Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Centrafrique    Publicité
aBangui.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

La fin de la traque contre Joseph Kony génère mécontentement et peur
Publié le lundi 1 mai 2017  |  Centrafrique Presse Info
Joseph
© Autre presse par DR
Joseph Kony, chef de l`Armée de résistance du Seigneur (LRA)
Comment




FIN DE TRAQUE - Finira-t-il ses jours comme Pol Pot, dans la jungle, sans avoir payé pour ses crimes ? Après 30 ans d’exactions sanglantes, le gourou de "l’Armée de Résistance du Seigneur\" (LRA), milice meurtrière à mi-chemin entre guérilla privée et secte millénariste, voit sa trace se perdre aux confins du Sud-Soudan et de la Centrafrique. Convaincues qu’il est toujours en vie, les forces spéciales américaines chargées de le retrouver ont pourtant mis fin à leur mission.

Nul ne sait où se trouve Joseph Kony. En tout cas, pas avec précision. Depuis les débuts de sa course au meurtre à la fin des années 80 dans un Ouganda du Nord qui s’opposait au pouvoir autoritaire de Yoweri Museveni, il n’aura finalement jamais arrêté de se cacher. D’abord chef rebelle en guerre contre le pouvoir en place à Kampala, il émigra avec ses troupes, composées pour beaucoup d’enfants arrachés à leurs familles, vers le Soudan voisin où il s’acoquina plus tard avec Riek Machar, chef sudiste soudanais aux allégeances fluctuantes qui l’amena à collaborer avec l’armée de Khartoum par intermittence dans un conflit qui ne le concernait pourtant guère. Sa transhumance se poursuivit vers la RDC, et le parc national de Garamba dans l’extrême nord-est congolais. Mais les pérégrinations assassines de ses milices le conduisirent également en République centrafricaine, à la fois territoire de nouvelles prédations et zone de repli tactique face à la traque incessante de l’armée ougandaise.

En 2005, le Tribunal Pénal International de La Haye lance ses mandats d’arrêt pour Kony et 4 de ses lieutenants. Rien n’y fait. L’homme est accusé, partout où il passe, de pratiquer la razzia, massacrant des villages entiers, pillant et violant, mais pratiquant aussi le rapt d’enfants, dont le sort dès cet instant se réduit à une déshumanisation complète, pour en faire de parfaits assassins à la solde de la LRA. Il faut lire à cet égard le livre de Ledio Cakaj When The Walking Defeats You, témoignage de Georges Omona, un ancien garde du corps de Kony. L’emprise démoniaque du gourou sur ses hommes, dans un système totalitaire de soumission collective à la violence, y est très bien décrite. La folie mystique d’un monstre persuadé d’être investi d’une mission divine, l’est également.

Arrêter les frais…

Depuis 2011, une opération des forces spéciales américaines, soldats d’élite et conseillers, était chargée d’épauler l’Ouganda dans sa chasse à l’homme régionale. En 2012, une vidéo de l’ONG Invisible Children dénonçant l’impunité du fugitif avait même fait le tour du monde, contribuant à mettre sa tête à prix pour 5 millions de dollars. Or, le Pentagone de la nouvelle ère Trump vient de décider d’arrêter les frais. En 6 ans, le montant de la facture militaire s’élèverait tout de même à près de 800 millions. Raison invoquée : la LRA ne menace plus personne ; Joseph Kony, un temps aux commandes de 5000 hommes, n’aurait plus autour de lui qu’une centaine de desperados à la fidélité de plus en plus fragile. Lui-même, selon certaines rumeurs, pourrait être assez malade.

La nouvelle ne ravira sans doute pas les populations locales, du côté d’Obo en RCA notamment, où l’on a senti la présence des survivants de Kony ces derniers mois, de part et d’autres des 3 frontières qui se croisent dans ce bout d’Afrique. Mais il est vrai que la situation de guerre larvée et de détresse humanitaire atteint un tel niveau en ce moment au Sud-Soudan, en Centrafrique et au Congo, que le sort d’un seul assassin, fut-il Joseph Kony, peut apparaître insignifiant en comparaison.
Commentaires


Comment