L’amnistie qui apparait aux yeux de certains comme une piste de solution pour le pays n’en est pas une pour le gouvernement. C’est ce que vient de réitérer le ministre des Affaires étrangères
La ligne du gouvernement sur l’amnistie n’a pas bougé. Dans le discours prononcé le 30 mars à l’occasion de son investiture, Faustin Archange Touadéra a rejeté toute idée d’amnistie. Cette position a été réaffirmée, selon les proches du président, dans tous les grands sommets auxquels le président de la République a participé.
Mais depuis six mois, une tendance contraire est née. Celle-ci envisage l’amnistie qui est posée comme la solution à la crise actuelle dans le pays. La représentation de l’Union Africaine en Centrafrique a même initié des rencontres pour discuter voire persuader les forces vives de la nation sur la question.
Depuis que l’idée d’amnistie a été relancée, ce, contre les recommandations issues des consultations populaires à la base et du forum de Bangui, un front anti-amnistie s’est constitué dans le pays. Ce front regroupe tous les acteurs de la société civile et une bonne partie des politiques. La plate-forme religieuse, les organisations de défense des droits de l’homme, les associations des victimes sont montées au créneau. En RCA, l’amnistie ne saurait passer à voir l’acharnement des uns et des autres contre cette idée fortement rejetée lors des consultations à la base et du forum de Bangui.
Malgré ce front à l’intérieur, l’idée continue de faire son chemin à l’extérieur où certains estiment qu’en faisant un clin d’œil de ce genre à tous ceux qui sont dans le viseur de la justice et qui se trouvent dans les groupes armés, on ferait avancer la résolution de la crise. Mais, le gouvernement centrafricain jusque-là très silencieux a choisi de rompre le silence car, selon le ministre des Affaires étrangères, l’idée d’amnistie n’est pas défendable. Armel Doubane est formel, «une amnistie générale n’est pas envisageable. L’opinion est contre l’amnistie tout comme le Parlement. Les auteurs des crimes doivent en répondre. Le mécanisme judiciaire a déjà été mis en marche à cet effet notamment avec la création de la Cour pénale spéciale (Cps) et une éventuelle Cour pénale spéciale opérationnelle envisagée (Cpso) par l’Onu», expliquait le ministre des Affaires étrangères à la fin de cette grande réunion sur la République Centrafricaine.
Cette position s’inscrit dans le cadre des engagements que le président de la République a toujours pris. Mais, le constat fait ces derniers mois indique qu’il y a de plus en plus de pression pour que la résolution de la crise puisse passer une amnistie même si les défenseurs de cette ligne ont conscience qu’à l’intérieur l’opposition est générale. Au vu de ces réalités, le combat contre l’impunité est loin d’être gagné. C’est pourquoi, la mobilisation doit rester pour faire face à toute situation allant dans le sens de l’impunité que les Centrafricains combattent aujourd’hui de toute leur force.