En marge du sommet du G20 à Hambourg, un journaliste ivoirien a interrogé le président Emmanuel Macron sur les moyens alloués par les pays riches pour « sauver l’Afrique »...
Le chef de l’État français lui a répondu qu’il ne servait à rien « de dépenser des milliards d’euros » dans « des pays qui ont encore sept à huit enfants par femme ». Une déclaration jugée « raciste » et « condescendante » par de nombreux observateurs sur le continent. Mais le président français a-t-il eu tort en pointant du doigt la démographie galopante du continent dans le problème de la lutte contre la pauvreté ? Nous avons posé la question à Jean-François Kobiané, démographe à l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, et directeur de l’Institut supérieur des sciences des populations (ISSP).
Jeune Afrique : Que vous inspire la déclaration du président Macron au sujet de la démographie du continent ?
Jean-François Kobiané : J’ai suivi avec intérêt son interview, et j’ai trouvé très juste ses propos sur la gouvernance, l’éducation et la santé en Afrique. Mais sa mention de la démographie du continent est caricaturale et je ne partage pas l’idée que, si on investit des milliards d’euros, nous n’obtiendrons aucun résultat. Je m’explique : la croissance démographique est une variable qui interagit avec l’économie et le social (notamment la santé et l’éducation). Elle peut s’avérer bénéfique pour l’économie africaine, à condition de s’accompagner justement d’importants investissements dans l’éducation et d’un marché de l’emploi dynamique. C’est ce qu’on appelle le « dividende démographique ».
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