La troisième rotation de la mission européenne de formation des forces armées centrafricaine est sur le départ. Les premiers militaires s’envoleront début juillet. A leur tête, le général espagnol Fernando García Blázquez est particulièrement enthousiaste. Souriant et décontracté, il a bien voulu nous faire part de ses sentiments, en marge de la cérémonie symbolique du départ, organisée par l’Eurocorps, jeudi 1er juin.
A la veille de partir pour six mois, quelle est votre motivation principale ?
Mon objectif le plus important est qu’on reconnaisse l’Union européenne comme un acteur bénéfique pour la République centrafricaine, un acteur qui travaille pour laisser une situation beaucoup meilleure que l’antérieure. Il est important que les nations qui participent à la mission, qu’elles soient européennes ou pas — puisque la Bosnie-Herzégovine est notamment présente – se sentent fiers de notre travail.
Vous êtes pilote d’hélicoptères. Et vous avez toujours volé, y compris dans vos missions en Bosnie ou en Afghanistan. Cela ne vous manquera pas?
(rires) Jusqu’à la semaine dernière, j’étais pilote… je commandais les forces aéromobiles de l’armée de terre (FAMET). J’ai été pilote pendant plus de 22 ans, j’ai fait plus de 5000 heures de vols… Véritablement, c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Mais je n’ai pas vraiment d’appréhension. Cette mission européenne est un défi que j’affronte avec plaisir.
C’est votre première mission en Afrique, cela change quelque chose ?
Chaque mission a une préparation spécifique car rien n’est jamais exactement pareil. Dans ce cas, la principale différence, ce sont les vaccins. Je n’avais encore jamais été vacciné autant (rires).
Cela suppose une préparation spécifique ?
Dans les trois piliers de la mission, j’ai surtout dû me préparer pour le pilier « conseil », qui suppose un contact plus important avec les autorités politiques, avec la diplomatie, avec des organisations civiles. Cela ne correspond à rien de ce que j’ai pu faire antérieurement. La formation, au contraire, est quelque chose que je connais bien.
Vous serez le troisième chef de mission envoyé par l’Eurocorps. Cela facilite la transition ?
Bien sûr. J’hérite de l’extraordinaire travail fait par les deux généraux français et belge qui m’ont précédé. Tant avec le général Hautecloque que Ruys, ont passé de nombreuses heures à me briefer. Nous avons eu de très longues conversations pour que je connaisse, avant même d’atterrir, qui est qui, quel sont les objectifs, le mandat, comment le mettre en œuvre. Un exercice utile pour m’expliquer les difficultés auxquelles je vais devoir faire face et les manières de les résoudre. Cette maturité de la mission, qui fête sa première année de mandat, mes deux prédécesseurs me l’ont transmise exhaustivement.
Quelles sont ces difficultés ?
Rien qui ne puisse être résolu avec du travail.
Le manque d’équipements reste une question lancinante pour redresser les forces centrafricaines ?
Oui bien sûr, c’est un problème important mais ce n’est pas le nôtre. Notre mandat est de former trois bataillons, de donner un conseil stratégique afin d’accompagner les états-majors pour leur réforme et conseiller les Centrafricains pour qu’ils atteignent leurs objectifs. De chez nous, ils sortiront formés. Bien entendu, ensuite, les Centrafricains doivent trouver des armes, des équipements.
La situation en Centrafrique reste instable, pouvez-vous intervenir pour maintenir l’ordre ?
Non. S’il y a un problème de sécurité, c’est à la MINUSCA d’intervenir. Notre mandat est très clair.
(Leonor Hubaut)