Alors que la maison Centrafrique brûle de partout, alors que continue la litanie des cadavres qui se comptent désormais par centaines, sinon par milliers, alors que le pays traverse une crise majeure qui menace son existence même en tant que nation, la mésentente actuelle qui fait rage entre l’exécutif et le Parlement se révèle totalement suicidaire.
La population est à la merci de massacres incessants. Des enfants, rendus orphelins par les tueries, errent dans les rues en quémandant leur pitance. Quel va être leur avenir si la cupidité et la folie de grandeur de politiciens prisonniers de leur ego surdimensionné ne cessent de croître ? La République Centrafricaine donne l’impression de danser sur un fil tendu au-dessus d’un volcan en éruption.
La raison fait obligation aux politiciens de se préoccuper ensemble des urgences, la première étant de ramener la paix (SIRIRI) et la réconciliation dans le pays. Il faut désarmer les rebelles et les mercenaires, rendre les frontières sûres. Depuis des années maintenant, ce sont de véritables passoires, favorisant tous les trafics d’armes qui alimentent l’arsenal des rebelles.
Autant dire que les petites querelles entre l’exécutif et le législatif ne font qu’affaiblir un pouvoir déjà impuissant. Les rebelles doivent jubiler face à ces brouilles qui, de loin, paraissent presque infantiles. Il est vraiment inutile d’ajouter ce genre de querelles à une situation déjà inextricable.
UNE DECISION PRESIDENTIELLE ATTENDUE
Le président Faustin-Archange Touadera doit mettre fin rapidement à cette cacophonie, préjudiciable à la défense d’un pays en guerre. Il faut qu’il se consacre exclusivement à ramener la paix et la réconciliation. Puisqu’il serait trop compliqué de dissoudre l’Assemblée Nationale, car il faudrait alors organiser des élections dans un pays où les bruits de bottes des rebelles rythment la vie des populations, la mesure à prendre serait de changer de Premier Ministre et de gouvernement.
Le temps presse. Il faut mettre fin à ce climat délétère qui ne fait que favoriser les bandes armées. Bien qu’il soit l’ami de longue date du président, le Premier Ministre Sarandji doit être remplacé et son gouvernement doit démissionner. Ceci, dans l’intérêt suprême du pays.
Bangui est, en effet, dans un calme précaire. L’intérieur du pays est bouillonnant. Il est à craindre que les récentes tueries de Bangassou et de Bambari ne soient que les signes avant-coureurs d’une partition de la Centrafrique.
UN DEVOIR D’INFORMATION
Il ne faut pas que la population soit tenue à l’écart et maintenue confinée dans ses souffrances. Il faut qu’elle soit préparée à affronter le pire, c’est-à-dire les ex-Sélékas et les autres mercenaires. Car il est à craindre que certains éléments de ces bandes armées ne soient déjà infiltrés dans la capitale pour préparer l’assaut final. Des groupes d’autodéfense pourraient déjà se constituer pour assurer la protection des quartiers de la capitale ou des villes de province.
Il appartient au chef de l’État d’insuffler une nouvelle détermination, un nouveau patriotisme à la population et à son équipe de gouvernement.
La survie de la République Centrafricaine est à ce prix.