Bangui — Les journalistes du Réseau des Journalistes pour le Droit de l’Homme (RJDH) exigent la libération de leur confrère Ahmed Abba condamné à 10 ans de prison pour blanchiment de produit terroriste par le tribunal militaire camerounais sans en apporter la moindre preuve d’accusation. Appel lancé ce 3 mai à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
La condamnation de notre confrère par ce tribunal n’est autre que la volonté politique de contrôler et mettre les professionnels des médias dans l’angoisse ; pousser les journalistes à choisir la partialité et la dépendance. Journaliste des faits et non d’opinion, notre confrère Ahmed Abba correspondant de RFI en Haoussa, a payé le prix de sa conviction et son engagement à informer. Le pouvoir politique loin de venir au bout du terrorisme préfère s’en prendre au pauvre qui n’a que son micro et sa plume pour informer l’opinion. Ce qui est devenu pour lui un crime de l’aise majesté.
Sylvestre Sokambi, rédacteur en chef du RJDH justifie cette prise de position par la solidarité et la protection de la liberté de la presse « nous sommes solidaires de notre confrère Ahmed Abba pour exiger sa libération et nous le faisons pour défendre l’élan de la protection des médias dans l’exercice de leur profession », a-t-il insisté.
De part cette manifeste, la rédaction du RJDH exige des autorités politiques camerounaises la diligence en libérant sans condition notre confrère. « Les terroristes se sont toujours revendiqués comme tels. Ils sont connus à travers leurs actes, ce qui est loin d’être la profession et le rêve de notre confrère. Lorsqu’on condamne un journaliste de blanchiment de preuve de terrorisme, il faut que la raison d’Etat dans cette affaire soit prouvée et motivée. Où sont les preuves des faits ? » S’interroge Fridolin Ngoulou, journaliste et Webmaster au RJDH.
Plusieurs facteurs expliquent la tentative de museler la presse au Cameroun « la pratique est à la mode, lorsqu’on voit la coupure du réseau internet dans les régions hostiles au pouvoir, l’arrestation et la condamnation devant un tribunal militaire sont des signes extérieurs qui ne trompent pas et expliquent que la presse est sur la sellette et appelle à l’unité des médias » selon Jean Fernand Koena.
Ahmed Abba a été condamné le 24 avril 2017 de 10 ans d’emprisonnement assortie d’une amande de 55 millions de FCFA. Il avait passé 2 ans en prison sans jugement. Le Cameoun est classé 126e dans le classement de RSF sur la liberté de la presse.
La situation dans laquelle se trouve Ahmed Abba prouve à suffisance que le journalisme est incompatible aux régimes lorsque les journalistes épousent l’esprit critique pour de temps critique, et Ahmed Abba a tout le soutien pour son combat pour une presse plurielle à travers le monde.