Une réunion du Panel des Facilitateurs de l’Initiative Africaine pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine (RCA) s’est tenue à Bangui du 11 au 12 septembre 2017, au siège de la Mission de l’Union africaine pour la Centrafrique et l’Afrique Centrale (MISAC). Dans une interview accordée au RJDH, le Coordonnateur du Panel des Facilitateurs, le Professeur Mohamed El Hacen Lebatt, Conseiller stratégique Principal du Président de la Commission de l’Union africaine (UA), a exprimé la ferme volonté du Panel d’œuvrer pour la paix durable en RCA.
Professeur Mohamed Hacen El Lebatt bonjour !
MHEL : bonjour monsieur le Journaliste !
Vous êtes le Conseiller stratégique Principal du Président de la Commission de l’Union africaine (UA) et le Coordonnateur du Panel des Facilitateurs. Du 11 au 12 septembre une première réunion du Panel des facilitateurs s’est tenue au siège de l’UA à Bangui. Quelles sont les principales recommandations pour la mise en œuvre de la feuille de route de l’Union Africaine ?
MHEL : Nos nouvelles orientations sont dégagées dans le chronogramme que nous avons adopté. Il y a une série d’actions. Nous allons travailler d’arrache-pied à réunir les conditions techniques, logistiques, financières de ressources humaines, de communication, de cartes complètes de tous les groupes qui portent les armes aujourd’hui sur l’ensemble du territoire. Lorsque cette opération technique très complexe aura terminé, nous allons entreprendre une vaste opération de contact sur le terrain non seulement avec un représentant d’acteurs des groupes armés sur le terrain mais aussi leurs commandements globaux sur le terrain, pour que les discussions englobent le maximum d’acteurs et pour que nous puissions échanger avec le maximum d’acteurs et les écouter, dans une logique d’inclusivité totale sans exclure qui que ce soit de toutes les fragmentations de l’ex Séléka et d’Anti-Balaka et autres groupes. Par ce qu’on nous parle des autres groupes qui se sont créés et nous voulons parler avec tout le monde, encourager tout le monde à se retrouver avec les représentants du gouvernement sous l’œil de l’Initiative Africaine et de ses accompagnateurs, dont la communauté internationale, pour qu’enfin tous ensemble on se donne la main, on se met d’accord sur un Accord qui rétablit la paix définitive sur lequel tous sont d’accord.
Quelle est l’approche de la feuille de route de l’Union Africaine par rapport à la question de l’amnistie sur laquelle elle n’a pas encore une position vraiment claire ?
MHEL : Il n’appartient pas à l’Union Africaine ni la CEEAC, ni aux composantes de l’Initiative Africaine de décider sur quoi que soit à la place des Centrafricains eux-mêmes. Ceci, c’est de nous mettre sur épaule ce qui doit être exclusivement sur vos épaules. Si vous voulez poursuivre la guerre et les tueries, ce sera votre responsabilité. Si vous voulez faire la paix entre vous et instaurer un climat propice à l’évolution favorable sur le plan démocratique, économique et social de votre pays c’est votre responsabilité. Notre apport c’est quoi : La feuille route, c’est pour faciliter les rencontres et les discussions entre tous les Centrafricains sans exception. C’est de vous offrir les cadres de vos discussions, échanges, négociations, revendications, demandes et compromis éventuels. Il ne nous appartient pas, sur une quelque question de Justice, de démocratie, d’associations, d’application de loi pénale et d’impunité de vous proposer quoi que soit. Nous ne vous proposons rien…… nous vous créons un cadre plus propice pour la solution de vos problèmes. Je ne peux pas être plus claire…
Après cet appel lancé vers les Centrafricains, est-ce que vous voyez un aboutissement à cela ?
MHEL : Je voudrais dire que, nous ne sommes pas là pour plaisanter ni remplir la galerie. Nous ne sommes pas là pour chercher un accord de plus. Nous sommes là pour faire aboutir cette initiative et nous sommes déterminés à le faire. Nous sommes rassurés aujourd’hui de l’unanimité qui se crée autour de la feuille de route de l’Union Africaine, après avoir suscité à des moments donnés des questionnements, des doutes… Nous venons de sortir d’une audience extrêmement instructive et extrêmement positive avec le Président de la République, et nous avons discuté avec le Président de l’Assemblée Nationale; nous allons discuter avec tous les partenaires, mais nous allons surtout discuter en tant qu’africains avec les Centrafricains et avec ceux qui sont responsables de violences aujourd’hui en Centrafrique.
Quel est le cadre de collaboration avec l’institution de l’UNDAF
MHEL : Notre principe est de collaborer avec tous ceux qui peuvent nous aider sans aucune exclusivité. Je tiens à préciser que les membres de panel, réunis ici à cette rencontre, n’ont aucune intention de faire de la paix en Centrafrique un fonds de commerce pour eux, ni de monopoliser l’œuvre pour la paix. Tous ceux qui peuvent nous aider, nous allons nous adresser à eux, qu’ils soient des Centrafricains ou des étrangers.
Quelle est votre appréciation par rapport au respect des droits de l’Homme en Centrafrique ?
MHEL : Je trouve intolérable, insupportable la poursuite de la scène à laquelle nous assistons aujourd’hui. Que des centrafricains continuent d’assassiner, de tuer, d’égorger des Centrafricains. Je trouve qu’il est inacceptable qu’on continue de tolérer cela et tolérer l’image que cela renvoie de ce pays qui a un peuple merveilleux. Tous les Centrafricains devraient se soulever en un seul homme pour dire : y en marre !
Donc, dans ce cadre, le respect des Droits de l’Homme et de l’être humain et de sa dignité, de son intégrité et sa santé sont quelque chose de primordial.
Monsieur le Professeur Mohamed El Hacen Lebatt je vous remercie !