Non seulement le président centrafricain Touadera, aux abois, a été d’une rare déférence envers Idriss Deby Itno, qui n’a même pas daigné l’accueillir à l’aéroport ce qu’il venait pourtant de faire pour le président guinéen Alpha Condé, mais il a aussi implicitement remis en cause le récent rapport de la Commission des droits de l’homme de l’Onu listant les 620 cas d’exactions dont beaucoup provienennt des Tchadiens, entre 2003 et 2017, passibles de la Cour Pénale Spéciale de Bangui. On devine le courroux d’Idriss Deby Itno devant ces accusations pourtant bien documentées.
Dans sa stratégie de défense et de déni, il fallait une dénonciation forte de ce rapport onusien par le président Touadera. Le terrain avait été préparé, le 24 juin 2017, par l’annonce des sanctions au Tchad contre Abdoulaye Hissene, seigneur de la guerre du FPRC et néanmoins ancien ministre du gouvernement Tiangaye, en 2013. Évidemment, Aboulaye Hissene se moque totalement de ces sanctions médiatiques comme d’ailleurs de la Cour Pénale Spéciale, nouveau gadget de l’ONU, comme il vient de le dire à RFI.
L’ONU mis entre parenthèses
Cette déclaration tant attendue par Ndjamena fut lancée, urbi et orbi, dès sa sortie de l’entretien avec Idriss Deby Itno. « Le rapport de l’Onu n’ engage que ses auteurs … » . Les Centrafricains, l’Onu et les ong humanitaires apprécieront.
En contrepartie, le président tchadien, magnanime envers son nouveau protégé, a confirmé le retour d’un très important contingent tchadien de 3 a 4000 hommes dans la Minusca, qu’il avait décidé de retirer en 2015, suite aux graves accusations portées contre les militaires tchadiens. Il va de soi que ce contingent tchadien sera placé le long de la frontière tchadienne afin de la sécuriser contre les mouvements incessants d’opposants au président tchadien. L’ambassadeur tchadien à Bangui, le général Daoud Yaya Brahim, héros de la lutte contre Boko Haram, retrouvera donc une activité plus proche de ses compétences que celle de diplomate.
De massacres en massacres
Ainsi va la Centrafrique gouvernée par un gouvernement qui a totalement disparu des radars mais qui « se nourrit » bien et par un Président prisonnier de son clan, de plus en plus vindicatif à mesure que son séjour à la « mangeoire » est de plus en plus compté.
Comme toujours, après les départs expéditif de Patasse, Bozizé, Djotodia, Samba-Panza, le président Touadera ne devrait pas être rassuré du retour en force du Tchad.