Les fusillades continuaient dimanche, empêchant de porter secours aux blessés et de récupérer les corps des victimes. Plusieurs civils ont été tués en République centrafricaine (RCA) dans des attaques menées par des centaines de miliciens chrétiens anti-balaka à Bangassou, dans le sud du pays, ont annoncé dimanche 14 mai des responsables de l’Organisation des Nations unies (ONU) et des travailleurs humanitaires.
Des centaines de civils ont trouvé refuge dans une mosquée de cette ville du sud-est du pays proche de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), à la suite de ces attaques qui paraissaient dirigées contre la communauté musulmane, ont ajouté ces responsables.
Dans un communiqué, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir déjà accueilli 21 blessés dans un hôpital de Bangassou et appelle à un cessez-le-feu afin de pouvoir traiter les victimes en urgence, alors que la ville est toujours sous le feu des combats. « L’intensité des combats signifie qu’il est impossible de se déplacer autour du centre-ville », a déclaré le responsable adjoint de MSF en RCA, René Colgo.
Selon le président de la mission locale de la Croix-Rouge, Antoine Mbao Bogo, les fusillades continuaient dimanche, empêchant de porter secours aux blessés et de récupérer les corps des victimes. Le premier ministre centrafricain, Simplice Sarandji, a condamné ces attaques dans un communiqué lu dimanche à la radio d’Etat et promis que leurs auteurs auraient à rendre des comptes devant la justice.
Un camp de l’ONU attaqué
Un camp de l’ONU a également été visé, et des troupes supplémentaires ont été déployées à Bangassou en prévision de nouvelles attaques, après une semaine de violences qui a coûté la vie à six casques bleus. Les soldats sont parvenus à rétablir le calme dans une partie de la ville dans la soirée, a précisé Hervé Verhoosel, porte-parole de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca).
« La situation est extrêmement déplorable et nous faisons tout pour reprendre rapidement le contrôle de Bangassou », a déclaré le chef de la mission, Parfait Onanga-Anyanga, lors d’une interview à Reuters. Interrogé sur le nombre de victimes civiles, il a dit « envisager des chiffres qui pourraient facilement atteindre 20 à 30 » morts. Nombre de combattants sont des enfants soldats qui semblent sous l’emprise de drogues, a-t-il ajouté.
Lundi 15 mai, la France a vivement condamné les attaques contre les casques bleus en Centrafrique : « Toute la lumière devra être faite sur ces actes odieux, qui peuvent constituer des crimes de guerre et dont les auteurs doivent être traduits en justice », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay.
La région de Bangassou, frontalière de la République démocratique du Congo, avait jusqu’à présent été relativement épargnée par les violences dans lesquelles la République centrafricaine s’est enfoncée en 2013.
Mais la situation s’est brutalement dégradée cette semaine après l’attaque d’un convoi de l’ONU dans laquelle cinq casques bleus ont été tués. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « scandalisé » par les attaques contre la Minusca.
Selon les travailleurs humanitaires, les milices constituées sur fond de rivalités ethniques et religieuses ont tiré avantage du départ, au cours des derniers mois, des soldats français et ougandais qui étaient déployés dans la région à la fin de leur mission.