Trois ans après la signature par les groupes armés d’un accord de cessez-le-feu, plus d’un million de personnes sont déplacées. « Le nombre de familles déplacées de chez eux a atteint un niveau qui n’avait pas été égalé depuis le pic du conflit de 2014 » prévient Eric Batonon, Directeur Pays du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC).
Plus de 100 000 personnes ont fui leur maison en République Centrafricaine depuis avril en raison de la résurgence des affrontements dans plusieurs parties du pays. Au total, plus de 534 000 personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du pays et 481 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins. L’instabilité politique et les conflits à répétition ont laissé plus de la moitié de la population dans le besoin d’une aide humanitaire.
“Nous pensions que le cessez-le-feu de 2014 nous apporterait la paix et la cohésion sociale mais ce à quoi nous assistons aujourd’hui est l’opposé. J’ai fui Bambari pour me rendre dans un lieu plus sûr après que des membres de l’ex-Seleka aient brulé notre maison et tué mon père » raconte Frank Pabingui, un récent déplacé et père de deux enfants, au personnel de NRC à Sibut.
“Nous devons réaliser que la République Centrafricaine est de nouveau dans une spirale dévastatrice. Fermez les yeux sur la situation actuelle ne fera pas disparaitre la crise mais au contraire, cela ne peut que l’aggraver » précise M. Batonon.
Le manque d’attention internationale portée à la crise se traduit par un manque de financement pour y répondre. En ce milieu d’année, moins de 30% du financement nécessaire pour répondre aux besoins humanitaires en 2017 a été atteint.
“Il y a un besoin urgent de financement afin de s’assurer que la population reçoive l’aide humanitaire la plus basique. La plupart des récents déplacés ont été forcés de s’enfuir de manière soudaine laissant tout derrière eux. Ils n’ont pas de nourriture, pas d’eau potable, pas d’abris et ils n’ont pas accès à des installations sanitaires ou médicales. Si nous ne sommes pas capables d’agir maintenant, cette situation humanitaire dramatique pourrait engendrer de nouveaux conflits, » explique M. Batonon.
Trois ans plus tôt, le 23 juin 2014, les rebelles de la Seleka et les milices Anti-Balaka ont signé un accord de cessez-le-feu après un an et demi de conflit. L’accord a été un premier pas vers un apaisement des hostilités mais de nombreux problèmes sont restés sans solutions et, depuis novembre dernier, le conflit a de nouveau repris et s’étend à de nouvelles parties du pays. En juin de cette année, un accord de paix a été signé par 13 des 14 groupes armés du pays. Le lendemain de la signature de l’accord de paix, des dizaines de personnes étaient tuées dans de nouveaux affrontements dans la ville de Bria, à l’est du pays.
“L’espoir apporté par l’accord de paix a vite été brisé par la résurgence des violences et les nouveaux déplacements de population de ces dernières semaines » commente M. Batonon
“Toutes les parties armées devraient respecter l’accord et travailler vers une paix durable pour le pays. Le conflit, couplé au manque de développement, et au manque de services publiques tels que les écoles ou hôpitaux, ainsi que le taux élevé de malnutrition constituent ensemble un cocktail toxique, responsable de la mort de beaucoup de civils » a ajouté M. Batonon.