BANGUI —- Le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra et le président de l’Assemblée Nationale Karim Meckassoua ont eu un tête à tête le mardi dernier au palais de la renaissance. Les deux personnalités ont abordé, selon nos sources, toutes les questions essentielles sauf celle qui a refroidi leurs relations ces dernières semaines.
Les deux personnalités, selon le site officiel de la présidence, ont fait le tour des questions liées à l’insécurité et au périple que vient de boucler le président de l’Assemblée Nationale. Au sortir de l’audience, Karim Meckassoua a confirmé avoir fait le point de son déplacement au président de la République avec qui il a aussi abordé les questions liées à la situation actuelle du pays.
Aucune allusion, selon des informations dignes de foi, n’a été faite à l’accusation de coup d’Etat faite par des proches de Touadera contre le président de l’Assemblée Nationale. Dans les couloirs du palais, on tente de minimiser la portée de ce dossier qui, selon un proche de Touadéra, « n’a pas de valeur pour être inscrite à l’ordre du jour d’une telle audience. C’est pour cela que la question n’a pas été abordée parce que cela ne vaut pas la peine ».
Karim Meckassoua, président de l’Assemblée Nationale est accusé de tentative de déstabilisation du pouvoir depuis le 04 juillet date à laquelle cinq sujets musulmans ont été interpellés par les éléments de la sécurité présidentielle au pk26, sortie nord de Bangui. Dans un document produit par la SRI à l’issue de l’enquête, il est précisé que ces hommes ont été « recrutés depuis le Tchad voisin, moyennant une somme de 500.000 Fcfa chacun (…) sur demande d’une haute autorité centrafricaine nommée Karim Meckassoua avec consigne de descendre à Bangui pour une mission sécrète », lit-on dans le document dont le RJDH a eu copie.
La coordination de soutien à la candidature de Faustin Archange Touadéra, une structure proche du président de la République depuis l’élection de mars 2016, avait exigé la démission du président de l’Assemblée Nationale. Une marche contre le chef du parlement centrafricain a été évitée de justesse le 04 aout dernier date du retour à Bangui de Karim Meckassoua.
Cette question était attendue lors de la rencontre d’hier entre les deux personnalités sauf qu’elles ont choisi de l’éviter. Dans de pareilles situations, il faut une déclaration commune des deux autorités pour mettre un terme à ce que le porte-parole du gouvernement qualifie de rumeur. Faustin Archange Touadéra et Karim Meckassoua ont laissé passer volontairement une occasion de tordre le coup à ceux qui manipulent l’opinion pour installer une crise institutionnelle qui serait dramatique pour le pays qui n’arrive toujours pas malgré le retour à l’ordre constitutionnel, à mettre fin aux violences. En agissant ainsi, les deux leaders donnent l’occasion à ceux qui les entourent et qui tirent profit de la tension supposée ou non entre eux, de continuer à entretenir les rumeurs sur la question.
La tension entre le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée Nationale a débouché le mois dernier sur la démission de la Directrice Générale de la télévision nationale, supposée très proche de Méckassoua. D’autres dégâts pourraient être enregistrés si les deux personnalités ne mettent pas fin officiellement par une déclaration commune à cette situation.