D’une enveloppe estimée à 7000 milliards de francs Cfa en 2014, les dépenses effectuées par les six Etats de la Cemac, que sont le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Tchad et la République centrafricaine, culminent à près de 3000 milliards de francs Cfa en 2017, révèle la Beac, institut d’émission des Etats-membres de cet espace communautaire.
Cette réduction drastique des dépenses publiques dans la zone Cemac (à hauteur de 4000 milliards de francs Cfa au total), analyse la Banque centrale, est la conséquence des mesures d’ajustements budgétaires implémentées au sein des Etats, ou alors édictées par la Beac, depuis le déclenchement de la baisse des cours mondiaux des matières premières (notamment le pétrole dont cinq pays sur six sont producteurs) ; laquelle conjoncture prive les Etats de la Cemac d’importantes recettes budgétaires.
A titre d’exemple, la Beac a décidé, au cours de son Comité de politique monétaire du 22 mai 2017, de réduire de 20% les objectifs de refinancement du Tchad et de la Guinée Equatoriale ; et de 10% pour les autres Etats, sous réserve de certaines évolutions sur leurs avoirs en compte des opérations. Cette mesure d’austérité, avait-on appris, a pour objectif d’éviter d’injecter davantage de liquidités dans le circuit économique des Etats, dans l’optique de ne pas continuer à creuser les réserves de change déjà en forte baisse depuis 2015.
«Généralement, lorsque vous avez des politiques d’assouplissement permettant d’injecter de la liquidité dans l’économie, ce qui se passe le plus souvent c’est que cet argent part à l’étranger, soit parce qu’on investit (les plus gros contrats sont généralement gagnés par des entreprises étrangères, Ndlr), soit parce qu’on importe beaucoup», explique Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac.
Au plan intérieur, par divers mécanismes d’ajustements budgétaires, les Etats de la Cemac ont considérablement réduit leurs dépenses.
Au Gabon, par exemple, les dépenses d’investissement prévues dans le budget 2017 de l’Etat affichent une baisse de 170,6 milliards de francs Cfa, par rapport à l’année 2016. Au Congo, les charges prévisionnelles de l’Etat culminent à 2107 milliards de francs Cfa en 2017, bien en dessous des 2 608 milliards de francs Cfa de l’année 2016 (-500 milliards FCfa). Au Cameroun, pays présenté comme la locomotive de la Cemac, le gouvernement a annoncé, au cours d’une conférence de presse, en juillet dernier, avoir mis en place des réformes qui aboutiront, en fin d’exercice, à «une réduction de 100 milliards de francs Cfa sur les dépenses de fonctionnement» prévues dans le budget 2017.
L’étau s’est particulièrement resserré, apprend-on, autour des achats de véhicules administratifs, des frais de carburant et des frais de mission des fonctionnaires et autres agents de l’État.
Brice R. Mbodiam