Au moins 45 personnes ont été tuées dans des violences entre groupes armés en Centrafrique depuis début juillet et 7.000 se sont réfugiées au Cameroun, a appris l'AFP mardi de sources concordantes.
Des violences qui, selon une déclaration lundi d'un responsable de l'ONU, sont "des signes avant-coureurs de génocide".
Un décompte de l'agence humanitaire des Nations unies (Ocha) mardi fait état de "24 décès" à Batangafo (nord-ouest) et "une dizaine" dans un village à sept kilomètres d'Alindao (sud) après des affrontements entre groupes armés survenus fin juillet et début août.
D'autres combats à Ngaoundaye, à la frontière avec le Cameroun et le Tchad, ont par ailleurs fait au moins une dizaine de morts et forcé près de 7.000 personnes à fuir, entre le 7 et le 10 juillet, a appris l'AFP mardi de sources concordantes.
"Nous avons recensé 6.885 personnes (venus de Centrafrique) à Mbaiboum (au Cameroun) arrivés depuis la semaine du 10 juillet. Parmi eux, beaucoup sont en mauvaise santé et beaucoup d’enfants malnutris", a déclaré mardi à l'AFP Alexandre Sarr, chef de mission du Haut commissariat au réfugiés de l'ONU (UNHCR), à Meïganga, au Cameroun.
Plus de 450.000 personnes sur les 4,5 millions de Centrafricains ont déjà fui vers l'étranger, au Tchad, au Cameroun, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Congo, principalement.
Les combats entre groupes armés centrafricains opposent principalement anti-Balaka pro-chrétiens et factions de l'ex-Séléka affirmant défendre la minorité musulmane qui, après s'être opposés dès 2013, s'affrontent aujourd'hui localement pour le contrôle des ressources et de zones d'influence.
"Il y a eu des accrochages entre mes hommes et les anti-balaka. Ils sont venus (nous) attaquer. De mon côté le bilan, c’est deux morts et trois blessés. Mais de l’autre côté, il y a eu 11 morts, et d’autres qui ont été évacués par leurs hommes sur le terrain", a affirmé à l'AFP le "général" Mahamat Bahar, chef local de la faction ex-Séléka MPC, du chef de guerre Mahamat Al Khatim.
"Au moins 10 personnes ont été tuées" dans les combats à Ngaoundaye, confirme Bernard Dilla, député de la région de l'Ouham-Pendé (nord-ouest), tout comme plusieurs habitants joints au téléphone par l'AFP depuis Bangui.
La Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) explique "disposer d'une patrouille" à Ngaoundaye et "accompagner la situation", sans donner plus de précisions ni de bilan.
"Les exactions sont commises au jour le jour, et devant les soldats onusiens du contingent bangladais qui ne réagissent même pas", explique quant à lui Michel Gnyélé, un habitant de Ngaoundaye joint par un correspondant de l'AFP.
"Les signes avant-coureurs de génocide sont là", a déclaré lundi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Stephen O'Brien, à New York, rendant compte à l'ONU de récents voyages en Centrafrique et en République démocratique du Congo.
La Centrafrique peine à sortir du conflit entamé avec le renversement en 2013 du président Bozizé par l'ex-Séléka, entraînant une contre-offensive des anti-Balaka. L'intervention militaire de la France (opération Sangaris, 2013-2016) et le déploiement de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, 12.500 hommes) ont considérablement réduit les violences, qui ont progressivement repris après le départ de Sangaris.