Buenos aires – pour l’homme de la rue en Centrafrique, la MINUSCA, ne sert à rien, et est même vue de plus en plus comme une force d’occupation inutile. Des manifestations hostiles à son encontre ont lieu régulièrement dans le pays, mais jamais couvert par la presse occidentale. Qu’en est-il vraiment ?
MANDAT DE LA MISSION : TEXTE DE L’ONU
“Le Conseil de sécurité a créé la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) par sa résolution 2149 ( 2104 ) du 10 avril 2014 et a prié le Secrétaire général d’intégrer le BINUCA dans la nouvelle mission à la date de l’adoption de cette résolution. Elle a en outre prié le Secrétaire général d’assurer le passage sans heurt du BINUCA à la MINUSCA.
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité a autorisé la MINUSCA à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses zones de déploiement.
Il a en outre décidé que le transfert de responsabilité de la MISCA à la MINUSCA s’effectuerait le 15 septembre 2014 et que, de la période d’adoption de la présente résolution à ce transfert de responsabilités, la MINUSCA exécuterait les tâches prescrites au moyen de sa composante civile, et que, dès le 15 septembre 2014, la MINUSCA commencerait à exécuter son mandat au moyen de ses composantes militaire et de police.”
MAIS…
A brûle pourpoint, dépenser près de 900 millions de $ par an, pour une mission qui comme disent les moqueurs, “court d’un feu à un autre” n’est pas raisonnable. C’est du gaspillage de deniers publics.
Cependant, pour comprendre, quelle est la philosophie des casques bleus ?
Toute mission onusienne dans un pays obéit à un principe cardinal, à savoir NE PAS COMBATTRE, MAIS FAIRE DE L’INTERPOSITION ENTRE LES FORCES EN LUTTE ET PROTÉGER LES CIVILS; EN PLUS D’AIDER LE PAYS A SE RESTRUCTURER. LE PAYS SOUS SA COUPE EST NÉCESSAIREMENT ET OBLIGATOIREMENT PLACÉ SOUS TUTELLE POUR CAUSE DE FAILLITE AGGRAVÉE.
Et ceci d’entrée constitue sa faiblesse, surtout quand envoyée dans des pays en proie à des guerres civiles complexes aux motivations floues comme en RCA, et à des guerres dites asymétriques. L’ennemi, même si identifié, est fuyant, et les zones de conflit mutantes.
Le cas centrafricain est symptomatique de l’incapacité de l’ONU à juguler un tel conflit aux causalités multiples, fruit de plus de 50 ans d’infantilisme d’un pays qui n’existe pas.
Car n’agir qu’en force d’interposition ne résout rien, mais ne fait que repousser le conflit sur un autre théâtre de combat. On recule pour pire sauter.
Bien évidemment, les casques ne sont pas que cela. Ils agissent également en tant de force politique, administrative et humanitaire. Car corollairement à l’action militaire, ils sont là dans le but d’aider un pays failli à se relever, et à tous le niveaux…Ceci est la théorie.
LA MINUSCA CONCRETEMENT
Pour les critiques, c’est une machinerie administrative lourde, autiste, enfermée sur elle-même, et ne rendant pas de compte aux autorités locales. Jean Serge Bokassa, le ministre de l’intérieur centrafricain s’en était plaint publiquement : “Ils font ce qu’ils veulent, ils ne nous disent rien. Mes actions de sécurité ils les bloquent.” Ajouté à cela, des rapports exécrables entre le président centrafricain Faustin Touadera et le chef de la mission, le gabonais Parfait Onanga-Anyanga. Les deux individus se méprisant mutuellement.
En sus, la capacité perfide de la MINUSCA a étouffer tout ce qui la dérange. Avec une communication bloquée, menée à la mode soviétique. Tout contradicteur étant méprisé, voire vilipendé.
Autre faiblesse, sur le terrain, la force militaire de la MINUSCA est composite, avec en principe un commandement unique. Ce qui n’est qu’une vue de l’esprit. Chaque contingent n’obéissant prioritairement qu’à son état major d’origine. Et enfin, la MINUSCA n’a aucune prise sur leurs dérives éventuelles.
Pour les soutiens, sans la MINUSCA, la RCA en totale dérégulation, et total vide politique, verrait le nombre de ses morts exploser.
Elle soutient et appuie l’administration qui serait inexistante sans elle. Construit et réhabilite des bâtiments administratifs, des routes, sécurise des convois commerciaux, protège les ONGs dans leurs missions, assure la sécurité des notables locaux, prodigue des soins médicaux, fait de la sensibilisation à tous les niveaux, finance des projets de développement, instruit et forme les forces de sécurité du pays. Tout ce dont le pouvoir en place est dans l’incapacité de faire, voire de maintenir.
LES FAILLES
A force de ne jamais dire les choses vraiment, la communication de la MINUSCA est devenue inaudible.
Son show hebdomadaire à Bangui ne distrait plus que ceux faisant semblant d’y croire.
Car, difficile de cacher plus longtemps les multiples cas de de viols et d’abus sexuels de ses soldats sur des pauvres personnes qu’ils sont censés protéger. Sa réputation et sa crédibilité à ce niveau là sont ternies à jamais.
D’enquêtes internes sur de tels types d”affaires, il en n’eut jamais. Cas patent, l’année dernière à Boda dans la Lobaye, une jeune femme fut violée en réunion par des casques bleus. LNC alertait Diane CORNER la numéro 2 de la mission à l’époque sur l’affaire. Elle avait promis une enquête dessus. Cette enquête, on l’attend toujours.
Lors de la manifestation “BANGUI VILLE MORTE”, les gardes du corps de Parfait Onanga-Anyanga ont tué au moins six civils. Mr Onanga-Anyanga à la suite, dans une déclaration, promettait une prompte enquête sur l’affaire. On l’attend toujours.
Autre sujet d’inquiétude, alors que la Presse occidentale ne se fie qu’à ses communiqués officiels et jamais à la Presse locale, son chef militaire le Général Balla Keita d’avouer publiquement que la MINUSCA ne comptait pas les morts, mais se fiait aux chiffres des ONGs. Ainsi, lors d’un conflit en province, la Minusca annonçait 25 morts, LNC de la contredire pour déclarer 150 morts. Personne ne nous cru, jusqu’à la confirmation de la Croix Rouge.
La gestion problématique des bandes armées.
Courant Août 2016, la fuite de Bangui du chef rebelle Abdoulaye Hissene et de ses acolytes, dont Aroun Gaye et Tidjani fut favorisée par la MINUSCA au niveau de Sibut. C’est un secret de polichinelle.
Comment comprendre l’exfiltration du chef de l’UPC Ali DARASSA de Bambari vers une destination inconnue, et sous la supervision personnelle de Balla KEITA, le chef militaire de la MINUSCA ?
Depuis, DARASSA a remis le feu dans le pays, en causant la perte de vie de plusieurs centaines de civils. Et pourtant, dès le 23 août 2015, le Chargé d’Affaires des États-Unis en Centrafrique, David Brown avait demandé son arrestation immédiate, pour cause de troubles à Bambari, mais le chef de la Minusca, Parfait Onanga-Anyanga s’y était opposé; Ali Darassa contrôlant légalement la zone, “Ces responsabilités lui sont toujours reconnues par les autorités actuelles de facto puisque la précédente n’a pas été levée”. Écrivions-nous à l’époque.
Et que dire de la passivité, voire complicité de ses casques bleus sur des scènes de crimes perpétrés par des bandes armées, maintes fois constatée et dénoncée par même des autorités locales ? Dernier cas en date, au village de MBAKA, situé à quelques 30 km Est de la ville de BOUAR, et où le contingent Bangladais assistait passivement aux meurtres de civils par des ‘3R”.
ET JUSQU’À QUAND DURERA CE MANÈGE MACABRE ?
La mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco), est présente dans ce pays depuis bientôt 18 ans, et pour un bilan que l’on qualifierait de très mitigé.
Rendez-vous pour la RCA dans 18 ans pour de nouveau refaire le point ? Mais avec combien de milliers de morts à la clé que la MINUSCA ne saura toujours pas compter ?