« RCA », c’est le titre, tout en sobriété d’un livre que le photographe français William Daniels consacre à la Centrafrique, où il s’est rendu une dizaine de fois, entre 2013 et 2016, alors que le pays est plongé dans la crise. « C’est l’histoire d’un pays au nom étrange, que personne n’a jamais été capable de placer sur une carte, et qui a toujours vécu au bord du gouffre », écrit-il. De ces séjours, qui l’ont conduit à Bangui, mais aussi loin de la capitale, il a ramené des dizaines de milliers de clichés. Pour cet ouvrage, paru aux éditions Clémentine de la Feronnière, le photographe en a sélectionné quelques dizaines, à peine, pour livrer, non pas un récit journalistique, mais une vision subjective et poétique de la RCA. Il nous livre son regard sur ce pays.
RFI: Vous êtes allé en Centrafrique dix fois, en trois ans, entre 2013 et 2016. Vous avez suivi le conflit depuis le début jusqu’à l’élection présidentielle. Qu’est-ce que vous avez vu comme évolution ? Est-ce qu’on peut dire que, petit à petit, l’espoir est revenu ou pas du tout ?
William Daniels: C’est difficile de dire cela. Evidemment, la situation est mieux que fin 2013, début 2014, puisqu’elle était horrible à ce moment-là. On n’était pas loin d’un génocide. Je crois qu’on peut utiliser ce mot. La situation va donc mieux, mais cela reste très compliqué. Deux tiers du territoire sont toujours occupés par des groupes armés. La situation humanitaire est catastrophique - plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté - et puis la crise centrafricaine retombe dans l’oubli, derrière des crises internationales plus médiatiques. Je pense à l’Irak ou au Soudan du Sud. Du coup, je crois qu’il y a beaucoup moins de soutien de la communauté internationale. C’est un vrai souci.
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