« Crois, si tu veux, que des montagnes ont changé de place ; mais ne crois pas que des hommes puissent changer des caractères « . Ce proverbe persan, loin de faire rire, est une réalité incontestable chez nous en République centrafricaine. Chaque jour qui passe, le monde change, le fleuve Oubangui, les collines de Gbazoubangui aussi, mais les Centrafricains, quant à eux, ne changent pas. Les cas d’échec ou de faillite des différents régimes successifs depuis plus de 40 ans en Centrafrique, semblent ne donner aucune leçon au régime actuel. En cause, le népotisme et le clanisme érigé en règle de gouvernance politique par les proches parents des Chefs de l’État.
Si les Centrafricains ont porté massivement leurs voix sur le Professeur Faustin archange TOUADÉRA lors de la dernière présidentielle de 2015, ils étaient tous convaincus que seul, le Professeur Faustin archange TOUADÉRA parmi les 29 autres candidats pourrait changer au moins le visage du pays. Malheureusement pour le Chef de l’État, tout comme ses prédécesseurs, certains de ses proches ne sont pas prêts à lui faciliter les choses. Croyant arriver au royaume des intouchables, ils n’hésitent désormais devant rien pour clouer leur parent Président. C’est le cas le plus récent et le plus choquant que se livre le capitaine Séléssoui détaché à la Sûreté aéroportuaire.
Selon nos informations, depuis l’accession du président Touadéra à la magistrature suprême, le capitaine Séléssoui balaye systématique d’un revers de main toutes décisions venues de sa hiérarchie militaire et met en exécution ce qu’il pense et ce qu’il veut. La dernière en date, c’est ce qu’il a fait de la demande de l’ASECNA souhaitant avoir une quarantaine des éléments en complément d’effectif des éléments détachés à la Sûreté aéroportuaire.
Selon nos sources, ayant saisi par une demande de l’ASECNA qui exprime un besoin supplémentaire en homme, le Chef d’État-major général des Armés le général Ludovic Ngaïfé a instruit les différents chefs de corps qui lui ont proposé des noms des soldats non officiers pour ladite mission. Une note de service, sous sa signature avec ampliation au Ministre de la Défense pour compte rendu, a été prise pour entériner ces différentes propositions. Mais l’homme qui est censé la mettre en exécution, en l’occurrence, le capitaine Séléssoui a craché sur la note et a dressé sa propre liste en format note de service qu’il a pu faire signer par le Ministre de la Défense. Ni le premier Bureau, ni les services des Ressources de l’État-major ont pu apercevoir le passage du document, ni les différents chefs de corps se tenir au jus. « C’est une sorte de désertion en temps de paix normalisée par le ministre qui empiète de ce fait sur la compétence du Chef d’Eta-major» a fait savoir un lieutenant du Premier Bureau.
En sus, selon certains officiers, il clame, haut et fort, à qui veut l’entendre que c’est lui le patron de la Sûreté aéroportuaire même si sa désignation n’est pas encore entérinée, c’est une question de temps et qu’il n’a des instructions à recevoir de personne si ce ne sont pas celles sorties directement de la bouche du président vers ses oreilles. Une manière de dire qu’il ne pas d’intermédiaires.
Ce qui choquent et démoralisent les mémoires de ces hommes en tenue, c’est que tous les quarante éléments coptés par le capitaine Séléssoui ne sont que des soldats de son ethnie qui n’est autre que l’ethnie du Chef de l’État. En sus, sur les 75.000 F CFA que le ministère reverse à chaque élément sur les 150.000 F CFA facturés et encaissés, notre capitaine Séléssoui soutire 25.000 F CFA et le soldat ne perçoit que 50.000 F CFA en espèce sonnante et trébuchante sur le tarmac de l’aéroport.
Cette pratique identitaire, d’après certains sous-officiers contactés par CNC, a fait remonter les nerfs du Chef d’État-major général des armées qui assure avoir essuyé un affront et ne cache plus son intention de démissionner de son poste.
« C’est une véritable avanie pour nos chefs de corps et pour le chef d’État-major », affirme un adjudant-chef et ancien élément de la Sûreté aéroportuaire. « Notre armée n’a plus de discipline. Comment imaginez-vous qu’un capitaine marche sur des colonels et torpille l’ordre d’un général qui est son chef hiérarchique ? » S’interroge notre adjudant-chef.
Rappelant que l’emplacement de l’unique aéroport international de Bangui M’poko au milieu des quartiers de la Capitale ouvre la voie aux riverains d’imposer des servitudes de passages et d’utiliser certains espaces non utilisés aux activités champêtres et maraîchères. Cette pratique a concouru plus à l’insécurité des atterrissages et décollages des avions et a poussé l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) à mettre sur pied une unité de sûreté aéroportuaire de 30 éléments composés des gendarmes, de la police, de l’armée de terre, de l’armée de l’aire. Ce mixage avait fonctionné tant bien que mal sous le régime défunt de François Bozizé et voilà maintenant qu’il s’appuie sur un repli identitaire.
Le Chef de l’Êta doit faire attention et contenir surtout la velléité tribaliste de certains de ceux qui l’entourent afin d’éviter qu’il soit vu d’un œil méchant par ses compatriotes.