BANGUI - Eric Sabé promoteur du film centrafricain déplore l’abandon du cinéma dans son pays, « Le septième art centrafricain est abandonné par l’Etat », position exprimée dans une interview accordée au RJDH ce 4 juillet à Bangui.
RJDH : Bonjour Eric Sabé.
Eric Sabé : Bonjour Juvénal.
RJDH : Vous êtes cinéaste et réalisateur centrafricain du film, d’où vous est venue l’idée de faire des films ?
Eric Sabé : C’est depuis le bas âge que j’ai commencé à regarder les films. Un jour je me suis levé pour dire qu’il faut regarder sur le marché chez nous, il n’y a pratiquement pas de film centrafricain, à l’exception des films comme « Le silence de la foret et Sofia la Banguissoise de ma sœur Sylviane Ngboulou ». J’ai appelé ma femme et mes amis, on s’est mis ensemble pour faire quelque chose. C’est en cela que j’ai eu l’inspiration de faire tout ce que les gens sont entrain de visualiser à travers le pays.
RJDH : Dans votre besace, vous avez combien de films à votre actif ?
Eric Sabé : J’ai joué beaucoup de films. Personnellement, j’ai écrit sept films, sur le marché j’ai déjà six films, j’ai tourné avec des amis ; certaines personnes qui écrivent des scenarii et qui me demandent de tourner un tour. Cela fait trois ans que je suis dans ce domaine et c’est impressionnant.
RJDH : Le marché du film centrafricain dont vous venez de parler, comment se porte-t-il ?
Eric Sabé : Je dirai très rapidement que le marché se porte mal. J’ai réalisé un film en 2011 intitulé SADIYA, qui parle d’une fille que les Banyamulenges sont venus violer et contaminer du Sida. Mais malheureusement, j’ai encore ce film sur ma machine. J’ai cherché de financements, le ministère de l’Art et culture m’a octroyé un million que je suis parti chercher en vain au niveau du Trésor public et finalement j’ai décidé de tout laisser tomber. Ce marché se porte très mal ; quand vous réalisez un film, il faut que les gens puissent regarder.
RJDH : Et pour les autres films, comment avez-vous fait pour les réaliser et mettre sur le marché ?
Eric Sabé : C’est avec mon salaire. Je travaille quelque part, quand je prends mon salaire, je réfléchis je tente de faire quelque chose. Quand tu veux que quelqu’un te vienne en aide, il faut que tu sois capable de faire quelque chose. Je prends mon salaire, je loue les caméras, je réalise mes films chez moi à la maison, parce que j’ai un studio chez moi, je loue les groupes électrogènes au moment du tournage ; tout cela, je le fais avec mon propre argent.
RJDH : Eric Sabé : Est-ce que vous avez l’idée un jour de vous unir, comme on le dit « l’union fait la force », entre vous les cinéastes, pour travailler en synergie et porter haut le flambeau du cinéma centrafricain ?
RJDH : Franchement monsieur le journaliste, c’est une bonne idée que vous venez de me proposer. Il faut que nous soyons unis pour réaliser quelque chose de consistant. Je viens d’arriver sur le marché, Goby, oui, j’ai vu les films qu’il a réalisés ; Lassa, j’ai vu les films qu’il a réalisés avec Ozagain, j’ai vu ma sœur Sylviane qui a réalisé Sofia la Banguissoise et son dernier film « Je reviens de Paris ». Si vraiment tous les réalisateurs se mettent ensemble pour faire quelque chose, je crois qu’on pourrait avancer.
RJDH : Avez-vous tenté une expérience à l’international dans les festivals du film panafricain et autres rencontres ?
Eric Sabé : Quand j’ai sorti Dans la peau d’une femme, je l’ai publié sur ma page Youtube, un mois après, je suis parti vérifier, ce post a reçu 14.000 vus. Deux jours après, les gens de TV5 m’ont demandé de le traduire en Français si je veux que le film soit diffusé sur leur chaine. Ce que nous avons fait, ils m’ont donné 2 million cinq cent mille. Le film est diffusé tous les vendredis sur Tv5.
RJDH : Avez-vous des projections d’avenir ?
Eric Sabé : Les projections d’avenir, j’en ai plein. J’ai écrit quatre à cinq films en épisode. Nous sommes en train de nous battre pour trouver des financements pour les réaliser.
RJDH : Quels sont vos thèmes favoris ?
Eric Sabé : Nous sommes en train de conscientiser les centrafricains. Si vous prenez Ndji Ti Bouba, Dans la peau d’une femme ou Wali mbana. Si vous prenez ces films, vous allez voir que certaines choses qui se passent dans la vie, dans la société centrafricaine, nous les prenons pour conscientiser les centrafricains.
RJDH : Eric Sabé, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Eric Sabé : c’est moi !