Le nouveau shérif de l’Afrique centrale intronisé par les Etats-Unis et des pays de la communauté internationale à Washington n’entend pas laisser les choses pourrir ainsi que le souhaitent certains responsables politiques de la sous-région.
L’Angola, puissance militaire et économique régionale, se prépare à une alternance ou une succession politique à la tête du pays. Pour ce faire, Luanda estime qu’« il faut aller vite » afin d’en finir avec la situation chaotique qui sévit au Burundi, en RDC et en Centrafrique.
Ce n’est plus un secret. L’Angola tient désormais les rênes de la sous-région d’Afrique centrale. Le cycle est fini pour Kampala et Kigali qui ont tenu le bâton pendant la période de l’après-Mobutu. Désormais, la période de passation de la main s’annonce à haut risque. Et Luanda tient à mettre les choses au clair avant cette échéance interne. C’est pour cette raison qu’il a été décidé dans un accord militaire bilatéral avec les USA, d’inscrire la situation de sécurité au Burundi, en République Centrafricaine et principalement en RDC.
Selon une source diplomatique basée à Washington, c’est à la demande expresse de Luanda que cette sorte de « tutelle » a été conçue afin d’éviter que les adversaires du nouveau shérif de la sous-région utilisent des points chauds pour mettre en mal ce nouveau leadership. Kampala et Kigali qui ont hérité du pouvoir de Mobutu dans la région, ne se laisseront pas faire aussi facilement et chercheront à nuire à Luanda. Les dirigeants angolais dont le pays a subi les affres de la guerre civile pendant de longues années savent anticiper. Ils veulent couper l’herbe sous les pieds de ces deux capitales en s’assurant du contrôle sécuritaire de la région. La vraie inquiétude pour Luanda est la situation en RDC qui partage un millier de kilomètres de frontières avec l’Angola.
Les moyens militaires concernés dans l’accord conclu à Washington, représenté par son tout-puissant secrétaire à la Défense, et le ministre angolais de la Défense vise juste à permettre d’étendre la sécurité du nouveau gendarme au-delà de ses frontières. Tout se jouera sur le sol congolais ! Il ne faut pas s’y méprendre, se dit-on à Luanda. Il faut des moyens militaires conséquents pour le contrôle de ce vaste territoire qui s’est transformé, encore une fois en trou noir, en une zone d’insécurité où des groupes armés profitent de « l’inexistence de l’Etat » pour semer l’insécurité. La déstabilisation complète de la RDC est un souci permanent, une préoccupation majeure pour le nouveau leadership de la sous-région.
La communauté internationale n’arrête pas de rappeler que la stabilité de la RDC est une urgence sécuritaire d’intérêt international pour le Conseil de sécurité. Les USA, qui jouent un rôle crucial dans cette structure de décision, ont contourné la lourdeur qui caractérise la machine de l’ONU opérant mais sans offrir l’efficacité tant souhaitée en termes de véritable stabilisation du pays. Ce travail, désormais, se réalisera avec le concours de Luanda qui est doté de moyens militaires conséquents.
Et dans le cadre sous-régional, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l’Angola qui en assure la présidence ne se fait pas prier pour que cette stabilisation tant souhaitée cesse de rester dans le registre des vœux pieux mais qu’elle se traduise en réalité au bénéfice des populations congolaises.
La proximité entre les régimes de Kinshasa et de Luanda n’a pu résister face à la marche de l’histoire. Luanda n’a jamais fait mystère sur sa nouvelle position vis-à-vis des autorités congolaises à qui il reproche le manque de sens de patriotisme et de responsabilité.
L’Accord du 31 décembre 2016
Que ce soit les puissances internationales à travers les Nations unies ou encore les regroupements sous-régionaux, tous sont d’accord qu’il est temps d’appliquer l’Accord de la Saint-Sylvestre en ce qu’il est la seule feuille de route susceptible d’éviter l’embrasement de la RDC et de la sous-région. Personne ne pourra accepter l’annihilation de ce document au regard de la vision d’un monde en mutation devenu un village planétaire. L’Angola était parmi les rares pays africains de la sous-région à avoir haussé le ton lors d’une réunion de la CIRGL tenue à Luanda appelant les autorités congolaises à mettre en œuvre les conclusions de la médiation menée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Au cours de ce sommet, les propagandistes de la Majorité ont crié à la victoire, arguant un soutien diplomatique tous azimuts des chefs d’Etat de la sous-région. Personne n’avait fait allusion à ce langage clair et sans ambages de Edouardo Dos Santos qui avait insisté sur la dangerosité des positions suicidaires de Kinshasa. Il avait reproché le forcing pour maintenir le président Kabila au pouvoir contrairement à la volonté du peuple gravée dans la Constitution. Aussi avait-il invité les autorités congolaises à reculer face à la volonté populaire.
A l’application tronquée de l’Accord du 31 décembre 2016, le Conseil de sécurité a réagi en se prononçant clairement pour la mise en application effective de ce compromis. L’arrivée de Trump Donald à la Maison Blanche, applaudie trop tôt à Kinshasa, serait en train de se muer en un cauchemar. La jubilation n’aura donc été que de courte durée puisque les chanteurs de la MP avaient mal interprété l’approche de ce chef d’Etat américain atypique. Autant d’éléments qui devraient faire réfléchir la majorité au pouvoir et le convier à se rendre à l’évidence que l’environnement international est totalement hostile à la démarche politique des Congolais au pouvoir. Luanda, le nouveau shérif veut aller vite, ceux qui au Rwanda, Burundi et en RDC, n’ont pas encore saisi la portée de ce vent qui se lève du pays de l’Oncle Sam devraient sortir de leur torpeur. Comme à l’époque de la Perestroïka, personne ne résistera à l’ouragan qui s’annonce et qui va dans le sens de la volonté conjuguée de réussir l’alternance conformément à la Constitution.