie » résume bel et bien la nouvelle étape de la dynamique de partenariat. Pour lui, il appartient « aux africains de mieux négocier ce nouveau partenariat en gardant en tête que la France est un pays et l’Afrique un continent ». Brice Ekomo, il s’agit de « renforcer l’accès à la formation professionnelle et impulser une nouvelle dynamique économique en organisant des salons dédiés au secteur informel pour segmenter les acquis et optimiser l’encadrement professionnelle vers la légalité ».
L’autre enjeu de cette élection française est le Franc des Colonies Francophones d’Afrique (CFA) qui anime l’actualité entre la France et ses anciennes colonies. Les candidats à la Présidence de la France abordent cette préoccupation africaine en fonction de leur positionnement idéologique. Un dossier déjà sur le bureau du futur locataire de l’Elysée et sera au centre de préoccupations des leaders d’opinions africains qui ont le soutien des Présidents tchadien Deby et Kaboré du Burkina Faso.
Quel que soit, le vainqueur de cette consultation électorale, le nouveau Président défendra les intérêts de la France, car c’est un impératif pour les multinationales jaloux du marché africain. A la République Centrafricaine et aux africains de s’imposer afin de tirer leurs dividendes dans ce partenariat qui se veut gagnant-gagnant.