Au moins six personnes ont été tuées depuis jeudi à Batangafo, dans le nord-ouest de la Centrafrique, où plus de 28.000 personnes sont privées d'aide, selon plusieurs sources humanitaires.
"La ville de Batangafo a connu une nouvelle éruption de violences le jeudi 7 septembre, suite au meurtre d’un journalier travaillant pour une organisation humanitaire", écrit l'ONG Médecins sans frontière (MSF) dans un communiqué reçu lundi soir.
Cinq autres personnes seraient mortes dans ces nouvelles violences, selon une source humanitaire s'exprimant sous couvert d'anonymat.
D'autre part, MSF a indiqué que "des civils venant chercher refuge à l'hôpital se sont fait tirer dessus". L'ONG condamne "ces attaques à l'encontre des populations civiles et des travailleurs humanitaires".
A Batangafo, plus de 28.000 personnes sont désormais privées d'aide humanitaire suite au retrait des ONG présentes sur place, s'est inquièté lundi soir le Comité de Coordination des ONG internationales en Centrafrique (CCO) dans un communiqué. Seule MSF affirme assurer encore "les urgences vitales".
"L'assistance de base - eau, hygiène, assainissement c'est fini (...) les gens n'ont plus rien", avait confié samedi à l'AFP un humanitaire sous couvert d'anonymat.
Le CCO, qui regroupe 52 ONG, dénonce "l'extrême violence de cette énième attaque, notamment l'utilisation de lance-roquettes et d'autres armes automatiques à l'intérieur d'une base humanitaire".
"Ce retrait démontre, encore une fois, un rétrécissement de l'accès humanitaire dans tout le pays", ajoute le communiqué.
Batangafo est en proie à un regain de violences depuis fin juillet, lorsque de violents combats entre des hommes non identifiés ont fait 24 morts et provoqué la fuite d'habitants de la région.
La Centrafrique peine à sortir du conflit qui a commencé en 2013 avec le renversement du président François Bozizé par l'ex rébellion de la Séléka, entraînant une contre-offensive des milices anti-balaka, et ce, malgré l'intervention de la France (2013-2016) et la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, quelque 12.500 hommes).
Le nombre de personnes déplacées dans le pays est passé de 400.000 en janvier à plus de 600.000 en août, souligne le CCO. Selon l'ONU, la moitié des 4,5 millions de Centrafricains dépend de l'aide humanitaire.