BOEING — Une nouvelle maternité a été lancée ce 16 septembre 2017 à Boeing, dans la commune de Bimbo 3, voisine du Km 5 qui accueille les retournés de la crise qui a frappé la capitale centrafricaine. La maternité « Wali Ti Emma », se veut un centre de proximité sous l’initiative des femmes réunies au sein de l’association Femmes et Développement Social de Dameca (AFDSD). Mme Namgbei-Moinam Nicole Géneviève, responsable de cette Maternité s’est confiée ce 21 septembre au RJDH.
RJDH : Mme Nicole Géneviève Namgbei-Moinam Bonjour. Vous venez de lancer une maternité à Boeing, au cœur d’un quartier des retournés. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette maternité ?
NGNM : Bonjour monsieur le journaliste. Cette maternité est créée pour lutter contre les mortalités maternelles et infantiles et les avortements. Aussi, vue la distance de ce secteur aux centres de références, il était difficile pour les femmes enceintes de faire ce long parcours. C’est pourquoi, sur initiative des femmes réunies dans l’association Femmes et Développement Social de Dameca (AFDSD), la maternité « Wali Ti Emma » a été lancée.
Ce centre a commencé ses premiers pas en 2006 et en 2013, nous avions reçu l’appui du PNUD pour la réhabilitation des locaux et la dotation en matériels. Les crises dans le secteur ont conduit aux pillages de nos locaux voire l’incendie de la maison en 2014. Et là, c’est grâce à l’appui des Médecins Sans Frontières (MSF) Belgique que le centre est à nouveau réhabilité. MSF a participé à la réhabilitation de la structure et à la formation du personnel. Mais dès l’ouverture, la maternité est entièrement gérée par l’AFDSD. Le Centre est opérationnel depuis le 16 septembre. Les patients viennent maintenant.
RJDH : Depuis le lancement combien des femmes sont venues accoucher ici ?
NGNM : Depuis le 16 septembre 2017, nous avons reçu déjà 7 accouchements et une femme est en attente actuellement. Tout se passe bien.
RJDH : Quels sont les services qui sont disponibles ici ?
NGNM : Nous avons plusieurs services, notamment la consultation prénatale, la consultation postnatale, l’accouchement, le planning familial et la vaccination. Il y’a aussi les consultations pour les adultes et les enfants, la laboratoire et la petite chirurgie.
RJDH : Vous recevez aussi les enfants souffrant du paludisme. Comment faites-vous ?
NGNM : Nous recevons les enfants souffrant du paludisme ici, juste parce que la pédiatrie est très éloignée. La plus part des familles qui sont là sont des déplacées retournées qui sont dépourvues des moyens. Il y’a des enfants qui ont une température de 39°C qu’on reçoit en urgence ici. Là, nous faisons tout pour stabiliser l’enfant et nous faisons les premiers soins avant de le référer. L’enfant peut passer une heure et si son état ne permet plus l’évacuation, il est traité sur place.
RJDH : Justement comment faites-vous pour référer les malades si vous n’avez pas d’ambulance ?
NGNM : Ah ! C’est avec un pincement de cœur que je réponds à cette question. Les gens parlent de l’émancipation de la femme, encouragent les femmes à devenir les actrices du développement. Voilà un pas que nous avons fait. Nous n’avons pas un moyen de transport pour évacuer les cas d’urgence.
RJDH : Et que dites-vous au gouvernement et ses partenaires ?
NGNM : Nous voulons lancer un appel au gouvernement à travers les ministères de la santé, des affaires sociales, un appel aux ONG humanitaires de nous venir en appui. Nous avons besoins d’un moyen de transport pour référer les malades, des kits de dignité pour les femmes qui accouchent, des kits contre le paludisme, la malnutrition et autres. Nous n’avons pas encore les moyens de réanimation pour les enfants alors que nous avons une salle de stérilisation mais nous n’avons pas les produits nécessaires.
RJDH : Vous aviez parlé ci-haut de l’association Femmes et Développement social de Dameca (AFDSD). Quel est son rôle dans cette maternité ?
NGNM : Comme je l’ai dit, le rôle de cette association est de lutter contre les mortalités maternelles et infantiles. Donc, la maternité est le résultat très visible de cette association. Dans la maternité, il y’a des agents qui sont les membres de l’association et d’autres non. Pendant la crise, tous les membres de l’association s’étaient retirés mais avec l’accalmie dans la capitale, nous sommes revenues pour travailler pour la population.
RJDH : Mme Nicole Géneviève Namgbei-Moinam je vous remercie.
NGNM : Merci de venir vers nous.