Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est déclaré "préoccupé par l'instabilité généralisée" en Centrafrique, où l'ONU redoute un "embrasement" en raison d'un regain d'affrontements "à connotation religieuse et ethnique".
"Je suis préoccupé par l’instabilité généralisée et par la persistance des violations des droits de l’homme en République centrafricaine, de même que par les attaques ciblant des soldats de la paix des Nations unies dans le sud-est du pays", écrit M. Guterres dans un rapport d'activité de l'ONU en Afrique centrale parvenu vendredi à l'AFP.
Six Casques bleus ont été tués en mai à Bangassou et sa région, théâtre avec d'autres localités (Alindao, Bria) d'un regain de violences.
"J’exhorte les partenaires régionaux et sous-régionaux à redoubler d’efforts", ajoute M. Guterres, qui leur demande aussi de "tout faire" pour éviter que les rebelles ougandais de la LRA profitent "de l'appel d'air" créé dans le sud-est par le retrait de l'armée ougandaise et des forces spéciales américaines qui étaient venues pour traquer, sans succès, Joseph Kony, le chef de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).
"La tendance actuelle à l’embrasement préoccupe au plus haut point la communauté humanitaire", s'alarme le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) dans son bulletin mensuel de mai.
"Pour la première fois depuis août 2014, le nombre des déplacés a dépassé la barre des 500.000 personnes", écrit OCHA. La Centrafrique compte également plus de 400.000 réfugiés dans les pays voisins (Tchad, Cameroun...) pour une population de 4,5 millions d'habitants.
"Les affrontements prennent de plus en plus une connotation religieuse et ethnique. Ce fait nouveau est alarmant, car c’est sur cette base que le pays a sombré en décembre 2013", relève OCHA.
La Centrafrique avait alors sombré dans les massacres de masse entre Séléka pro-musulmans et anti-Balaka pro-Chrétiens. L'intervention de la France et des Nations unies a ramené le calme dans la capitale Bangui, mais pas dans l'intérieur du pays.
Enfin, Médecins sans frontières redoute que Bambari, la deuxième ville du pays, ne retombe à son tour dans la violence avec l'afflux de personnes déplacées par les récentes violences.
"Les déplacés représentent déjà 60% de la population et les habitants s'inquiètent du fait que la violence, qui a submergé Bangassou et Bria depuis début mai sous la forme de massacres, ne touche Bambari", écrit MSF dans un communiqué.