L’idée d’amnistie défendue par l’Union Africaine en Centrafrique, est combattue par la quasi-totalité des forces vives de la nation. Un bloc s’est naturellement créé contre cette idée.
L’amnistie, selon une source à la représentation de l’Union Africaine en Centrafrique, fait partie des recommandations du sommet de la CEEAC tenu à Libreville le 30 novembre 2016. Le communiqué final dudit sommet consulté par le RJDH, n’a cependant pas explicitement évoqué la question d’amnistie. Le document parle « d’accord de paix avec les groupes armé ».
La représentation de l’Union Africaine en Centrafrique, mène depuis quelques semaines des consultations pour comme nous a confié un leader religieux, « préparer l’esprit des forces vives de la nation à l’idée d’amnistie ».
De nombreuses organisations de la société civile, des formations politiques se sont d’ors et déjà liguées contre cette idée. Mathias Morouba, coordonnateur national adjoint du Réseau des ONG de défense des droits de l’Homme qualifie l’idée de projet funeste, « c’est avec indignation que le réseau des ONG de promotion et de défense des Droits de l’Homme a appris, le projet funeste et macabre de l’Union Africaine d’inciter le gouvernement centrafricain de faire adopter une loi d’amnistie », dénonçait cet avocat.
L’archevêque de Bangui, le cardinal Dieudonné Nzapalainga souhaite que les responsables des crimes commis ces dernières années répondent de leurs actes. Pour le prélat, « l’amnistie ne résoudra pas le problème bien au contraire » a-t-il déclaré au micro de nos confrères de Ndeke Luka.
De sources concordantes, des contacts sont pris au niveau de la société civile et des politiques pour faire bloc contre l’amnistie, « nous savons que certaines organisations poussent cette idée mais à l’heure où je vous parle, nous avons mis les batteries en marche pour qu’une synergie se dégage contre cette idée malsaine que le peuple centrafricain a rejetée lors des consultations populaires à la base et le forum de Bangui », confie un leader de la société civile.
Un front anti-amnistie est en train de prendre forme en Centrafrique. Des actions pourraient être organisées dans les jours à venir pour dénoncer l’amnistie, selon des sources proches des organisations de la société civile contactées par le RJDH.
Mais ce front devrait faire face à l’habileté de la communauté internationale qui, dans la plupart des cas, obtient toujours en Centrafrique ce qu’elle veut. Le président Faustin Archange Touadéra s’est toujours dit opposé à l’impunité. Mais là, il s’agit encore des déclarations publiques et des positions officielles qui, en politique ne reflètent pas toujours la position réelle des officiels.
Le président tchadien, Idriss Déby lors d’une visite d’Etat en France s’était montré favorable à l’idée d’amnistie en Centrafrique, idée qui selon lui « favoriserait la réconciliation entre les frères centrafricains ». Vu le poids qu’a ce chef d’Etat dans le circuit diplomatique africain voire, mondial, on ne peut penser qu’à un combat rude entre la frange de la communauté internationale qui se propose de porter cette idée et les organisations nationales qui s’y opposent.