Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, a exclu tout risque de dévaluation du francs CFA ainsi que l’annonce une certaine opinion depuis quelques mois.
S’exprimant face à la presse mardi à Yaoundé, la capitale camerounaise, au terme de la 2èmeréunion ordinaire de l’année de l’Institut d’émission, il a martelé que ces rumeurs sont sans aucun fondement.
«Les rumeurs sur la dévaluation du franc CFA ont cours depuis quelques temps, entretenues sur les réseaux sociaux et par une certaine presse, ces mesures apparaissent de manière épisodique sur la scène sous-régionale depuis le milieu des années 90, après la dévaluation intervenue le 12 janvier 1994. Ce phénomène n’est donc pas nouveau.»
Selon Abbas Mahamat Tolli, le caractère fantaisiste de ces informations est apparu évident, du moment que ces rumeurs touchent davantage la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), épargnant délibérément l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), contrairement à l’année 1994 lorsque les deux zones monétaires furent frappées de dévaluation de leur monnaie commune.
La dévaluation, a étayé le gouverneur de la BEAC, est intervenue en 1994 pour résorber les déséquilibres économiques et financiers profonds apparus dans les pays africains de la zone franc au cours de la seconde moitié des années 80, consécutivement l’échec des tentatives d’ajustement réel.
La situation économique et financière de la CEMAC est différente de celle d’avant la dévaluation de 1994, a-t-il insisté, une analyse comparative des situations économiques prévalant à la fin de l’année 1993, juste avant la dévaluation, et en 2017, montre clairement que la sous-région n’est nullement au bord du précipice.
Cette zone enregistre en effet un taux de croissance supérieur, prévu en termes réels à 0,8% en 2017, contre -0,3% en 1993 alors que, dans le même temps, le taux d’investissement devrait se situer à 23,5% du produit intérieur brut (PIB) contre 18,8% du PIB à la veille de la dévaluation.
La sortie de Abbas Mahamat Tolli, note-t-on, va en droite ligne de l’une des résolutions du sommet extraordinaire de la CEMAC, tenu le 23 décembre 2016 dans la capitale camerounaise, Yaoundé : «Les chefs de l’État ont relevé d’emblée que le renforcement de la stabilité macroéconomique ne nécessite pas un réajustement de la parité monétaire actuel mais plutôt des efforts d’ajustement sur les plans intérieurs et extérieurs, assorties de réforme structurelles adéquates.»
Depuis lors, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, le Guinée Équatoriale et le Tchad ont engagé des négociations bilatérales avec le Fonds monétaire international (FMI), afin de mieux structurer les efforts d’ajustement de leur États, les accompagner vers une sortie de crise et les aider à mettre en place les conditions d’une relance vertueuse et durable de leurs économies.
FCEB/od/APA